"Les électeurs ont envoyé un message fort au président Obama: son travail leur déplaît et ils sont encore plus en colère contre les démocrates du Congrès", écrit le New York Times dans son éditorial. La "Une" du quotidien est barrée d'un lapidaire: "Les républicains s'emparent de la Chambre des représentants, mais pas du Sénat". Sur la photo de première page, John Boehner, l'un des artisans de la victoire conservatrice, sourit timidement, semblant ému à la perspective de devenir le prochain président de la chambre basse, en remplacement de la démocrate Nancy Pelosi, honnie par la droite américaine.
D'ailleurs, se félicite le Wall Street Journal, non seulement les Américains ont-ils voulu montrer leur mécontentement à leur président, mais ils ont aussi voulu "mettre le holà aux démocrates menés par Nancy Pelosi", qui a beaucoup fait ces deux dernières années pour vanter les réformes de Barack Obama - celles du système de santé et de Wall Street, entre autres - auprès des élus et des Américains.
"Et maintenant?"
Avec une Chambre des représentants aux mains des républicains et un Sénat toujours démocrate - quoiqu'un peu moins -, le président Obama ne va pas pouvoir se contenter de compter les points entre républicains et démocrates, souligne le Washington Post dans son éditorial intitulé "Et maintenant?". "Les problèmes auxquels le pays est confronté sont trop graves pour que Washington perde deux ans (jusqu'à la présidentielle, ndlr) en bisbilles. Peu nombreux sont les problèmes qui peuvent être résolus sans une coopération entre droite et gauche", prévient le quotidien.
Le Financial Times pense, lui, déjà à 2012. "Les primaires pour la présidentielle de 2012 commencent aujourd'hui", écrit le journal. Et d'égrener les noms des candidats, supposés ou avérés, à l'investiture républicaine, de l'ancien gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee à l'égérie du Tea Party Sarah Palin en passant par Donald Trump, le magnat de l'immobilier.
Comme en 1994?
Sur le site de CNN, des politiciens comparent la déroute démocrate à celle de 1994, quand Bill Clinton était au pouvoir et que le Congrès passa en mains républicaines. Certains s'imaginent que Barack Obama pourrait profiter de la situation pour glisser un peu plus au centre de l'échiquier politique sous la couverture des républicains, et ainsi redorer son blason auprès des électeurs en vue de la présidentielle de 2012. Mais tout le monde ne partage pas cette idée.
L'historien et politologue Julian E. Zelizer rappelle ainsi que dès 1994, démocrates et républicains s'engagèrent dans une lutte de pouvoir interne sans merci, empêchant l'administration d'avancer et laissant Oussama ben Laden préparer tranquillement ses attaques contre les Etats-Unis.
L'analyste politique de Fox News, qui a tapé très fort sur Barack Obama durant toute la campagne, doute quant à lui de la capacité d'adaptation de l'actuel président dans un environnement politique hostile. Alors que Bill Clinton, ancien gouverneur d'un Etat modéré (l'Arkansas), savait comment trouver une voie face à un Congrès à majorité républicaine, "Barack Obama est convaincu que ses décisions sont bonnes pour le peuple américain (...). Il n'a pas de plan de rechange", note Juan Williams.
ps avec les agences