La non-reconduction du moratoire a suscité les regrets de la communauté internationale, les Etats-Unis se disant "déçus", mais saluant la "retenue" de la réaction palestinienne alors que leur émissaire devait repartir dans les prochaines heures pour le Proche-Orient.
Consultations avec les pays arabes
Le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé à Paris que les Palestiniens se prononceraient sur la poursuite des négociations "après le 4 octobre", à l'issue de consultations avec les pays arabes. Mahmoud Abbas, qui réclame un arrêt total de la colonisation pour continuer à négocier, a souhaité qu'Israël "prolonge de trois ou quatre mois" son moratoire. Une option exclue par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Sur le terrain, des bulldozers étaient à l'oeuvre dans plusieurs implantations de Cisjordanie, notamment à Adam, Ariel, Yitzhar, Karmè Tzur et Kyriat Arba, près de la ville de Hébron, haut lieu de tension entre colons et Palestiniens. "Nous allons construire mais tranquillement. Nous espérons que c'est (le moratoire) vraiment fini, que ce n'est pas une manoeuvre de Netanyahu et que nous allons pouvoir bâtir en grand, comme avant", a dit Tzvi Katzover, une figure des colons, devant le Tombeau des Patriarches à Hébron, en marge d'un pèlerinage de 15'000 fidèles juifs.
Profil bas
Benjamin Netanyahu a résisté aux pressions internationales en refusant de reconduire tel quel le gel des nouvelles constructions dans les colonies, au risque de compromettre la poursuite des discussions. Il a toutefois appelé les colons à "faire preuve de retenue et de responsabilité" et demandé à ses ministres de maintenir un profil bas pour éviter qu'Israël soit tenu pour responsable d'un torpillage des négociations.
Selon le quotidien Maariv, le ministre de la Défense Ehud Barak a examiné avec Washington la possibilité de freiner de facto la construction en échange d'un soutien américain à des exigences israéliennes, en particulier la reconnaissance d'Israël par les Palestiniens comme "Etat du peuple juif" et de garanties de sécurité sur sa frontière orientale.
Déception de toutes parts
"Nous sommes déçus mais nous restons concentrés sur nos objectifs à long terme" de paix dans la région via des négociations directes, a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley. La Haute représentante de l'UE aux Affaires étrangères, Catherine Ashton, a "regretté" l'expiration du moratoire et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon s'est déclaré "déçu".
A Londres, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a dit sa crainte que la reprise des constructions ne mette à mal les pourparlers de paix. A Paris, le président Nicolas Sarkozy a lui aussi "regretté" la non-reconduction du moratoire et affirmé que "la colonisation doit cesser", à l'issue d'un déjeuner avec Mahmoud Abbas. De Damas, le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, a appelé Mahmoud Abbas à cesser de négocier avec Israël.
La fin du moratoire autorise toute personne ou toute institution à construire dans une implantation, si elles ont obtenu un permis il y a dix mois. Les municipalités des colonies sont également à nouveau autorisées à délivrer des permis de construire, à condition que les plans d'urbanisation aient été approuvés par le ministère de la Défense, en charge de la Cisjordanie occupée.
La reprise des constructions, ralentie par la fête juive de Souccot jusqu'à la fin de la semaine, concerne à ce stade essentiellement des colonies isolées où plusieurs centaines de logements devraient être construits dans les prochains mois, le rythme dépendant de l'offre et de la demande.
agences/boi/hof
Une Israélienne blessée
Dimanche soir, une Israélienne a été légèrement blessée en Cisjordanie lorsque le véhicule dans lequel elle se trouvait a essuyé des tirs, a indiqué l'armée israélienne.
L'incident est survenu au sud de la ville d'Hébron (sud de la Cisjordanie), non loin de l'endroit où quatre Israéliens ont été tués par balle il y a près d'un mois.
La femme, blessée à une jambe, a été évacuée vers un hôpital israélien, a ajouté un porte-parole de l'armée, sans fournir davantage de détails.
Le 31 août, quatre Israéliens avaient été tués près de là, au cours d'une attaque revendiquée par la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas.
Réconciliation Fatah-Hamas
Le chef en exil du mouvement islamiste Hamas, Khaled Mechaal, a estimé lundi que des avancées "sérieuses" avaient été réalisées lors de discussions vendredi à Damas avec le mouvement palestinien rival, le Fatah, en vue d'une réconciliation.
"Si nous nous réconcilions, mettons de l'ordre dans (la maison) palestinienne et si nous nous accordons sur une stratégie pour gérer le conflit contre Israël, je pense que nous contraindrons l'ennemi à nous respecter", a poursuivi le chef du Hamas.
L'Egypte effectue une médiation entre le Fatah et le Hamas, qui sont à couteaux tirés depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza par le mouvement islamiste en juin 2007.