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G8 de Gênes: Rome devant la justice européenne

En 2007, la commémoration de la mort du jeune Carlo Giuliani avait attiré plus de 100'000 personnes à Gênes.
En 2007, la commémoration de la mort du jeune Carlo Giuliani avait attiré plus de 100'000 personnes à Gênes.
Les proches d'un militant altermondialiste italien, tué par un tir de policier lors du sommet du G8 à Gênes en 2001, ont demandé mercredi à la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) de condamner l'Italie pour n'avoir pas donné de suite judiciaire à ce drame.

Carlo Giuliani, 23 ans, avait reçu une balle dans la tête lors de violents affrontements entre carabiniers et militants altermondialistes le 20 juillet 2001. Une voiture de la police lui avait en outre roulé sur le corps après le coup de feu.

Carlo Giuliani a été le premier mort enregistré dans les rangs de la contestation altermondialiste depuis la naissance de ce mouvement à Seattle fin 1999. Les circonstances de son décès avaient suscité une vive émotion internationale et des critiques contre le gouvernement de Silvio Berlusconi.

La famille du jeune homme s'est tournée vers la CEDH en dénonçant le classement sans suite, en 2003, des poursuites contre l'auteur du coup de feu. Elle conteste également un usage excessif de la force et une mauvaise organisation des forces de l'ordre, qui selon elle a contribué au drame.

Retour à la case départ

L'affaire avait déjà été jugée fois par la CEDH en août 2009: la Cour avait partiellement donné raison à la famille et condamné les autorités italiennes pour des manquements dans l'enquête, mais elle n'avait pas retenu l'usage excessif de la force ni de dysfonctionnements dans le dispositif de maintien de l'ordre.

Les deux parties ayant demandé un nouveau jugement, elles ont pu exposer une nouvelle fois leurs positions mercredi devant une "Grande chambre" de 17 magistrats. La décision de la Cour doit être rendue dans plusieurs mois.

afp/jeh

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Une organisation calamiteuse...

L'Etat n'aurait jamais dû déployer sur le terrain des policiers aussi inexpérimentés que l'auteur des coups de feu, qui "avait 20 ans et seulement trois mois d'entraînement derrière lui", a plaidé l'avocat de la famille Giuliani.

En outre, la police n'aurait pas dû être autorisée à faire usage de balles réelles, mais seulement de balles en caoutchouc ou de pistolets électriques, a poursuivi l'avocat, estimant "incompréhensible" que cette affaire ait été classée par la justice "sur la base d'une enquête incomplète".

... ou une guérilla incontrôlable

Le représentant du gouvernement Berlusconi a répondu que si le policier n'avait pas été équipé de balles réelles, c'est lui qui aurait été tué.

Carlo Giuliani a été placé sur le "piédestal des martyrs", alors qu'il a "contribué à faire éclater une guérilla urbaine", a-t-il dénoncé.

"Par son choix, il a exposé la vie d'autrui au danger et par ricochet sa propre vie aussi, étant donné que l'Etat a le devoir d'arrêter ses actes criminels", a-t-il martelé.