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Les 33 mineurs ont retrouvé l'air libre

Luis Urzua, le dernier mineur à avoir refait surface. A sa gauche, le président chilien Sebastian Pinera.
Luis Urzua, le dernier mineur à avoir refait surface. A sa gauche, le président chilien Sebastian Pinera.
Les 33 mineurs bloqués sous terre depuis plus de deux mois au Chili ont retrouvé l'air libre mercredi soir, au terme d'un sauvetage historique, émouvant, et maîtrisé à la perfection. Fasciné, le monde entier a eu les yeux braqués sur le "camp Espoir" de la mine San José.

Le dernier hissé à la surface à 21H55 (2h55 heure suisse) a été Luis Urzua, le "capitaine" du groupe en tant que chef de quart, après 69 jours sous terre. Au même moment, 33 ballons aux couleurs du Chili ont été lancés dans le ciel au-dessus du "camp Espoir", où les proches des mineurs les ont attendus depuis l'éboulement qui les a piégés à plus de 600 m de profondeur le 5 août.

"Merci à tout le Chili et à toutes les personnes qui nous ont secourus. Je suis fier de vivre ici", a lancé cet homme de 54 ans, père de deux enfants, qui a pris en main l'organisation du groupe après l'accident.

Il a notamment rationné la nourriture à raison de deux bouchées de thon en boîte et d'un demi-verre de lait tous les deux jours par mineur, jusqu'à ce qu'une sonde ne finisse par remonter le 22 août un message griffonné sur un bout de papier, devenu célèbre: "Nous allons bien, les 33, dans le refuge". "Ils voulaient tous embrasser la tête foreuse", s'est souvenu mercredi Luis Urzua.

Un milliard de téléspectateurs

Le leader des "33" a longuement étreint le président Sebastian Pinera qui l'a "félicité pour avoir rempli son devoir de capitaine, en sortant en dernier". Le président chilien a annoncé qu'un milliard de téléspectateurs avaient suivi les opérations à travers le monde.

Les deux hommes et les secouristes ont ensuite entonné l'hymne chilien, casque de mineur sur le coeur. Dans la capitale Santiago à 800 km au sud, un concert de klaxons a retenti dans les rues pour saluer la délivrance du 33e mineur.

Trente-trois ballons aux couleurs du Chili ont été lâchés dans le ciel. [KEYSTONE - ESTEBAN GONZALEZ]
Trente-trois ballons aux couleurs du Chili ont été lâchés dans le ciel. [KEYSTONE - ESTEBAN GONZALEZ]

Les secours ont battu tous les pronostics des autorités, remontant les "33" en moins de 22 heures à bord d'une capsule aux couleurs blanc, bleu, rouge du drapeau chilien et baptisée Phénix en référence à la "renaissance" des mineurs.

Les six secouristes qui les ont préparés sont ensuite remontés après avoir brandi un panneau "Mission accomplie", laissant derrière eux la galerie de mine vide, mais lumières des projecteurs allumées... L'opération "San Lorenzo" (d'après le saint-patron des mineurs), pour retrouver et sortir de la mine les "33", a coûté "entre 10 et 20 millions de dollars" (7 à 14 millions d'euros), selon le président Pinera.

Un cas de pneumonie

Avec une prière à genoux, un poing rageur brandi, un cri ou une blague, les mineurs ont salué différemment leur délivrance. Mais tous, comme le premier secouru Florencio Avalos, 31 ans, ont longuement enlacé épouse, compagne, enfants. "J'étais très angoissée, mais maintenant je suis heureuse", a raconté Rossana Gomez, fille du doyen des "33", Mario Gomez, 63 ans. "J'ai changé, je suis un homme différent", a-t-il lancé en sortant, visiblement en forme, même si les docteurs l'ont trouvé "un peu faible".

L'état de santé général des mineurs est "plus que satisfaisant", a affirmé le ministre de la Santé Jaime Manalich depuis l'hôpital de Copiapo où les mineurs ont été admis, à 50 km de la mine. Les seules complications concernent deux mineurs non identifiés qui seront opérés jeudi pour "des foyers d'infections dentaires assez sévères" et un cas de pneumonie déjà traité depuis quelques jours.

Le président bolivien Evo Morales, venu saluer son compatriote Carlos Mamani, seul étranger des "33", s'est demandé "comment payer notre dette pour ces efforts" déployés par le Chili. Le président américain Barack Obama, le chef de l'Etat brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le gouvernement français et beaucoup d'autres, dont le pape Benoît XVI ou l'ex-footballeur Diego Maradona, ont salué ce sauvetage.

Avec Dieu, le Diable et... Elvis Presley

Le "33" le plus loquace, Mario Sepulveda, 39 ans, s'est confié dans un bref monologue diffusé sur la télévision publique chilienne. "J'ai été avec Dieu, et avec le Diable. Je me suis bagarré avec eux", a raconté "Super Mario", les yeux protégés par des lunettes spéciales après plus de deux mois de pénombre, aux côtés de sa femme Katty et de ses deux enfants.

Aux abords de la mine, la cohue médiatique a dégénéré en pugilat au moment de la sortie du premier mineur. Plus de 2000 journalistes ont accouru pour le "happy end" de cette saga souterraine sans précédent qui a fait la une des médias du monde entier. En deux mois, les "33" sont devenus des vedettes planétaires.

Dernier exemple en date: Edison Pena, fan d'Elvis Presley, a été invité avec un être cher à Graceland, l'ancienne résidence du "King" transformée en musée à la gloire du rocker américain à Memphis (Etats-Unis). Ils seront aussi reçus comme des héros à Copiapo. Mercredi soir, des milliers de personnes ont bruyamment fêté leur retour à la surface sur la place principale de cette ville-dortoir de 150'000 habitants.

afp/ant

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