Une boue rouge cause une catastrophe en Hongrie

Lundi, un réservoir d'une usine d'aluminium d'Ajka, à 165 km à l'ouest de Budapest, s'est rompu pour une raison encore inconnue, déversant quelque 1,1 million de mètres cubes de boue sur sept villages avoisinants. Le bilan provisoire s'élève à quatre morts, deux adultes et deux enfants, et 123 blessés, dont 61 toujours hospitalisés. Trois personnes sont portées disparues.

Des travaux d'assainissement des rues et des maisons sont en cours avec plus 500 personnes avec des jets d'eau à haute-pression. Le nettoyage des rivières a aussi commencé.

Le gouvernement hongrois a déclaré l'état d'urgence dans trois départements de l'ouest du pays menacés par la boue rouge. Le secrétaire d'Etat à l'Environnement a jugé qu'il n'y avait jamais eu de "catastrophe écologique" aussi grave en Hongrie, lors d'une visite à Kolontar, l'un des villages touchés. Les réserves d'eau potable, qui sont situées beaucoup plus profondément, n'ont pas été affectées. Les dommages sont chiffrés entre 5 et 10 millions d'euros, d'après de premières estimations officielles.

Lésions dues au plomb

La boue rouge est un résidu toxique de la production d'aluminium, composé d'éléments nocifs comme le plomb et très corrosif, notamment pour la peau, provoquant de graves lésions, notamment des brûlures. La production d'une tonne d'aluminium entraîne la production de près de trois tonnes de boue rouge.

Selon un responsable de la gestion des eaux, la boue pourrait atteindre d'ici quatre ou cinq jours le Danube, deuxième plus long fleuve d'Europe après la Volga. D'ores et déjà "une catastrophe a eu lieu, puisque le ruisseau Torna, dans lequel s'est déversée la boue, se jette dans la rivière Marcal, qui se déverse dans la Raab, laquelle est elle-même un affluent du Danube", a-t-il dit.

Les experts tâchent de neutraliser l'effet corrosif de la boue principalement avec du plâtre. Selon eux, la boue rouge va rendre stérile une bonne partie du sol avec lequel elle est entrée en contact, sur une superficie d'environ 40 km2, et tuer les poissons dans la Marcal. Déjà, des centaines de poissons morts flottent dans la rivière.

Pas de mea culpa

La société de production d'aluminium (MAL) a affirmé dans un communiqué avoir observé toutes les règles de sécurité. Selon elle, un problème technique pourrait être à l'origine de l'accident. Mais, selon l'expert qui a ordonné l'arrêt de la production de l'usine, MAL aurait entreposé trop de boue rouge dans le réservoir qui pourrait avoir cédé à cause d'une surcharge. Cette hypothèse est partagée par le Premier ministre, qui a indiqué que des "causes naturelles n'avaient pas été décelées", et par Greenpeace-Hongrie pour qui l'entreposage excessif de boue rouge est à l'origine de la catastrophe.

Le directeur de Greenpeace-Hongrie a signalé que "sur des images satellite une fissure était déjà visible sur la digue un jour avant l'accident". "Une chose est certaine: les métaux lourds sont connus pour leur longévité et ne disparaissent pas d'un jour à l'autre", a commenté le WWF hongrois.

La Roumanie surveille le Danube

Le ministère roumain de l'Environnement a déclaré que les autorités "surveillent en permanence" la qualité des eaux du Danube après la grave pollution causée en Hongrie. Toutefois, selon des experts consultés par le ministère, "aucun dépassement des valeurs maximales admises de polluants ne devrait être enregistrées d'ici mercredi après-midi sur le territoire roumain".

"Le gouvernement hongrois a confirmé qu'il n'existait à cette heure aucun risque de pollution du Danube en Roumanie", indique le ministère. Selon un responsable hongrois de la gestion des eaux, la boue toxique échappé d'une usine d'aluminium pourrait atteindre le Danube d'ici quatre ou cinq jours. Après avoir traversé la Hongrie, le Danube coule en Croatie, Serbie, Bulgarie, Roumanie et Ukraine, avant de se jeter dans la mer Noire.

afp/boi/hof