Le juge chargé du dossier, Lewis Kaplan, a estimé que le témoin du gouvernement, Hussein Abebe, ne pouvait être cité à la barre en raison du fait que "son témoignage serait le résultat des déclarations faites sous la contrainte par Ghailani à la CIA", l'agence de renseignement américaine. Initialement prévu pour lundi, le procès avait été reporté une première fois à mercredi à la demande du procureur fédéral, selon des documents judiciaires.
Arrêté au Pakistan en 2004, Ahmed Ghailani est le seul détenu de Guantanamo à ce jour à avoir été renvoyé devant un tribunal fédéral et transféré sur le sol américain. Il doit répondre de plus de 200 chefs d'inculpation et risque la prison à vie. Le procès, qui débutera finalement le 12 octobre, doit durer plusieurs mois.
Il lui est notamment reproché d'avoir acheté le camion et les explosifs qui ont servi à l'attentat, en août 1998, contre l'ambassade américaine de Dar es Salaam mené simultanément avec un attentat à Nairobi. Les deux avaient fait au total 224 tués.
Test pour l'administration Obama
Le procès s'annonce comme un test crucial pour l'administration Obama qui avait dans un premier temps envisagé de renvoyer devant la justice de droit commun les cinq détenus de Guantanamo accusés d'avoir organisé le 11 Septembre, avant de revenir sur sa décision sous la pression des républicains notamment.
Le procès d'Ahmed Ghailani pourrait décider d'un choix politique à plus long terme sur la manière de juger les suspects de terrorisme: devant des tribunaux militaires d'exception ou des tribunaux fédéraux classiques.
Mauvais traitements
Comme les accusés du 11 Septembre, le Tanzanien a subi de mauvais traitements lors de sa détention dans une prison secrète de la CIA. Comme eux, il est réapparu en septembre 2006 à Guantanamo et a été incarcéré pendant des années sans procès.
Mais le juge chargé de son dossier à New York a déjà statué que la durée et les conditions de son emprisonnement ne violaient pas ses droits constitutionnels.
Mercredi, le juge finira de sélectionner un jury de 12 personnes et six suppléants, et devrait dire s'il accepte le témoignage de Hussein Abebe qui, selon le le ministère public, a vendu à Ahmed Ghailani les explosifs qui ont servi pour l'attentat de Dar es Salaam. Les avocats du Tanzanien contestent la citation de ce témoin, assurant que les autorités ont appris son existence lors de séances d'interrogatoire musclées, voire de torture, de leur client.
agences/boi/hof