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France: la réforme des retraites adoptée au Sénat

La grogne contre la réforme des retraites s'est aussi manifestée lors du salon de l'automobile à Paris.
La grogne contre la réforme des retraites a gagné le salon de l'automobile à Paris.
Le report de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite en France a été définitivement adopté vendredi par le vote au Sénat de cette mesure phare de la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy contre laquelle les syndicats tentent d'accélérer la mobilisation. Parallèlement, la contestation gagne du terrain dans les lycées.

Par 186 voix contre 153, le Sénat a voté cet article clé du projet de réforme des retraites, le plus contesté par la gauche et les syndicats, sans le modifier par rapport à la version adoptée par l'Assemblée nationale en septembre, rendant ainsi ce vote définitif.

Texte définitif encore ce mois?

France: 3 millions de manifestants sont attendus dans la rue pour dénoncer la réforme des retraites du président Nicolas Sarkozy
France: 3 millions de manifestants sont attendus dans la rue pour dénoncer la réforme des retraites du président Nicolas Sarkozy

"C'est une étape importante pour le texte, c'est un article qui est définitif, c'est le coeur de la réforme qui était proposée par le président de la République", s'est félicité le ministre du travail Eric Woerth.

Le gouvernement espère que le Sénat votera rapidement sur l'ensemble du texte, probablement autour du 20 octobre, et que les deux assemblées se mettront d'accord sur un texte définitif avant la fin du mois.

Dénonçant la fin de la retraite à 60 ans instituée en 1982 par le président socialiste François Mitterrand, les sénateurs de gauche ont appelé à une forte mobilisation mardi lors de la nouvelle journée de grèves et de manifestations organisée par les syndicats.

Samedi 2 octobre, lors de la quatrième journée d'action depuis début septembre, entre 900'000 et 3 millions de personnes selon les sources avaient manifesté, recueillant le soutien de 71% des Français, selon un sondage.

Nouvelle grève le 12 octobre

L'objectif est "d'avoir (mardi) la plus grande masse de salariés en mouvement", a expliqué le numéro deux du syndicat CFDT Marcel Grignard, pour qui "depuis la rentrée, c'est probablement cinq à six millions de gens" qui ont battu le pavé.

Des divergences apparaissent cependant entre syndicats sur les suites à apporter au 12 octobre dans les entreprises et les bureaux, alors que des préavis de grèves illimitées ou reconductibles se sont multipliés dans de nombreux secteurs (chemins de fer, énergie, transports parisiens, poste...).

Selon un communiqué intersyndical publié vendredi, la tenue d'assemblées générales et l'organisation de consultations des salariés sur leur lieu de travail "pourront permettre de définir démocratiquement le rythme, les formes et les suites de l'action". Les syndicats ont aussi appelé à une journée d'action pour le samedi 16 octobre. Du côté des lycées, le mouvement de protestation, émaillé d'incidents, a pris de l'ampleur vendredi (lire ci-contre) tandis qu'à Marseille, le port était toujours paralysée (voir encadré).

agences/hof

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La contestation jusque dans les lycées

La contestation contre la réforme des retraites gagne du terrain dans les lycées français. Le nombre d'établissements bloqués augmente et deux jeunes filles ont été brûlées vendredi lors d'un accident en Haute-Savoie.

L'émotion était vive à Bonneville, en Haute-Savoie, où deux lycéennes de 16 ans ont subi des blessures importantes à la suite de l'incendie volontaire d'un amas de détritus déposés devant l'entrée du lycée Guillaume-Fichet.

L'une d'elles, grièvement blessée au visage, a été transportée au centre des grands brûlés d'un hôpital de Lyon. Cet accident s'est produit dans le cadre d'une tentative de blocage du lycée par une centaine d'élèves.

Une manifestation de lycéens a également dégénéré dans la journée à Saint-Quentin, dans l'Aisne. Un policier a été légèrement blessé dans des affrontements, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Plus d'un millier de lycéens, d'après la police, ont été rejoints par d'autres jeunes venus en découdre avec les forces de l'ordre. Certains, cagoulés, s'en sont pris à une voiture de police et un fonctionnaire a été frappé à coups de pied au sol.

Le mouvement a touché, à des degrés divers, 81 lycées de l'Hexagone, avec des blocages ou des tentatives de blocage et un fort taux d'absentéisme, a-t-on appris auprès du ministère de l'Education nationale. Cela représente toutefois moins de 2% des 4302 établissements du pays.

Le port de Marseille toujours paralysé

Les salariés des terminaux pétroliers du port de Marseille entameront samedi matin leur 13e jour de grève pour protester contre la mise en place de la réforme portuaire et réclamer la reconnaissance de la pénibilité dans le cadre du projet de réforme des retraites actuellement en discussion au Sénat.

Selon le pointage effectué par la direction du Grand Port de Marseille, une cinquantaine de bateaux - trois chimiquiers, 11 gaziers, 19 pétroliers de brut, 15 pétroliers de raffinés et trois péniches - étaient bloqués vendredi au large des terminaux de Lavéra et Fos-sur-Mer.

L'arrêt du travail sur les terminaux portuaires pourrait entraîner l'arrêt de plusieurs raffineries du département d'ici peu ce week-end, faute de brut à raffiner, selon des informations recueillies auprès des syndicats.

C'est particulièrement le cas pour le site Total de La Mède qui fonctionne depuis plusieurs jours avec la "réserve sagesse", c'est-à-dire le brut stocké à Manosque et destiné à la défense nationale. Il pourrait se trouver à l'arrêt samedi ou dimanche.