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Les objectifs du millénaire ne seront pas atteints

Barack Obama.
Barack Obama refuse de croire que certains pays sont condamnés à une pauvreté perpétuelle.
A la clôture du sommet de l'ONU à New York mercredi, le président américain a demandé au monde de "faire mieux" pour atteindre les objectifs de lutte contre la pauvreté en 2015. Des milliards de dollars ont été promis lors de cette réunion, mais l'impact réel de ces promesses suscite un certain pessimisme.

"Enterrons le vieux mythe selon lequel l'aide au développement ne serait qu'une opération de charité qui ne sert pas nos intérêts. Et rejetons le cynisme selon lequel certains pays sont condamnés à une pauvreté perpétuelle", a lancé Barack Obama à New York au dernier jour du sommet sur les objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

Mais il a estimé que "si la communauté internationale continue à faire la même chose de la même façon, nous n'atteindrons pas ces objectifs. C'est la vérité. Avec dix ans déjà écoulés et seulement cinq avant l'expiration du délai, nous devons faire mieux", a-t-il dit.

Progrès trop lents dénoncés

Le président américain a tout de même souligné quelques progrès réalisés, notamment dans l'éducation et dans la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. "Pourtant, nous devons faire face au fait que les progrès vers d'autres objectifs ne vont pas assez vite. Pas assez vite pour les centaines de milliers de femmes qui perdent la vie chaque année au moment d'accoucher. Pour les millions d'enfants qui meurent de malnutrition. Pour presque un milliard de personnes qui endurent la misère de la faim chronique", a-t-il ajouté.

Trois journées de consultations à l'ONU en présence de chefs d'Etat et de gouvernement se sont achevées sur le sentiment que certains des objectifs du millénaire ne seront pas atteints. De nombreux dirigeants au sommet ont accusé les pays riches de ne pas tenir leurs promesses d'aides. C'est ce qu'a fait le Premier ministre chinois Wen Jiabao. "Offrir une miche de pain est plus utile que de faire une promesse vide", a-t-il dit. "Les pays développés devraient honorer de bonne foi leurs engagements, assumer leurs responsabilités dans l'assistance aux pays en développement, augmenter la part d'aide publique au développement à 0,7% du PIB dès que possible", a estimé le chef du gouvernement chinois.

Une ONG critique une "avalanche de bons sentiments"

L'ONG Actionaid International a sévèrement critiqué le sommet. "Le sommet de l'ONU a été un spectacle coûteux qui a offert tout à tout le monde et rien à personne", a-t-elle souligné. "Une avalanche de bons sentiments a ingénieusement caché le fait qu'il n'y a pas de plan entièrement financé pour s'attaquer à la pauvreté", a-t-elle ajouté.

Plus tôt dans la journée de mercredi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a dévoilé un programme de 40 milliards de dollars pour la santé des femmes et des enfants dans le monde. Ces fonds seront apportés par des gouvernements, des philanthropes et le secteur privé. "Nous savons ce qui marche pour sauver la vie des femmes et des enfants, et nous savons que les femmes et les enfants sont un élément crucial pour atteindre les OMD", a déclaré le secrétaire général.

Ban Ki-moon a estimé que cette stratégie globale sauverait 16 millions de vies d'ici 2015. Diminuer la mortalité des femmes pendant la grossesse et au cours des naissances ainsi que les morts prématurées d'enfants de moins de cinq ans sont les deux objectifs qui progressent le plus lentement.

agences/mej

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Un sentiment mitigé en Suisse

Aux yeux de la Suisse, le sommet de l'ONU sur les objectifs du millénaire pour le développement n'a rien apporté de bien neuf.

Il n'y a presque pas d'engagements nouveaux, estime le chef de la Direction du développement et de la coopération (DDC), Martin Dahinden.

La déclaration finale adoptée mercredi soir à New York est un compromis résultant d'âpres négociations sur plusieurs mois, déclare-t-il.

Le document a des faiblesses et ne témoigne pas d'un engagement collectif fort en faveur des huit objectifs que l'ONU s'est fixés en l'an 2000 (lire ci-dessous en encadré).

Pour atteindre ces objectifs comme prévu d'ici à 2015, la Suisse met l'accent sur quatre éléments fondamentaux.

D'une part, les stratégies de développement doivent davantage prendre en considération la fragilité de la situation dans un Etat. Les conflits et la violence armée sont une entrave au développement. Et il n'est pas possible d'envisager un développement durable si les droits de l'homme ne sont pas respectés.

Le chef de la DDC relève en outre qu'il faut non seulement que les Etats donateurs tiennent leurs promesses, mais aussi que les Etats récipiendaires rendent des comptes sur l'utilisation de l'aide. Et quatrièmement, l'économie privé doit jouer un rôle plus important.

Les huit objectifs du millénaire pour le développement

Ces huit objectifs fixés en 2000 consistent à réduire de moitié la pauvreté extrême dans le monde d'ici 2015, mais aussi à promouvoir l'éducation, l'égalité des sexes, la santé maternelle, à combattre la mortalité infantile, le sida et le paludisme, et à préserver l'environnement.