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Les 33 mineurs chiliens voient le bout du tunnel

Chili mineurs
La joie des proches des mineurs, qui voient le jour du sauvetage se rapprocher.
Un premier puits de secours a atteint samedi les 33 mineurs bloqués depuis deux mois dans la mine chilienne de San Jose, déclenchant l'euphorie des sauveteurs et des familles, qui devraient retrouver leurs proches dans les jours prochains. Il faudra encore attendre entre trois et dix jours, préviennent les autorités.

Des klaxons ont retenti samedi matin pour annoncer la jonction à 622 m sous terre, après plus d'un mois de forage. Les parents des mineurs se sont enlacés et ont éclaté en sanglots à l'approche de la fin de cette histoire de survie souterraine sans précédent, qui a captivé le monde entier.

"Une sensation très forte"

"Il nous aura fallu 33 jours de forage pour parvenir aux 33 mineurs" -32 Chiliens et un Bolivien-, s'est félicité le ministre des Mines, Laurence Golborne, qui une semaine après l'éboulement jugeait les chances de survie des mineurs très faibles.

"C'est une sensation très forte. J'imagine ce que doit ressentir mon frère là-bas, à l'intérieur" de la mine, a réagi, en larmes, Gaston Henriquez. "J'ai peu pleuré, mais maintenant, je suis très émue", a témoigné Cristina Nunez, compagne du mineur Claudio Yanez, qui comme beaucoup a couru jusqu'au sommet de la colline dominant le site, où les familles ont planté 33 drapeaux en référence aux mineurs.

Des ingénieurs, des secouristes travaillant sur le forage, se sont ensuite mêlés aux familles, pour des embrassades, des poses-photo. "On est venu ici avec un objectif, on l'a atteint aujourd'hui", expliqué à la télévision publique TVN Jeff Hart, un ingénieur du Colorado, qui était aux commandes de l'engin au moment précis de la jonction. Les derniers centimètres "étaient très stressants. On savait qu'on arriverait, mais jusqu'au bout on retient son souffle". "C'est de loin le plus important travail que j'aie jamais fait", souriait-il. "Ces mineurs feront partie de ma vie pour toujours".

Un puits en "très bon état"

Autre bonne nouvelle, le puits de secours est "en très bon" état, et il ne devrait être nécessaire d'en revêtir qu'une petite partie, a estimé Pedro Buttazzoni, président de l'entreprise Geotec, qui a fourni l'excavateur T-130 et supervisé le forage à la mine San Jose (nord).

"A la fin de la journée, nous donnerons des informations sur les prochaines étapes" des secours, a simplement déclaré Laurence Golborne. Vendredi, il avait évoqué une remontée "trois à huit jours" après l'achèvement du puits, tandis que le ministre de la Santé Jaime Manalich avait estimé que le sauvetage pourrait intervenir dès mardi.

Les mineurs seront hissés à la surface dans une étroite cage-nacelle métallique treuillée par une grue. L'opération devrait s'étaler sur un jour et demi à deux jours, à raison d'une heure ou un peu plus par individu. Les 33 hommes devront auparavant élargir à l'explosif la zone d'arrivée du puits, pour faciliter les manoeuvres avec la nacelle.

Beaucoup de calme dans la mine

L'effervescence est palpable près de la mine de cuivre et d'or isolée dans le désert d'Atacama, une ruche chaque jour plus active où un millier de journalistes sont attendus ce week-end. Certaines familles ne cachent plus leur lassitude devant l'agitation. "J'en ai assez de toute cette bulle. Je veux que ça s'arrête", lance Carla Herrera, 34 ans, soeur du mineur Daniel Herrera.

Les mineurs ont vécu la jonction avec "beaucoup de calme", a assuré Laurence Golborne. Ils sont "très contents, et en bonne santé", alors que leur sauvetage est une question de jours, selon le médecin sportif Jean Romagnoli, qui les suit à l'extérieur. "Ils dont dans une très bonne forme physique et ont un très bon moral, ce qui aide toujours".

Le président Pinera sur place mardi?

Des répétitions générales du "Jour J" ont commencé jeudi, incluant le transfert à l'hôpital de Copiapo -moins d'un quart d'heure- à bord d'hélicoptères de l'armée. Les mineurs seront hospitalisés d'urgence si nécessaire, ou, dans un deuxième temps, pour des examens approfondis de 48 heures, après un contact restreint avec quelques proches. Jaime Manalich a rappelé que les principaux soucis de santé à ce jour de ces 33 hommes découverts en vie au bout de 17 jours par une sonde souterraine sont "des problèmes dentaires d'une certaine intensité", et "des problèmes cutanés".

Le président chilien Sebastian Pinera a quant à lui déclaré qu'il ferait son possible pour être disponible mardi, au lendemain d'une visite en Equateur, pour assister au sauvetage des mineurs, ajoutant cependant ne pas avoir de garantie sur la date exacte de leur remontée. "Je m'attends à ce qu'ils soient secourus la semaine prochaine. Mardi, mercredi, jeudi, cela a peu d'importance", a déclaré le président s'adressant à la presse à Santiago. "L'important est qu'ils soient secourus en vie, et de manière sûre".

agences/cer

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Chronologie d'un sauvetage

Il aura fallu trente-trois jours de travaux pour parvenir aux 33 mineurs coincés depuis plus de deux mois au fond d'une mine du Chili et dont la remontée en surface pourrait débuter la semaine prochaine.

- 5 août : 33 mineurs sont bloqués dans la mine d'or et de cuivre de San José (800 km au nord de Santiago), après un éboulement.

- 12 août : le ministère des Mines estime que les probabilités de retrouver les mineurs en vie sont "faibles".

- 22 août: les mineurs sont découverts vivants par une sonde souterraine. Ils font remonter un message sur un bout de papier. "Nous allons bien, les 33, dans le refuge", est-il écrit. Ils paraissent en bonne santé au cours d'un premier contact visuel à l'aide d'une caméra.

- 23 août : ils reçoivent un premier ravitaillement via un conduit. Proche de la faillite, la compagnie San Esteban, propriétaire de la mine, doute de pouvoir verser les salaires.

- 25 août : les autorités annoncent que les "33" savent désormais que leur sauvetage sera long (trois à quatre mois). Premier échange de courrier entre les mineurs et leurs proches.

- 26 août : la télévision diffuse les premières images des 33 hommes, montrant leur organisation sous terre. La justice bloque 1,8 million de dollars de revenus de la mine, afin de garantir de futures indemnités.

- 29 août : premiers dialogues par radio-téléphone avec les proches et message du pape.

- 30 août : début du percement d'un puits de secours de 30 cm de large par une Strata 950.

- 5 septembre : commencement d'un deuxième forage par une foreuse "T-130".

- 19 septembre : une foreuse pétrolière commence à creuser un troisième puits, directement au diamètre requis de 66 cm (Plan C).

- 25 septembre: arrivée d'une première nacelle qui doit servir à remonter les hommes.

- 30 septembre : les familles de 29 des 33 mineurs déposent une demande d'indemnisation de 12 millions de dollars à l'intention des propriétaires de la mine.

- 9 octobre : le puits de secours atteint les mineurs au fond. Leur remontée à la surface pourrait débuter dès mardi 12, selon le ministre de la Santé.