Les salariés des deux raffineries Esso du groupe américain Exxon-Mobil ont voté la reprise du travail, de même que ceux de la raffinerie du groupe suisse Petroplus, située à Reichstett (est). Neuf raffineries, sur les 12 que compte le pays, restent cependant en grève. L'industrie pétrolière note aussi une amélioration dans les dépôts de carburant du pays. Neuf sites (sur 219 dépôts au total), ceux rattachés aux raffineries en grève, restent bloqués, après l'intervention de la police pour permettre l'approvisionnement dans plusieurs d'entre eux.
Le secteur stratégique du pétrole et des carburants est devenu depuis deux semaines le fer de lance de la contestation des syndicats contre le projet de réforme des retraites de Nicolas Sarkozy. Les grèves ont failli entraîner la paralysie du pays et la situation restait encore très tendue lundi, en pleines vacances d'automne, avec une station-service sur trois en difficulté dans l'ensemble du pays.
A Marseille, la grève des poubelles prend fin
Le syndicat Force ouvrière
(FO), majoritaire chez les agents de nettoiement de la Communauté urbaine de
Marseille, a voté lundi la suspension du mouvement de grève de la collecte des
ordures dans la ville. Cette décision a été prise pour éviter une dégradation
de l'hygiène et des risques d'incendies, a expliqué FO. "Le travail doit
reprendre mardi matin", a précisé à Reuters le secrétaire adjoint FO des
territoriaux, Patrick Rué.
A l'exception des chauffeurs de bennes, qui devaient
encore tenir leur assemblée générale, le personnel s'est massivement prononcé
pour la suspension de la grève entamée le 11 octobre. "Nous sommes un
syndicat responsable, c'est pourquoi nous demandons la suspension du mouvement
dans le secteur du nettoiement", a expliqué lors d'un point presse le
secrétaire général FO des territoriaux, Claude Argy. Près de 10'000 tonnes
d'ordures se sont accumulées depuis quinze jours sur les trottoirs de la ville.
FO estime qu'il faudra quatre ou cinq jours pour revenir à une situation
normale.
Plus grande crise de l'ère Sarkozy
Le texte de loi très impopulaire, qui prévoit de reculer de 60 à 62 ans l'âge minimal de départ à la retraite, doit être adopté définitivement mercredi par le Parlement. Mais les syndicats ne désarment pas. Ils promettent de nouveaux bras de fer dans la rue cette semaine, avec une nouvelle journée nationale de grèves et de manifestations jeudi dans tout le pays, précédée mardi de protestations d'étudiants. Une autre journée d'action aura lieu le 6 novembre. Le gouvernement a insisté lundi sur l'impact économique de tels mouvements sociaux.
La contestation de la réforme des retraites constitue la plus grande crise pour Nicolas Sarkozy depuis son élection en 2007. Au plus fort de la mobilisation, mi-octobre, entre 1,2 et 3,5 millions de personnes sont descendues dans les rues du pays pour réclamer une refonte de la réforme, jugée "injuste" par l'opposition et une large partie de l'opinion, mais "indispensable" par le gouvernement étant donné l'allongement de la durée de la vie.
Le gouvernement ne cédera pas
Très impopulaire, Nicolas Sarkozy a prévenu qu'il ne céderait pas sur cette réforme, dont il a fait le symbole de sa capacité à changer la France et sur laquelle il compte capitaliser avant de remanier son gouvernement dans la perspective de la présidentielle de 2012. La réforme doit être adoptée définitivement cette semaine par le Parlement et sans doute promulguée à la mi-novembre. La promulgation permet la mise en application du texte.
"Le dossier retraite restera comme le fiasco majeur du gouvernement", a estimé l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius. Lundi, le porte-parole socialiste Benoît Hamon a dénoncé un projet "injuste" et s'est associé à la CGT, un des principaux syndicats, pour demander à Nicolas Sarkozy de "ne pas promulguer la loi". Signe de la volonté du gouvernement d'aller désormais très vite, une commission de sénateurs et de députés s'est accordée lundi sur un texte commun de la réforme (lire ci-contre), harmonisant les versions légèrement différentes votées par les deux chambres. Le nouveau texte doit être approuvé d'ici mercredi par chacune d'elles.
agences/mej
Une facture salée, mais difficile à chiffrer
La facture pour l'économie française est estimée par "certains (...) entre 200 et 400 millions d'euros par jour" de grève, a déclaré Christine Lagarde, ministre de l’Economie, à la radio Europe 1, soulignant toutefois que ce coût était "difficile à chiffrer".
"Il est évident que le secteur chimique, en particulier, qui a un besoin important de ravitaillement en produits pétroliers, souffre", a-t-elle souligné.
Selon le journal Le Figaro de lundi, qui cite les services du ministère de l'Economie, la facture totale pour les huit journées nationales de grèves et manifestations organisées contre la réforme en France est évaluée "de 1,6 milliard à 3,2 milliards d'euros".
Le quotidien évalue les pertes à 33 millions d'euros par jour dans l'industrie chimique, 5 millions par jour pour la compagnie aérienne Air France et souligne le manque à gagner pour les secteurs touristiques comme l'hôtellerie ou la restauration. La contestation de la réforme des retraites constitue la plus grande crise pour le président Nicolas Sarkozy depuis son élection en 2007.
Christine Lagarde a également évoqué un "préjudice moral" pour la France, son image étant, selon elle, affectée à l'étranger par les incidents qui ont émaillé les manifestations contre la réforme des retraites. "C'est l'attractivité du territoire qui est en cause quand on voit des images comme celles-là", a-t-elle affirmé.
Interrogée sur les effets de ces grèves sur la croissance et la reprise, Christine Lagarde a souligné qu'il "faut laisser sa chance à la France qui est sortie de la crise dans des conditions plutôt bonnes", se refusant pour le moment à revenir sur les prévisions officielles (1,6% en 2010).
Les deux Chambres s’accordent
Les représentants de l'Assemblée nationale et du Sénat chargés d'harmoniser les deux versions des textes de la réforme des retraites adoptées séparément par les assemblées sont parvenus lundi à un accord.
Le projet doit être définitivement adopté mercredi. La commission mixte paritaire (CMP), composée de sept députés et de sept sénateurs, a abouti à un texte commun qui sera soumis mardi au Sénat. Celui-ci se prononcera dans la foulée.
L'Assemblée décidera à son tour mercredi après-midi par un vote solennel et le projet de loi réformant les retraites, qui reporte de 60 à 62 ans l'âge légal de départ et de 65 à 67 ans l'âge pour une retraite à taux plein, quel que soit le nombre de trimestres cotisés, sera alors définitivement adopté.
Il n'est toutefois pas exclu que l'opposition saisisse le Conseil constitutionnel, ce qui retarderait la promulgation de la loi, que le gouvernement souhaite la plus rapide possible. Le socialiste Laurent Fabius, qui qualifie cette réforme de "fiasco total", a jugé "probable", lundi sur Canal Plus, que les socialistes déposent un recours auprès des "sages".