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Pédophilie: le pape parle de "crimes innommables"

Lors de la messe de Westminster, le pape a affirmé que les prêtres pédophiles avaient amené "honte et humiliation" sur l'Eglise catholique.
Lors de la messe de Westminster, le pape a affirmé que les prêtres pédophiles avaient amené "honte et humiliation" sur l'Eglise catholique.
Le pape a évoqué samedi à Londres "l'immense souffrance" provoquée par les "crimes innommables" de prêtres pédophiles, lors de sa visite au Royaume-Uni marquée par une manifestation de plusieurs milliers d'opposants. En fin d’après-midi, 80'000 personnes étaient attendues pour une veillée de prière à Hyde Park.

"De nouveau, je pense à l'immense souffrance provoquée par les abus commis sur les enfants, spécialement au sein de l'Église et par ses ministres", a déclaré Benoît XVI lors d'une messe en la cathédrale catholique de Westminster, principale église des 10% de Britanniques catholiques.

"J'exprime avant tout ma profonde affliction aux victimes innocentes de ces crimes innommables, espérant que la puissance de la grâce du Christ et son sacrifice de réconciliation leur apporteront une profonde guérison et la paix", a-t-il ajouté, visiblement éprouvé au troisième jour d'une visite d'Etat au programme particulièrement chargé pour un homme de 83 ans.

Selon les vaticanistes accompagnant le pape durant cette visite d'Etat, Benoît XVI devrait rencontrer à Londres dans la journée de samedi une dizaine de victimes britanniques (lire encadré). Il a effectué la même démarche lors de précédentes visites à Malte, aux Etats-Unis et en Australie.

Veillée de prières à Hyde Park

Le pape a rencontré le Premier ministre David Cameron avant de célébrer la messe. [REUTERS - � POOL New / Reuters]
Le pape a rencontré le Premier ministre David Cameron avant de célébrer la messe. [REUTERS - � POOL New / Reuters]

Après une matinée consacrée à des rencontres politiques, notamment avec le Premier ministre David Cameron, puis la messe en l'église de Westminster, le pape devait se rendre dans l'après-midi dans une maison de retraite (lire ci-contre).

Mais le clou de la journée sera la veillée de prières à Hyde Park, l'immense parc du centre de la capitale, dans le centre de Londres, où sont attendues 80'000 personnes environ. Il en coûtera 6 euros pour assister à l'événement, une "contribution financière" voulue par l'Eglise catholique locale afin de tenter d'apaiser les critiques sur le coût du déplacement (plus de 25 millions d'euros).

Dimanche, le pape s'envolera pour Birmingham, dans le centre de l'Angleterre, pour une messe en plein air consacrée à la béatification du cardinal John Henry Newman, un anglican converti au catholicisme au XIXe siècle.

Les anti-papes se rassemblent

Deux à trois mille personnes selon la police, "jusqu'à dix mille" selon les organisateurs, étaient rassemblées vers 13h30 GMT à proximité de Hyde Park. Les manifestants doivent défiler jusqu'à Downing Street où se trouve la résidence du Premier ministre britannique.

Ils répondent à l'appel d'une coalition hétéroclite de défenseurs des droits des homosexuels, de l'ordination des femmes, de laïques protestant contre le coût du déplacement papal.

"C'est scandaleux, l'argent qu'on dépense pour ça", tempêtait Adele MacDonald-Hewson, 62 ans. "L'opposition du pape aux préservatifs tue", "Chef de la plus grande bande d'abuseurs d'enfants", pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants, qui étaient nombreux à avoir recouvert de fausses mitres.

Plusieurs milliers d'opposants au pape ont défilé dans les rues de Londres. [REUTERS - � Kevin Coombs / Reuters]
Plusieurs milliers d'opposants au pape ont défilé dans les rues de Londres. [REUTERS - � Kevin Coombs / Reuters]

Barbara Dorris, une Américaine, est quant à elle venue dénoncer les sévices sexuels commis par des membres du clergé, brandissant une photo d'elle, en communiante à sept ans, âge où elle a été maltraitée par un prêtre. "Le pape n'arrête pas de demander pardon mais il n'agit pas", a-t-elle déclaré à l'AFP, en référence à la déclaration faite sur le sujet par le souverain pontife dans la matinée.

afp/os

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Le pape rencontre des victimes

Samedi à la Nonciature apostolique de Londres, équivalent de l'ambassade du Vatican, "le Saint-Père a rencontré un groupe de personnes qui ont été victimes de sévices sexuels par des membres du clergé", a indiqué le Vatican dans un communiqué..

Benoît XVI a été "ému par ce que (les victimes) avaient à dire et a exprimé sa profonde affliction et sa honte face aux souffrances qu'ont subies les victimes et leurs familles", ajoute le texte.

"Il a prié avec elles et leur a assuré que l'Eglise catholique continuait à mettre en oeuvre des mesures efficaces afin de protéger les jeunes, et qu'elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour enquêter sur les accusations, pour collaborer avec les autorités civiles et pour traduire en justice les membres du clergé et les religieux accusés de ces crimes extrêmes", poursuit le Vatican.

"Comme il l'a fait en d'autres occasions, il a prié pour que toutes les victimes de mauvais traitements puissent connaître la guérison et la réconciliation, et qu'elles soient capables de surmonter le passé et de considérer le désarroi avec sérénité et espoir pour l'avenir", selon le Vatican. Le Vatican ne précise pas le nombre de victimes rencontrées. Selon la BBC, elles étaient au nombre de cinq.

La publication en novembre 2009 d'un rapport révélant des centaines de sévices sexuels sur des enfants commis par des prêtres en Irlande, et couverts par la hiérarchie, a entraîné la plus grave crise de l'Eglise ces dernières années. Des scandales similaires ont surgi, notamment en Allemagne et tout récemment en Belgique à des centaines de nouveaux cas ont été révélés.

Condamnation de l'avortement et de l'euthanasie

Le pape Benoît XVI a demandé samedi de "respecter la vie quels que soient l'âge ou les circonstances", "de la conception jusqu'à la mort naturelle", lors d'un discours dans une maison de repos pour personnes âgées à Londres.

"La vie est un don unique, à chaque stade, de la conception jusqu'à la mort naturelle, et c'est Dieu seul qui donne et qui reprend", a-t-il dit à la résidence Saint-Pierre, située dans le quartier de Lambeth et gérée par les Petites Soeurs des Pauvres, l'ordre créé en 1839 par la sainte bretonne Jeanne Jugan.

Benoît XVI condamne régulièrement l'avortement et l'euthanasie, mais ses propos ont une résonance particulière au Royaume-Uni, où les critiques du pape en février contre un projet de "loi sur la fin de vie" visant à légaliser le suicide assisté au parlement écossais avaient provoqué une controverse.