Les premiers cortèges sur les 229 prévus dans le pays ont démarré dans la matinée dans plusieurs villes, en attendant la grande manifestation parisienne prévue dans l'après-midi.
"Près de 380'000" personnes manifestaient en France pour la défense des retraites samedi à la mi-journée, selon le ministère de l'Intérieur, qui "observe une participation inférieure" à celle du 23 septembre où 410'000 personnes avaient manifesté. La police a elle évoqué le chiffre de 899'000 participants, tandis que les syndicats ont revendiqué 2,9 millions de manifestants.
Un projet de loi contesté
Face à l'inflexibilité du gouvernement sur le coeur de la réforme, à savoir le recul de deux ans de l'âge de départ à la retraite, les organisations syndicales veulent élargir le mouvement en permettant aux salariés qui ne veulent pas ou redoutent de faire grève, de descendre dans la rue en famille.
François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, premier syndicat en nombre d'adhérents, attendait "entre deux et trois millions" de manifestants, soit "le même niveau" que les précédentes journées (2,5 millions de personnes le 7 septembre, 2,9 millions le 23, selon la CFDT contre un million selon la police).
"S'il y a plus de manifestants, ce sera super gagné, mais on voit bien qu'on est dans un mouvement de longue durée", a-t-il toutefois estimé en déplorant "la posture de blocage" du gouvernement.
Un sondage CSA publié samedi dans le quotidien communiste L'Humanité est venu conforter ses espérances: plus de sept Français sur dix (71%) affichent soutien et sympathie pour la mobilisation de samedi.
Déjà voté par les députés, le projet de loi qui prévoit entre autres le passage de 60 à 62 ans de l'âge minimum de départ à la retraite, doit commencer à être examiné par le Sénat, la chambre haute du Parlement, à partir du 5 octobre.
Le gouvernement se trompe s'il "se contente d'un calcul du nombre de manifestants", a poursuivi François Chérèque, alors que le 23 septembre, une féroce bataille de chiffres avait eu lieu entre le gouvernement et les syndicats sur le nombre de manifestants.
Comme pour désamorcer d'avance toute polémique, le secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique, Georges Tron, a dit s'attendre à "une participation importante" aux manifestations. "Il est assez cohérent qu'il puisse y avoir plutôt plus de monde, puisque des gens ne travaillant pas vont décider d'y participer", a-t-il déclaré sur la radio RTL. Il a par ailleurs évoqué des améliorations du projet de loi, tout en réitérant la position du gouvernement (lire ci-contre).
afp/hof
Des améliorations, mais pas de refonte
Le secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique Georges Tron a laissé entrevoir quelques "améliorations" du texte, notamment pour les femmes, lors de son passage au Sénat. En revanche, Georges Tron a répété qu'il était hors de question de revoir en profondeur la réforme, expliquant qu'"on ne peut pas sauver le système de retraites si on n'en passe pas par cette réforme".
Un message sur la même ligne que le Premier ministre François Fillon qui avait, au lendemain du 23 septembre, opposé un "non ferme et tranquille" aux manifestants, estimant que le projet "est nécessaire et raisonnable".
Jeudi, Nicolas Sarkozy a enfoncé le clou en déclarant que les Français n'auraient "pas de soucis à se faire" pour leurs retraites une fois la réforme passée. "Un mensonge absolu", lui a répondu le socialiste Laurent Fabius.
Pour le chef de l'Etat, la réussite de cette réforme, qu'il entend placer au coeur du bilan de son quinquennat, est essentielle à 18 mois de l'élection présidentielle.
Mais les syndicats, appuyés par l'opposition de gauche, n'entendent pas en rester là: une nouvelle journée de manifestation et de grèves est prévue le 12 octobre, en plein débat au Sénat, si le gouvernement ne recule pas.