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Des attaques terroristes déjouées en Europe

La France est déjà sur les dents en raison d'une menace d'attentat à Paris.
La France est déjà sur les dents en raison d'une menace d'attentat à Paris.
Un complot terroriste en Europe, visant notamment la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne, a été déjoué par les services de renseignement, ont déclaré mardi des responsables britanniques, confirmant ainsi des révélations de la chaîne de télévision britannique Sky News.

Selon un responsable gouvernemental britannique, "il y a eu une succession d'activités terroristes au cours des dernières semaines, mais une ou deux" en particulier "nous ont préoccupés".

Les attaques auraient visé des villes européennes, en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne. La menace était crédible, a ajouté ce responsable, mais "n'a pas atteint le degré" nécessitant un renforcement du niveau d'alerte.

Un autre responsable britannique, s'exprimant dans les mêmes termes, n'a pas confirmé que le complot "était inspiré par Al-Qaïda" mais a parlé d'une "connexion islamiste". Le complot, a-t-il ajouté sans fournir plus de détails, en était à un stade préliminaire.

Bombardements préventifs américains

A Washington, un responsable des services de contre-terrorisme a déclaré que certaines attaques lancées récemment par des drones américains au Pakistan visaient à démanteler des réseaux soupçonnés de préparer des attentats en Europe.

Des militants liés à Al-Qaïda ou d'autres groupes islamistes étaient visés lors de ces bombardements dans la région tribale du Pakistan près de la frontière afghane, suite à des "renseignements précis", a ajouté ce responsable. "Nous frappons des cibles qui représentent une menace à nos forces en Afghanistan et des terroristes préparant des attentats en Asie du Sud et au-delà", a-t-il ajouté.

Comme à Bombay en 2008

Les attaques auraient pu ressembler à celles de Bombay, en Inde, en novembre 2008. [REUTERS - � Arko Datta / Reuters]
Les attaques auraient pu ressembler à celles de Bombay, en Inde, en novembre 2008. [REUTERS - � Arko Datta / Reuters]

Il s'agissait du "projet d'attaques le plus sérieux planifié par Al-Qaïda ces dernières années", mis au point par des leaders du réseau, réfugiés dans les régions tribales du Pakistan, a affirmé la BBC. Les attaques auraient du être similaires à celles de Bombay, en Inde en novembre 2008, quand un commando d'islamistes avait attaqué simultanément plusieurs objectifs, dont des hôtels, dans la capitale économique indienne, faisant 163 morts.

Pour sa part, la chaîne américaine ABC, citant un haut responsable américain non identifié, a indiqué mardi soir que les Etats-Unis figuraient aussi comme une cible potentielle. La chaîne a souligné que le président Barack Obama avait été informé de ces menaces, jugées "crédibles" par ce haut responsable.

Collaboration internationale

Le projet d'attaques en Europe a été découvert à la suite d'une collaboration entre les services de renseignement britanniques, français, allemands et américains, affirme Sky News.

Des sources policières et du renseignement américain et en Europe, citées par ABC, ont affirmé que les informations sur les menaces d'attentats étaient basées sur l'interrogatoire d'un ressortissant allemand soupçonné de terrorisme et capturé à la fin de l'été alors qu'il cherchait à regagner l'Europe. Il serait actuellement détenu sur la base américaine de Bagram en Afghanistan.

Les policiers américains ont aussi été avisés qu'une série d'attentats similaires à ceux de Bombay étaient en préparation. Ces attentats viseraient des cibles "économiques et "faciles", selon ABC. Dès la découverte de ce projet, l'armée américaine a apporté son aide à ses alliés européens pour rechercher au Pakistan les organisateurs.

"Activités en hausse"

Mercredi dernier, la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, avait affirmé devant le Sénat que les pays occidentaux étaient menacés par une "activité en hausse" de groupes extrémistes islamistes.

