"Honte à vous !" scandaient les manifestants dans
un concert de sifflets et de vuvuzelas après l'intervention musclée de la
police dirigée, selon les organisateurs, contre plus de 20’000 manifestants
dans la soirée et la nuit de jeudi à vendredi.
Manifestants blessés
Des coeurs en tissus et des tournesols étaient accrochés aux
arbres d'un parc du centre-ville pour protester contre l'abattage prévu de
quelque 300 arbres, parfois centenaires, pour le projet qui vise à faire de la
ville un des principaux noeuds ferroviaires du pays (lire ci-contre).
"Beaucoup de personnes sont traumatisées, car hier
(...) c'était une catastrophe, on ne s'attendait pas à autant de violence de la
part de la police", a affirmé Werner Brätschkus, un maçon de 44 ans,
originaire de Stuttgart. Interpellation de 26 personnes
Un peu plus tôt, Angela Merkel avait elle appelé au calme.
La veille, environ 130 manifestants ont été blessés, 16 emmenés à l'hôpital, et
26 personnes, de 15 à 68 ans, ont été interpellées, selon la police. Une
porte-parole de la police a indiqué à l'AFP que les opposants avaient seulement
jeté "des marrons" alors que les forces de l'ordre avaient initialement
fait état de jets de pavés, puis de bouteilles en plastique.
Les images de canons à eau et de policiers aspergeant les
yeux des manifestants de gaz au poivre étaient diffusées en boucle vendredi. "Un
homme a eu l'oeil arraché" par le jet d'un canon à eau, a affirmé Axel
Wieland, porte-parole de l'organisation écologiste BUND. Selon un porte-parole
des manifestants, Matthias von Herrmann, "c'était une démonstration
pacifique, sans la moindre violence, sauf celle de la police".
Gouvernement intransigeant
"Je souhaite que de telles manifestations se déroulent
sans violence", a déclaré la Chancelière allemande à la radio SWR. "Il
faut toujours éviter tout ce qui peut engendrer la violence", a-t-elle
aussi ajouté.
Le gouvernement exhorte opposants et partisans du projet à
reprendre le dialogue, a dit le porte-parole de la chancelière, Steffen
Seibert, tout en évacuant l'idée d'un arrêt du projet: "Les manifestants
ont le droit de protester, mais pas celui d'empêcher la mise en oeuvre d'une
décision démocratique" et "légitime".
ats/bk
Un projet pharaonique
L’abattage d'arbres prévu n'est qu'un des volets d'un plan de réaménagement de Stuttgart et sa région de sept milliards d'euros (9,4 milliards de francs), pour faire passer un axe ferroviaire transeuropéen de 1500 km, allant de Paris à Budapest.
Stuttgart ne possède qu'une gare terminus, qui selon le projet doit être transformée en gare de transit souterraine.
"Stuttgart 21" a déjà exigé la démolition d'une aile du bâtiment historique, construit entre les deux guerres.