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France: entretenir la colère et la mobilisation

Les manifestants, ici devant le Sénat, n'entendent pas relâcher la pression. [Reuters - � Charles Platiau / Reuters]
Les manifestants, ici devant le Sénat, n'entendent pas relâcher la pression. - [Reuters - � Charles Platiau / Reuters]
Les syndicats français se réunissent jeudi pour décider d'une nouvelle journée de grèves et manifestations contre la réforme des retraites, qui pourrait avoir lieu dès la semaine prochaine. A Marseille, l'aéroport a été bloqué trois heures. Nicolas Sarkozy, lui, oscille entre pédagogie et fermeté.

Le dirigeant de l'un des principaux syndicats français, la CGT, Bernard Thibault a déclaré jeudi qu'il n'y avait "aucune raison d'arrêter" les protestations contre la réforme, préconisant "un nouveau temps fort dès la semaine prochaine".

Cette nouvelle journée d'action, dont la date sera décidée jeudi après-midi par l'intersyndicale, pourrait se dérouler mardi ou jeudi prochain. Les syndicats souhaitent maintenir la mobilisation dans la rue, qui atteint depuis plusieurs semaines des niveaux record.

Lycéens et étudiants sont de nouveau appelés à manifester ce jeudi. Mardi dernier, entre 1,1 et 3,5 millions de personnes, selon les sources, ont défilé, lors de la sixième journée d'action nationale depuis la rentrée contre la réforme, qui doit reculer l'âge minimal de départ à la retraite de 60 à 62 ans.

Risques de paralysie

La France reste confrontée à des risques importants de paralysie en raison de l'impact du mouvement dans le secteur énergétique. Les 12 raffineries du pays sont paralysées et plusieurs dépôts de carburant bloqués, parfois de manière temporaire, dans des actions qui sont devenues le principal moyen de pression contre la réforme.

Les manifestants ont bloqué les accès à l'aéroport de Marseille durant trois heures. [REUTERS - � Jean-Paul Pelissier / Reuters]
Les manifestants ont bloqué les accès à l'aéroport de Marseille durant trois heures. [REUTERS - � Jean-Paul Pelissier / Reuters]

Plus d'un quart des station-services ne sont plus approvisionnées en carburant et une partie des autres ne le sont que partiellement, a annoncé jeudi le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux. "74% des station-services sont totalement ou partiellement approvisionnées et 26% sont bloquées", a-t-il affirmé, confirmant que les forces de l'ordre allaient continuer à débloquer les dépôts occupés, comme l'a demandé le président Nicolas Sarkozy.

Le ministre de l'Intérieur a écarté tout risque de pénurie à court terme, à la veille des premiers départs en vacances de Toussaint. "Il y a plusieurs semaines de réserves de carburant dans les dépôts", a-t-il assuré.

Pédagogie et fermeté présidentielle

Nicolas Sarkozy a conservé sa ligne de défense sur la réforme des retraites, s'exprimant successivement devant des ouvriers puis des élus locaux, jeudi à l'occasion d'un déplacement à Bonneval (Eure-et-Loir). Pendant près d'un quart d'heure, le chef de l'Etat s'est livré à une explication de la réforme devant quelques dizaines d'ouvriers qui l'entouraient, après la visite d'une usine de fabrication d'équipement professionnel de cuisine.

Sur un ton informel, le président a tenté d'user de sa force de conviction pour défendre le projet de loi actuellement en discussion au Sénat, critiquant au passage l'attitude du Parti socialiste. C'est tellement facile de dire 'dormez bien, tout va bien!'", s'est-il exclamé.

Réaffirmant entendre les "inquiétudes", et admettant que les syndicats "sont dans leur rôle", le chef de l'Etat a fermement critiqué les blocages de dépôts de pétrole. Le président a aussi pointé du doigt les mouvements lycéens. "Les lycéens d'aujourd'hui, il y a en un sur deux qui vivra jusqu'à 100 ans, alors je pense que ce n'est pas très raisonnable de les faire manifester pour la retraite à 60 ans!", s'est-il exclamé.

Ralentissement

Un ralentissement de l'activité a été signalé dans la restauration, le commerce de détail, le bâtiment ou les travaux publics, par manque de carburant. Le trafic ferroviaire restait perturbé jeudi, mais moins que la semaine dernière. Trois trains à grande vitesse sur quatre en moyenne devaient être assurés au départ et à l'arrivée de Paris, environ un train sur deux en province.

La France a aussi été contrainte mardi et mercredi d'importer des quantités massives d'électricité, en réponse aux baisses de production décidées par les grévistes et de l'arrêt de nombreux réacteurs nucléaires pour maintenance.

afp/ther

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Marseille bloqué trois heures

L'aéroport de Marseille-Provence, situé sur la commune de Marignane (Bouches-du-Rhône), a été bloqué jeudi matin pendant plus de trois heures par des barrages de manifestants hostiles à la réforme des retraites.

Plusieurs centaines de grévistes ont empêché vers 5h tous les véhicules de passer. Des banderoles de la CGT et de la FSU ont été déployées sur le rond-point qui permet normalement d'accéder à l'aérogare.

A l'arrivée des forces de l'ordre vers 8h30, les grévistes sont partis spontanément. Des personnels de l'aéroport, d'Air France, de la grande distribution, des raffineries, mais aussi des chômeurs, des agents du port, de la pétrochimie, des enseignants et des postiers figuraient parmi les manifestants.

Un important embouteillage s'était formé. Certains voyageurs ont vainement tenté de forcer le barrage, avant de se résoudre à abandonner leurs véhicules pour se rendre à pied jusqu'à l'aéroport.