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France: les grèves sont en bout de course

10'000 tonnes de déchets s'étaient accumulés dans les rues de Marseille.
10'000 tonnes de déchets s'étaient accumulés dans les rues de Marseille.
Le mouvement de contestation en France contre la réforme des retraites a donné de nets signes d'essoufflement mardi dans le secteur énergétique comme dans le monde étudiant. Un répit pour Nicolas Sarkozy, avant la dernière étape législative. Le Sénat a confirmé mardi son vote positif, avant un dernier vote solennel de l'Assemblée nationale prévu mercredi.

Le conflit sur cette réforme
phare du chef de l'Etat français, qui recule l'âge minimal de départ à la
retraite de 60 à 62 ans, en est à un "tournant", a ainsi affirmé mardi la
ministre de l'Economie Christine Lagarde. "La phase de démocratie
politique est achevée, le mouvement n'a plus de sens", a de son côté déclaré le
Premier ministre, François Fillon, lors d'une réunion devant les députés UMP.

Encore deux journées d'action prévues

L'exécutif français estime avoir gagné son bras de fer avec les syndicats, même
si deux journées de manifestations et de grèves sont encore programmées pour
jeudi prochain et le 6 novembre. Le gouvernement s'est félicité des indices de
détente sociale. La tension s'est apaisée en particulier sur le front
stratégique de l'énergie. Mardi, le travail avait repris dans cinq des douze
raffineries de France qui étaient toutes en grève depuis 10 ou 15 jours, a
annoncé le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux.

Les piquets de grève commencent à tomber les uns après les autres en France. [citizenside.com]
Les piquets de grève commencent à tomber les uns après les autres en France. [citizenside.com]

Sept sites restaient en
grève, mais la lassitude et le découragement étaient perceptibles. Comme à
Grandpuits (près de Paris), où la foule de grévistes des premiers jours a
disparu. L'approvisionnement en carburants s'est stabilisé mardi autour de
"20 à 25%" de stations-service bloquées, selon l'Union française des
industries pétrolières (Ufip).

Les pénuries de carburant ont pénalisé des
secteurs de l'économie comme le tourisme, la chimie ou le bâtiment avec des
pertes évaluées "entre 200 à 400 millions d'euros par jour" par le
gouvernement. Mardi, en dépit des vacances scolaires pour les lycéens, jeunes
et étudiants étaient appelés à se mobiliser. Seules quatre à sept universités
(sur 83) étaient perturbées.

Toujours moins d'étudiants mobilisés

Les rassemblements prévus dans plusieurs villes
ont très peu mobilisé. A Paris, le nombre des étudiants était très en-deçà des
espérances, avec environ un millier de manifestants près du Sénat. Dans les
transports, la mobilisation semblait aussi se tarir, tout comme dans le secteur
du ramassage des ordures, où le travail a repris dans plusieurs villes.

A
Marseille, deuxième ville du pays, près de 10'000 tonnes d'immondices s'étaient
accumulées dans les rues. "Il était temps", s'est réjouie une
passante en voyant à l'oeuvre les éboueurs, qui devraient mettre quatre à cinq
jours avant que la cité ne redevienne propre. Mais même si "la grève
s'effiloche", comme le titrait le quotidien Libération (gauche), les
syndicats tentaient de maintenir la pression avant la promulgation de la loi,
mi-novembre.

"Le mouvement n'est pas fini. Il continuera, il prendra
d'autres formes", a prévenu le leader de la CGT (un des deux grands syndicats français),
Bernard Thibault. Dans une ultime démarche, les députés socialistes ont annoncé
mardi qu'ils allaient déposer un recours devant le Conseil constitutionnel.

agences/mej

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Un mouvement de longue haleine

Au plus fort de la mobilisation, mi-octobre, entre 1,2 et 3,5 millions de personnes sont descendues dans les rues pour réclamer une refonte de la réforme, jugée "injuste" par l'opposition et une large partie de l'opinion mais "indispensable" par le gouvernement étant donné l'allongement de la durée de la vie.

Plusieurs responsables socialistes ont plaidé pour une saisine du Conseil constitutionnel. Prenant plutôt acte de la fin de la bataille, leur ex-patron François Hollande a mis le cap sur la prochaine présidentielle espérant que la "rancune très forte" des Français "puisse trouver (...) sa traduction politique en 2012".

Au plus bas dans les sondages, le président Nicolas Sarkozy devait quant à lui très rapidement remanier son gouvernement. Il avait fait de cette réforme le symbole de sa volonté de changer le pays. Pour la faire passer, il aura dû traverser la crise la plus grave de son mandat.