Venu à la rencontre des manifestants devant le château Saint-Ange, à proximité du Saint-Siège, le père Federico Lombardi a été accueilli aux cris de "honte, honte à vous" par les manifestants, tandis que des dizaines de journalistes se précipitaient vers lui. En conséquence, le porte-parole est reparti sans parler ni aux journalistes ni aux victimes.
Les manifestants, venus des Etats-Unis, d'Australie, de Belgique, des Pays-Bas et de Grande-Bretagne, devaient ensuite faire une marche aux flambeaux en direction de la place Saint-Pierre.
La manifestation est organisée par l'association italienne des victimes de l'institut Antonio Provolo pour enfants sourds-muets et un groupe de victimes, dont le siège est aux Etats-Unis, Survivor's Voice (www.survivorsvoice.org).
Le Vatican sous pression
"Au plus profond de moi, il y a une mémoire physique de ce qui s'est passé. Cela me rend malade et me tourmente, je ne peux pas le contrôler", a raconté à l'AFP Ton Leerschool, un entrepreneur néerlandais de 57 ans victime d'abus quand il était enfant, au cours d'une réunion avant la manifestation.
"Mais si nous pouvons amener l'Eglise à reconnaître que les abus ont eu lieu et à nous rendre justice, cela nous aidera à guérir", a ajouté cet homme, qui s'occupe aujourd'hui d'une fondation pour victimes.
Depuis la publication en novembre 2009 d'un rapport révélant des centaines d'abus sexuels sur des enfants en Irlande et couverts par la hiérarchie, le pape Benoît XVI est aux prises avec la plus grave crise de l'Eglise catholique de ces dernières années, amplifiée par des scandales similaires en Allemagne et en Belgique.
afp/sbo
"Retrouver ce que j'ai perdu"
"J'espère retrouver ici aujourd'hui ce que j'ai perdu quand j'étais petite fille, en racontant mon expérience et en portant mon flambeau", a confié Shelly Winemiller, une mère de famille de 42 ans du Wisconsin (Etats-Unis), qui a été victime de sévices sexuels, de 4 ans à 14 ans, commis par le prêtre de sa paroisse.
"Le prêtre était le meilleur ami de mon père et toute la paroisse lui faisait confiance. Quand j'ai tout raconté à ma famille il y a quatre ans, cela nous a quasiment déchirés", dit-elle sans pouvoir retenir ses larmes.
"Mais la partie la plus difficile a été de dire et répéter sans cesse aux responsables de l'Eglise ce qui s'était passé, en vivant à nouveau ces moments horribles à chaque fois, et ils n'admettent toujours pas que j'ai été victime de sévices sexuels", s'indigne-t-elle.