A Tijuana, dimanche soir, treize pensionnaires d'un centre de désintoxication ont été abattus par un groupe d'hommes de main. Les tueurs n'ont pas agi au hasard, mais ont choisi leurs victimes et les ont alignées contre le mur avant d'ouvrir le feu, selon la police.
Peu après, des inconnus ont diffusé sur la fréquence radio de la police un avertissement selon lequel il y aurait sous peu 135 meurtres, une référence vraisemblable à la saisie de quelque 135 tonnes de marijuana le 18 octobre à Tijuana, la plus importante dans les annales au Mexique. "Cela ne fait que commencer", ont répété les messages pirates entre deux airs de "musique narco", des chansons à la gloire des trafiquants.
Centres de désintoxication, des cibles de choix
La tuerie à Tijuana, dimanche, confirme que les centres de désintoxication sont une cible de choix pour les trafiquants, qui y pourchassent clients et vendeurs de leurs "concurrents". Les exemples précédents venaient de Ciudad Juarez et sa région, avec trois massacres qui ont fait une cinquantaine de morts ces deux dernières années.
La saisie record de Tijuana était intervenue à la suite d'une fusillade entre un convoi de camions suspects et des policiers locaux, bientôt renforcés par l'armée. Onze personnes avaient été arrêtées, et les enquêteurs pensent que la cargaison de marijuana était transportée par "l'organisation du Pacifique", constituée par le cartel "de Sinaloa" et ses gangs alliés.
2500 morts depuis le début de l'année
Samedi, à Ciudad Juarez, la ville la plus meurtrière du pays, ensanglantée par la rivalité de deux cartels de la drogue, les tueurs ont suivi un autre scénario "classique": ils ont fait irruption dans une fête familiale, tirant en rafale et sans distinction sur hommes, femmes et enfants et laissant 14 morts et 20 blessés derrière eux.
A Ciudad Juarez, où on compte plus de 2500 morts depuis le début de l'année, les rues sont ensanglantées par la rivalité entre le vieux cartel local, dit "de Juarez", et celui "de Sinaloa", considéré comme le plus puissant du pays, et dirigé depuis sa "cavale" par Joaquin "Chapo" (le petit) Guzman. Evadé d'un pénitencier mexicain en 2001, il est désormais classé au nombre des milliardaires en dollars par le magazine américain Forbes.
Tristes records
Les trafiquants mexicains s'entretuent pour s'assurer le contrôle du territoire et de la route de la drogue vers les Etats-Unis, premier client mondial de la cocaïne. Dans tout le pays, cette "guerre des cartels" a fait plus de 28'000 morts, entre règlements de comptes et affrontements avec les forces de l'ordre, depuis l'arrivée au pouvoir du président Felipe Calderon en décembre 2006. Le bilan ne cesse de battre des records, malgré le déploiement de 50'000 militaires dans le pays.
afp/cem
A Saltillo, une fusillade coûte la vie à trois passants
Dimanche également, trois passants ont été tués au cours d'une fusillade entre des hommes armés, la police et des soldats dans le nord du Mexique. Des tireurs circulant à bord de deux véhicules ont ouvert le feu sur un convoi de policiers fédéraux et de soldats dans la ville de Saltillo, dans l'Etat de Coahuila. Les policiers et les soldats ont riposté.