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L'OIF, un allié paradoxal des écrivains romands

Jérôme Meizoz, écrivain et enseignant de littérature française à l'Université de Lausanne. [unil]
Jérôme Meizoz, écrivain et enseignant de littérature française à l'Université de Lausanne (UNIL). - [unil]
Pour les politiques, l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) sert à combattre le "globish" et l'hégémonie d'une société de consommation à l'américaine. Mais pour les écrivains romands, il sert plutôt à contrer la domination de la littérature française.

Pour un auteur francophone non français, il est en effet très difficile d'exister dans l'Hexagone. "En France on fait une différence entre la littérature francophone, écrite en français mais pas par des Français, et la littérature française, écrite par des  Français", explique Gilles Revaz, ancien chercheur au Fonds national  suisse de la recherche scientifique (FNRS) et auteur de "La Suisse et la Francophonie" en 2003.

La littérature francophone est considérée inférieure à la littérature française. Et lorsque certains écrivains "francophones" sont intégrés à cette dernière, comme par exemple le Genevois Jean-Jacques Rousseau, "on oublie ensuite qu'ils ne sont pas Français", dit Gilles Revaz.

Au niveau culturel la Francophonie sert donc à donner un espace de rayonnement plus large aux auteurs francophones. "Grâce à l'OIF, des écrivains romands peuvent espérer être plus facilement lus en Belgique ou au Québec", poursuit-il.

Effet d'exclusion

Mais si cette union permet de faire la force, elle a aussi des effets collatéraux. C'est ce que regrette le Suisse Jérôme Meizoz, écrivain et enseignant de littérature française à l'Université de Lausanne (Unil).

"La Francophonie littéraire a de bonnes intentions. Mais en même temps elle ratifie la coupure entre les écrivains francophones et la  production "française", pourtant inséparables dans les faits, dit-il.

Si bien qu'au final, il en résulte aussi des effets d'exclusion. "La littérature francophone a moins de prestige que la «française" dans la recherche universitaire. Pour les écrivains francophones hors de France, la possibilité d'être lu en France demeure faible car la diffusion des livres est faible", constate-t-il.

ats

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