Alors que s'accentue la crainte d'une paralysie de l'économie française, trois dépôts de carburant de l'ouest du pays ont été débloqués dans le calme, dans la nuit de mardi à mercredi mais les accès à l'un d'eux, celui de Donges, ont été aussitôt rebloqués.
Le président français Nicolas Sarkozy a affirmé mercredi qu'il avait ordonné le déblocage de tous les dépôts de carburants, "afin de rétablir au plus tôt une situation normale", dans un communiqué. Il avait annoncé la veille sa volonté de prendre des mesures.
Les 12 raffineries françaises sont paralysées et plusieurs dépôts de carburant bloqués, parfois de manière temporaire, dans des actions qui sont devenues le principal moyen de pression dans le cadre de la contestation contre la réforme qui prévoit de reculer l'âge minimal de départ à la retraite de 60 à 62 ans.
Production d'électricité touchée
La France a été encore contrainte d'importer des quantités massives d'électricité mercredi, en raison des baisses de production décidées par les grévistes et de l'arrêt de nombreux réacteurs nucléaires pour maintenance.
Un ralentissement de l'activité a été signalé mardi dans la restauration, le commerce de détail, le bâtiment ou les travaux publics, en raison des pénuries de carburant. Un syndicat d'infirmiers a prévenu mercredi que les soins à domicile ne pourraient "bientôt plus être assurés" dans "au moins 17 départements".
Vacances compromises
A deux jours des vacances de la Toussaint, près de 3200 des 12'300 stations-service du pays étaient en rupture totale de carburant et 1700 autres en difficulté d'approvisionnement sur un ou plusieurs produits, selon le ministère de l'Ecologie Jean-Louis Borloo. Le Premier ministre François Fillon a promis mardi de ramener à la "normale" la situation dans les stations-service en "quatre à cinq jours".
Le trafic ferroviaire restait perturbé mercredi, mais moins que la semaine dernière. Trois trains à grande vitesse sur quatre en moyenne devaient être assurés jeudi au départ et à l'arrivée de Paris, environ un train sur deux en province. Un peu partout, des barrages filtrants ont gêné la circulation.
Vers une nouvelle journée de grève
En dépit d'une très forte mobilisation mardi, lors de la sixième journée d'action nationale depuis la rentrée, le chef de l'Etat a répété que la réforme des retraites irait "à son terme". Evoquant une "réforme du bon sens", François Fillon s'est lui déclaré persuadé qu'elle finirait par faire l'objet "d'un large consensus national".
Les syndicats doivent se réunir à nouveau jeudi pour décider d'une nouvelle journée de grèves et de manifestations, qui pourrait avoir lieu dès mardi prochain. Mardi, entre 1,1 et 3,5 millions de personnes ont défilé dans les rues selon les sources et le mouvement continue à bénéficier d'un large soutien de l'opinion, selon plusieurs sondages.
afp/ap/sbo
Nouvelles violences à Lyon
De nouveaux incidents ont éclaté mercredi entre jeunes et policiers dans le centre de Lyon, où un très important déploiement de forces de l'ordre a été mis en place, dont un hélicoptère de surveillance.
Lors d'une visite express sur place, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a déclaré que "la France n'appartient pas aux casseurs, aux pilleurs ou aux caillasseurs".
Depuis le début de la mobilisation, les actions lycéennes ont été parfois marquées par des débordements violents, essentiellement du fait de jeunes casseurs extérieurs aux établissements. Brice Hortefeux a annoncé l'interpellation de "1423 casseurs en une semaine".
Les violences ont été particulièrement impressionnantes mardi dans le centre ville de Lyon, où des casseurs ont pillé des commerces, incendié des voitures et détruit des abribus. Des incidents ont également eu lieu en région parisienne.
A Paris en revanche, près d'un millier de lycéens ont manifesté dans une ambiance festive devant le Sénat, où la réforme a été discutée jusqu'au petit matin.
Selon le ministère de l'Education, 178 lycées étaient bloqués mercredi (4% des établissements).