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Réformes: Espagne en tête, l'Europe proteste

La marche géante à Bruxelles a rassemblé entre 56'000 et 100'000 personnes.
La marche géante mercredi à Bruxelles a rassemblé entre 80'000 et 100'000 personnes.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté mercredi en Europe contre l'austérité, principalement à Bruxelles, et l'Espagne a été frappée par une grève générale, témoignant d'une grogne sociale grandissante face aux mesures de rigueur qui se multiplient.

Dans la capitale de l'Union européenne, 56'000 personnes selon la police, plus de 100'000 selon les syndicats, ont défilé au son des vuvuzelas et des pétards pour dire "non à l'austérité". Les manifestants venaient surtout de Belgique et de France, mais aussi de Pologne, de Slovaquie ou d'Allemagne. "Il ne faut pas ajouter à la crise financière une crise sociale sans précédent dont les salariés paieraient le prix", a dénoncé le secrétaire général du syndicat français CGT, Bernard Thibault.

Face à l'accroissement de leurs déficits et de leurs dettes, la plupart des gouvernements mettent en oeuvre des mesures d'économies et des réformes difficiles, comme celles des retraites, pour inverser la tendance. Dernière illustration en date: le gouvernement portugais a annoncé mercredi soir une baisse de 5% de la masse salariale de la fonction publique ainsi qu'une hausse de deux points de la TVA, à 23%, pour le budget national 2011.

"Il est encore temps de ne pas choisir l'austérité"

Toutes ces mesures "vont avoir un effet désastreux sur les individus et sur l'économie", a dénoncé John Monks, secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), qui a organisé la manifestation de Bruxelles. "Les travailleurs sont dans les rues aujourd'hui avec un message clair pour les dirigeants de l'Europe : il est encore temps de ne pas choisir l'austérité", a-t-il ajouté.

Pendant que les protestataires battaient le pavé à Bruxelles, la Commission européenne a présenté mercredi des mesures pour punir au contraire les pays européens qui ne seraient pas assez disciplinés dans la gestion de leurs finances publiques, afin de tirer les leçons de la crise grecque. "Quand il faut payer les intérêts de la dette, on ne peut pas payer les politiques sociales", a fait valoir son président, José Manuel Barroso.

Heurts à Barcelone

En parallèle mercredi, l'Espagne a connu une journée de grève générale visant à protester contre une réforme du marché du travail qui facilite les licenciements. L'un des deux principaux syndicats du pays, l'UGT, a assuré que la grève avait été suivie "à plus de 70%" et par plus de 10 millions de salariés dans le pays (lire ci-contre).

Des heurts à Barcelone entre policiers et militants d'extrême gauche se sont soldés par une voiture de police brûlée et 23 interpellations. Au Perthus, sur la frontière, un rassemblement franco-espagnol a réuni selon les syndicats 2000 personnes, et 1200 selon les autorités.

Ailleurs, en France, à Lyon, Nantes et Toulouse environ 4000 personnes au total ont défilé, selon les organisateurs, et 2000 selon la police. Plusieurs milliers de personnes ont également manifesté mercredi à Varsovie, 4000 à Bor en Serbie, 2000 à Rome, un millier à Athènes et à Riga, quelques centaines à La Haye et Chypre. Au Portugal, des milliers de personnes, d'après les médias locaux, ont défilé à Lisbonne et Porto contre la politique d'austérité du gouvernement socialiste.

En France, où le gouvernement a présenté mercredi un projet de budget prévoyant une réduction sans précédent des niches fiscales et sociales afin de réduire le déficit, ils ont déjà appelé à manifester à nouveau samedi contre une impopulaire réforme des retraites.

Banque irlandaise bétonnée

A Dublin, un homme n'a pas hésité à sortir les grands moyens pour faire part de son mécontentement. [AFP - STRINGER]
A Dublin, un homme n'a pas hésité à sortir les grands moyens pour faire part de son mécontentement. [AFP - STRINGER]

A Dublin, la police a annoncé l'arrestation d'un homme de 41 ans, après l'action d'un individu qui a bloqué les portes du Parlement à l'aide d'une bétonnière, pour dénoncer le plan de sauvetage onéreux des banques.

Sur le véhicule, étaient inscrits en lettres rouges les mots "Toxic Bank", apparemment en référence à l'Anglo Irish Bank, nationalisée l'an dernier pour sauver l'établissement de l'effondrement, ainsi que la phrase "tous les hommes politiques devraient être renvoyés".

agences/jeh/hof

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L'Espagne renoue avec la grève générale

L'Espagne connaissait mercredi sa première grève générale depuis 2002, à l'appel des principaux syndicats du pays, afin de protester contre les mesures d'austérité engagées par le gouvernement du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero pour réduire le déficit budgétaire.

Ces mesures prévoient notamment une réduction des salaires des fonctionnaires de 5% en moyenne et un gel de la plupart des pensions en 2011.

L'objectif est de réduire de 15 milliards d'euros les dépenses publiques cette année et en 2011. Des réformes ont également été adoptées pour rendre le marché du travail plus compétitif, alors que le taux de chômage atteint les 20%.

Selon le dirigeant syndical Andres Mateo, le mouvement était massivement suivi mercredi, "sinon à 100%, au moins 90%. C'est un message clair pour le gouvernement, de réfléchir à deux fois".

Les bus et métros étaient rares mercredi à Madrid, où le ramassage des ordures était suspendu. La consommation électrique dans tout le pays était en baisse de près de 10%.

La compagnie aérienne Iberia prévoyait d'assurer 35% de ses vols. Selon les chemins de fer espagnols, 80% des liaisons à grande vitesse ont été annulées. Aucun train régional ne circulait, et 25% seulement des trains de banlieue étaient en service.

Des manifestations étaient parallèlement organisées à Madrid, Barcelone et les principales villes du pays.

Des piquets de grève ont empêché la livraison de fruits et légumes sur les principaux marchés de gros.

Grèce: des routiers entêtés

Les patrons-routiers grecs ont décidé dans la nuit de mardi à mercredi de poursuivre une grève engagée il y a trois semaines pour protester contre la libéralisation de leur secteur, en dépit d'une hausse de ton du gouvernement.

Les routiers, qui se partagent actuellement 34'000 licences achetées à prix d'or, réclament notamment des avantages fiscaux supplémentaires en vue de l'ouverture du secteur à la concurrence dans trois ans.