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L'auteur-interprète Alain Bashung s'en est allé

Alain Bashung avait été triplement primé aux Victoires de la musique 2009.
Alain Bashung avait été triplement primé aux Victoires de la musique 2009.
L'auteur-compositeur-interprète Alain Bashung est décédé samedi à Paris des suites de sa maladie. Considéré comme l'un des chanteurs les plus importants de la scène musicale francophone, l'artiste exigeant, poétique et populaire était âgé de 61 ans.

Alain Bashung s'est éteint samedi après-midi à l'hôpital
Saint-Joseph entouré des siens, a annoncé Garance Productions, qui
organisait sa tournée.



L'interprète de «Gaby», «Vertiges de l'amour», «Ma petite
entreprise» et «La nuit je mens» avait récemment dû annuler des
concerts en raison de son état de santé. Depuis l'automne 2007,
l'artiste était atteint d'un cancer du poumon et suivait une
chimiothérapie.

Une aura exceptionnelle

Qualifié en 2008 de «dernier des géants» par l'hebdomadaire
culturel «Les Inrockuptibles», Bashung occupait depuis quelques
années une place de premier plan sur l'échiquier de la chanson
française, celle d'un artiste à l'aura importante, capable de
séduire le grand public comme les amateurs éclairés.



Sa dernière apparition publique avait eu lieu lors des dernières
Victoires de la musique, le 28 février. Il y était apparu très
affaibli. Vêtu d'un chapeau et de lunettes noirs, il y avait
chanté: «Un jour je parlerai moins, jusqu'au jour où je ne parlerai
plus».

Le plus primé des Victoires de la musique

Alain Bashung y avait
remporté trois nouveaux trophées, s'ajoutant à huit autres obtenus
précédemment. Un triplé qui faisait de lui l'artiste le plus primé
de l'histoire des Victoires, qui récompensent les meilleurs
artistes de la chanson française.

Il avait été distingué comme artiste interprète masculin de
l'année, pour son album de chansons, «Bleu Pétrole», et pour sa
tournée, «Bleu pétrole Tour», élue meilleur spectacle musical de
l'année.



L'artiste s'était produit au Paléo Festival de Nyon (VD) et aux
Francomanias de Bulle (FR) l'an dernier. Sa prestation avait
enchanté le public.

Différent, mais immense

Le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy a rendu hommage
samedi soir à un «prince», «un immense poète, un chanteur engagé»,
qui «marquera l'histoire de la musique» avec son «univers musical à
l'esthétique sombre et élégante».



«Alain Bashung était un artiste atypique, un vrai chercheur
musical», a réagi Pascal Nègre, PDG d'Universal Music France et
ancien patron du label Barclay sur lequel Bashung était signé
depuis ses premiers succès. «Même s'il a co-écrit la plupart de ses
chansons, il avait cette capacité unique à donner à ses titres
plusieurs niveaux de lecture qui lui ont permis de capter tous les
publics», a-t-il déclaré.



Le chanteur Bénabar a rendu hommage à l'artiste disparu dans le
journal de 20 heures de France 2. Il a salué «un immense artiste,
quelqu'un de différent des autres, un modèle, un immense
personnage, accessible, incroyablement humble, à la carrière et au
répertoire riches».



Pour Bertrand Dicale, journaliste à «Chorus», Alain Bashung
laissera «une trace immense» dans l'histoire de la musique. «Il a
exploré toutes les voies possibles du rock et toutes les voies
possibles de la chanson française, ensemble et en même temps», a-t
il dit sur France Info.



ap/ats/bri

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Propulsé par «Gaby, oh Gaby»

Alain Bashung, de son vrai nom «Baschung», était né le 1er décembre 1947 dans le XIVe arrondissement de Paris, d'une mère d'origine bretonne et d'un père qu'il n'a jamais connu.

Au début des années 1960, âgé d'une vingtaine d'années, il abandonne ses études de comptabilité pour se lancer dans la musique. Il chante ses premiers titres sous son vrai nom, avant d'abandonner le «c» de «Baschung» et de rencontrer au début des années 1970 Dick Rivers, pour qui il écrira plusieurs chansons.

Il croise ensuite l'auteur Boris Bergman, et ses premiers albums sortent fin 70. Si «Romans-photos» (1977) et «Roulette russe» (1979) restent relativement confidentiels, Bashung connaît le succès public grâce à l'album «Pizza» (1980) et ses tubes «Vertiges de l'amour» et «Gaby», deux titres qui lui ouvrent les portes des grandes salles de concert.

Il collabore ensuite avec Serge Gainsbourg, alors en pleine période reggae, sur «Play blessures», qui sort en 1982. Il travaille aussi avec Boris Bergman.

Viendront ensuite «Figure imposée» (1983), et les années de collaboration avec le parolier Jacques Fauque sur «Novice» (1989), et «Osez Joséphine» (1991), album qui marque un virage artistique mais qui lui offrira pourtant un nouveau succès public avec le titre éponyme et «Madame rêve».

D'autres tubes jalonneront les années 1990, tels «Ma petite entreprise» sur l'album «Chatterton» (1994), ou «La nuit je mens», issue de «Fantaisie militaire», plébiscité par la critique à sa sortie en 1998. Bashung reviendra en 2002 avec l'audacieux «L'Imprudence».

Considéré comme l'un des plus réussis de Bashung, l'album était sorti en même temps que "Le Cantique des cantiques", enregistré avec Chloé Mons, artiste âgée de 28 ans à l'époque, qu'il avait épousée le 30 juin 2001. Il a eu avec elle une fille, après un fils né d'une précédente union.

Son dernier opus «Bleu pétrole», peut-être le plus politique, était sorti il y a un an, en mars 2008. Il a été récompensé par une Victoire de la musique. Pour cet album, le chanteur s'était entouré de nombreux collaborateurs comme Gérard Manset, Gaëtan Roussel ou Arman Méliès.

Parallèlement à sa carrière de musicien, Alain Bashung avait entamé une carrière de comédien en 1981 et apparaît au total dans une quinzaine de films, tels que «Le Cimetière des voitures» (1981), «Le Beauf» (1987), «L'Ombre du doute» (1993), «La Confusion des genres» (2000) et «La Bande du drugstore» (2002).

Perfecto, jean moulant et bottes de cow-boy à l'époque de "Gaby", Bashung avait su marier l'amour du rock avec l'héritage de la chanson française. "Il appartient aux deux univers", résumait en 2002 son biographe Patrick Amine. "Il combine à sa manière les antécédents de la chanson française qui vont de Trenet à Gainsbourg. Du rock anglo-saxon, il a la désinvolture, la liberté musicale, l'humour qui allie le son et le sens".