Selon Sky, c'est une fois connu le projet d'attentats que la CIA a intensifié ses frappes de drones pour anéantir ses organisateurs. Depuis près d'un mois, les Etats-Unis ont considérablement intensifié leur campagne d'attaques de drones sur ces zones frontalières avec l'Afghanistan, bastion des talibans et sanctuaire des cadres d'Al-Qaïda dans le monde (voir encadré).

Depuis le 3 septembre, au moins 118 insurgés islamistes ont été tués dans 21 attaques de ces drones, dont, samedi, le chef d'Al-Qaïda pour le Pakistan et l'Afghanistan, un certain "Cheikh Fateh".

ap/afp/boi

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Paris pas au courant, Berlin pas inquiet

Suite à ces révélations, deux sources françaises, l'une liée au renseignement et l'autre au gouvernement, ont indiqué ne pas être informées de ces projets d'attentats.

La France a officiellement mis en garde sa population contre un risque d'attaques imminent, mais la source gouvernementale a précisé que les risques d'attentat évoqués la semaine dernière dans le pays ne portaient pas sur derniers éléments avancés par les sources de Sky News.

L'Allemagne a affirmé être "au courant" de projets "à long terme" d'attaques terroristes en Europe de l'Ouest, tout en assurant qu'il n'y avait pas de risque imminent en Allemagne et que son niveau d'alerte terroriste demeurait inchangé.

La zone la plus dangereuse du monde

Les zones tribales du nord-ouest du Pakistan sont le bastion des talibans alliés à Al-Qaïda et le principal sanctuaire du réseau d'Oussama ben Laden.

De hauts responsables à Washington les qualifient régulièrement de "région la plus dangereuse du monde", à la lisière de l'Afghanistan, et la CIA y a considérablement intensifié depuis un mois ses tirs de missiles par des drones.

Ces derniers ciblaient depuis 2004 les cadres d'Al-Qaïda. Ils sont devenus quasi-quotidiens depuis début septembre.

Les experts de la région, pakistanais ou membres de la communauté du renseignement occidental, sont unanimes: grâce au savoir-faire et à la logistique des talibans pakistanais, qui ont fait allégeance à Al-Qaïda en 2007, le réseau d'Oussama ben Laden entraîne ou fait entraîner dans ces zones ses futurs kamikazes, dont une partie peuvent être destinés à l'Europe ou aux Etats-Unis.

Ces insurgés, membres du redoutable Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), sont responsables de plus de 400 attentats - suicide pour la plupart - qui ont tué plus de 3700 personnes au Pakistan en trois ans.

Au diapason de Ben Laden en personne, ils avaient décrété à l'été 2007 le jihad à Islamabad pour son soutien à la "guerre contre le terrorisme" de Washington.

Début septembre, la justice aux Etats-Unis a inculpé leur chef, Hakimullah Mehsud, de "complot terroriste", pour le meurtre de sept agents de la CIA lors d'un attentat suicide dans une de leurs bases ultra-sécurisées à Khost, dans le sud de l'Afghanistan.

Selon les enquêteurs américains, le TTP est également impliqué dans le recrutement et l'entraînement dans les zones tribales de Faisal Shahzad, le jeune Pakistanais qui avait tenté de faire exploser une voiture piégée le 1er mai à Times Square, à New York.

De nombreux responsables américains ont déclaré ces dernières années qu'Oussama ben Laden et son bras droit, l'Egyptien Ayman al-Zawahir, se cachent dans les zones tribales entre Pakistan et Afghanistan, de même que l'essentiel de l'état-major d'Al-Qaïda.

Le Waziristan du Nord est considéré par les services de renseignement occidentaux comme le coeur de cette nébuleuse regroupant talibans pakistanais, talibans afghans et Al-Qaïda, et ce n'est pas un hasard si la quasi-totalité des 21 attaques de drones américains recensées en 26 jours se sont concentrées sur ce district.

Les zones tribales offrent un relief idéal aux insurgés: des nids d'aigles inexpugnables et quelques villages peu peuplés où la population est entièrement acquise à la cause des talibans et du "cheikh" ben Laden, estiment des experts occidentaux.