Selon des résultats partiels portant sur un cinquième des bureaux de vote publiés dans la soirée par la Commission électorale, le parti nationaliste Ata-jourt obtenait 10,05% des suffrages, le Parti social-démocrate SDKP (centre-gauche) favorable au gouvernement provisoire 7,98%, le parti Respublika de l'homme d'affaires Omourbek Babanov 7,17%, le parti Ar-Namys de l'ex-Premier ministre pro-russe Felix Koulov 6,8% et le parti Ata-Meken également proche du gouvernement intérimaire 6,41%.
Un Parlement mis en place
Ces partis seraient les seuls à franchir la barre des 5%, seuil d'entrée au Parlement. Ces résultats partiels faisaient état de scores totalisant, pour l'ensemble des 29 partis en lice, un peu plus de 50 points de pourcentage. La participation ayant été annoncée à 54,46%, les scores pourraient être rapportés au nombre des inscrits et nombre des votants. Il n'était cependant pas encore possible d'obtenir une confirmation de ces chiffres auprès de la commission électorale.
Le SPDK et Ata-Meken soutiennent le gouvernement provisoire mis en place après le renversement en avril du régime du président Kourmanbek Bakiev, dans lequel il a joué un rôle central. Ce pouvoir intérimaire a fait adopter en juin une nouvelle Constitution qui supprime le système présidentiel, en vigueur dans les autres pays de la région, au bénéfice du Parlement.
Une réforme ambitieuse
Cette réforme, vouée à faire du Kirghizstan la première démocratie parlementaire de la région, a été saluée par les Etats-Unis mais vertement critiquée par la Russie qui estime qu'elle favorise l'extrémisme et la dislocation du pays. Le parti nationaliste Ata-Jourt, farouchement opposé aux aspirations des minorités ethniques du pays, est visé par une enquête judiciaire pour incitation à la haine raciale après les violences interethniques qui ont fait en juin entre 400 et 2.000 morts, en majorité des membres de la minorité ouzbèke, dans le sud du Kirghizstan.
De premiers résultats représentatifs seront connus lundi à la mi-journée et les résultats définitifs dans deux ou trois jours, a indiqué la commission électorale, selon laquelle la participation a été de 54,46%.
Crainte de nouvelles violences
"C'est une journée historique pour le Kirghizstan", avait estimé dimanche matin la présidente par intérim Rosa Otounbaïeva, après avoir glissé son bulletin dans l'urne. Rosa Otounbaïeva a été placée à la tête du pays jusqu'au 31 décembre 2011 à la suite du soulèvement sanglant (87 morts) qui a renversé en avril le président Kourmanbek Bakiev, au pouvoir depuis 2005.
Ex-république soviétique très pauvre, mais située à un point stratégique qui lui vaut d'accueillir des bases militaires tant russe qu'américaine, ce pays de 5,3 millions d'habitants sort d'une longue période d'instabilité, marquée aussi par des heurts ethniques dans le sud qui ont fait entre 400 et 2.000 morts selon les sources.
Pays le plus volatile de la région, qui a connu deux révolutions en cinq ans, le Kirghizstan peine à retrouver la stabilité et ce scrutin a fait craindre de nouvelles violences.
agences/cer
La liste des principaux partis en lice
- ATA-MEKEN: Dirigé par Omourbek Tekebaïev, ancien président du Parlement et l'un des auteurs de la nouvelle Constitution kirghize. Fondé en 1992, ce parti de centre-gauche soutient le gouvernement intérimaire en place depuis la révolution d'avril qui a chassé le président Kourmanbek Bakiev.
- PARTI SOCIAL-DEMOCRATE (SDKP): Un ancien Premier ministre et ex-candidat à la présidentielle, Almazbek Atambaïev, est à la tête de ce parti soutenant le gouvernement provisoire, dont l'électorat se concentre dans le nord du pays. Il a joué un rôle central lors des révolutions de mars 2005 et avril 2010.
- AR-NAMYS: Le parti de l'ex-Premier ministre et ancien général Felix Koulov, est opposé à la nouvelle Constitution kirghize et prône le maintien d'un président fort. Il a été reçu en septembre à Moscou par le président russe Dmitri Medvedev, qui s'est aussi dit opposé à un système parlementaire au Kirghizstan. Ar-Namys a signé un accord avec Russie unie, le parti du chef du gouvernement russe, Vladimir Poutine.
- ATA-JOURT: Ce parti nationaliste kirghiz rassemblant aussi des partisans de M. Bakiev est populaire dans le sud du pays, où des violences interethniques ont fait en juin entre 400 et 2.000 morts, en majorité des membres de la minorité ouzbèke. La justice a ouvert mercredi une enquête contre ce mouvement dirigé par un ancien ministre, Kamtchybek Tachiev, pour incitation à la haine ethnique.
- RESPUBLIKA: ce nouveau venu en politique, dirigé par l'homme d'affaires Omourbek Babanov, mise sur la présence de célébrités dans ses rangs, comme Alene Ofoyo, un champion de kick-boxing né à Bichkek d'une mère russe et d'un père congolais.