Huit des douze raffineries françaises sont à l'arrêt mercredi en raison de la grève contre la réforme des retraites, sans conséquences pour le moment, mais les automobilistes pourraient commencer à manquer de carburant dans les semaines à venir si le mouvement se poursuit.
Au lendemain d'une journée de mobilisation record (3,5 millions de manifestants selon les syndicats et 1,2 million selon la police), le groupe pétrolier Total a déclaré qu'en raison de la grève, faire tourner les raffineries "devient incompatible avec un fonctionnement normal pour des raisons de sécurité".
Automobilistes inquiets
L'arrêt d'une raffinerie, processus très lourd, prend entre 48 heures et cinq jours en fonction de sa taille, tout comme le redémarrage des installations (entre 48 et 72 heures s'il n'y a pas de problème technique). En plus de celles de Total, deux autres raffineries sont à l'arrêt, autour de l'étang de Berre, dans le sud de la France, ce qui représente plus de 70% des capacités du secteur.
Et parmi celles qui tournent, certaines sont affectées par des grèves partielles tandis que d'autres manquent de brut. Malgré l'ampleur du mouvement, les industriels du secteur soulignent que les stations-service continuent à être alimentées par les dépôts pétroliers. "Pour le consommateur, ça ne change rien car les dépôts de distribution continuent à fonctionner", a affirmé le président de l'Union française des industries pétrolières. Mais certaines des 12'500 stations-service réparties sur le territoire connaissaient déjà des difficultés, en raison d'achats inhabituellement élevés d'automobilistes inquiets.
La SNCF continue
A la SNCF, la grève a été "massivement" reconduite pour la journée de jeudi dans "toutes les assemblées générales" organisées mercredi matin. Selon la direction de la SNCF, le taux de participation à la grève était mercredi de 24,6% pour l'ensemble du personnel, contre 40,4% mardi.
Les perturbations annoncées sont à peu près les mêmes que la veille avec en moyenne, en circulation, un TGV et un Corail de jour sur trois, quatre trains sur dix pour le Transilien en heure de pointe et les TER.
Le trafic international était plutôt épargné avec un service normal sur Eurostar, huit Thalys sur dix, huit trains sur dix vers l'Allemagne et neuf sur dix vers la Suisse, mais en revanche aucun train de nuit n'a circulé, et notamment le Pau-Casals (Zurich-Barcelone).
Le gouvernement ira "jusqu'au bout"
Inflexible, le gouvernement a redit sa détermination d'aller jusqu'au bout. Le ministre du Travail Eric Woerth, chargé du dossier sur la réforme des retraites, s'est dit "calme, serein, déterminé". La journée d'action intersyndicale de mardi, la quatrième depuis début septembre, "était un mouvement fort. C'est une réforme qui est forte, donc qu'il y ait des manifestations fortes, ce n'est pas surprenant", a-t-il dit à la radio RTL.
Il a affirmé que la réforme des retraites était "raisonnable", car "deux ans de plus de travail, c'est moins d'efforts que ce qu'ont demandés beaucoup de pays européens". "Il faut accepter de travailler plus".
De son côté, Bernard Thibault, le leader de la CGT, l'un des deux principaux syndicats français, a appelé à "trouver les moyens d'augmenter la pression sur le gouvernement" pour obtenir une négociation sur les retraites, alors que des assemblées générales devaient décider d'éventuelles reconductions de grèves.
agences/boi
Pour s'informer
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Sur le Teletext: TSR1, page 487 (trains) ou 460 (vols)
Sur le site des CFF: www.cff.ch
Sur le site de Cointrin: www.gva.ch