"Nous avons gagné environ 80% des sièges", a-t-il affirmé, ajoutant que l'ex-numéro trois de la junte, le général Thura Shwe Mann, qui a pris sa retraite de l'armée il y a quelques semaines pour se présenter, avait été lui même élu.
Accusations de fraude
Le scrutin a été marqué par de multiples accusations de fraude à l'encontre du Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP), dirigé par le Premier ministre Thein Sein. Le processus électoral tout entier a été condamné par l'Occident et les Nations unies, en l'absence de l'opposante Aung San Suu Kyi, vainqueur des élections précédentes en 1990 avec la Ligue nationale pour la démocratie (LND), sans jamais accéder au pouvoir.
L'Association des nations du sud-est asiatique (ASEAN) a en revanche qualifié les élections en Birmanie d'"important pas en avant", selon une déclaration de la présidence vietnamienne du groupe régional (lire encadré).
La lauréate du prix Nobel de la paix est aujourd'hui encore maintenue en résidence surveillée, comme pendant 15 des 21 dernières années, mais pourrait être libérée cette semaine.
Le responsable a par ailleurs fait état d'une participation d'environ 70%, soit 10% de plus qu'une première estimation d'un haut-responsable politique lundi soir.
La Force démocratique nationale (NDF) et le Parti démocrate (PD), les deux plus importantes formations d'opposition démocratiques, ont tous les deux protesté contre des malversations des militaires, en particulier via la collecte de votes avant même le scrutin.
Lundi soir, ils ont reconnu des résultats en deçà de leurs espérances. "C'est très différent de ce que l'on attendait à cause de ce jeu déloyal. Nous avons nos preuves. Des candidats se sont plaints (...) parce qu'il y a eu des tricheries", a indiqué le président de la NDF Than Nyein. Thu Wai, président du PD, avait pour sa part reconnu des mauvais résultats "non seulement à cause des votes (recueillis) à l'avance mais aussi parce que nous n'avions pas de représentants dans tous les bureaux de vote" au moment du dépouillement.
Manque de transparence
Plusieurs experts et militants en exil ont eux aussi fait état de malversations généralisées. Le scrutin a été décrit par les analystes comme un simulacre destiné à doter le pouvoir militaire d'une légitimité électorale, même si les assemblées nouvellement créées pouvaient à terme fournir un espace de parole pour l'opposition.
Un quart des sièges a été réservé par la Constitution aux militaires en activité, empêchant mathématiquement la répétition de la victoire de l'opposition en 1990.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a indiqué lundi via son porte-parole que les élections avaient été "insuffisamment transparentes, ouvertes et pluralistes". "Les autorités doivent démontrer que ce vote fait partie d'une transition crédible, d'une réconciliation nationale et d'un respect des droits de l'homme", a-t-il ajouté.
Le scrutin a par ailleurs été marqué par des combats qui ont opposé lundi les rebelles karens, une minorité exclue du scrutin, et l'armée birmane. Ces heurts ont poussé 20'000 Brimans à chercher refuge en Thaïlande (lire ci-contre).
agences/hof
"Important pas en avant", selon l'ASEAN
"L'ASEAN salue les élections législatives du 7 novembre en Birmanie comme un important pas en avant dans la mise en place de la feuille de route en 7 points", a indiqué le ministre vietnamien des Affaires étrangères, Pham Gia Khiem, au nom de l''Association des nations du sud-est asiatique (ASEAN).
La junte avait présenté en 2003 cette feuille de route pour l'édification d'une "démocratie disciplinée", dont les élections constituent une des étapes.
"L'ASEAN encourage la Birmanie à continuer à accélérer le processus de réconciliation nationale et de démocratisation, pour la stabilité et le développement du pays", a aussi ajouté la déclaration.
Alors que les Etats-Unis et l'Union européenne ont dénoncé un scrutin tout sauf équitable et que l'ONU a noté le manque de transparence, l'ASEAN n'a fait aucune référence aux accusations portés contre la junte.
Le bloc régional a intégré la Birmanie en 1997. Il est régulièrement sous pression de l'Occident pour pousser la junte à faire des réformes politiques, mais s'en tient en général à son principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de ses membres.
Gros exode vers la Thaïlande
Les combats qui ont éclaté lundi entre des rebelles karens et l'armée birmane dans l'est de la Birmanie ont poussé quelque 20'000 personnes à se réfugier en Thaïlande, ont indiqué mardi des responsables thaïlandais.
Les Birmans de l'Etat karen ont passé la frontière à deux endroits: à Mae Sot, juste en face de la ville birmane de Myawaddy où les combats ont commencé lundi matin et au col des Trois Pagodes, quelque 150 km plus au sud, où d'autres combats ont éclaté dans la journée de lundi.
"Il y a 15'000 villageois birmans à Mae Sot", a indiqué le gouverneur de la province thaïlandaise de Tak, Samard Loyfar. "La nuit dernière, on en a accueilli environ 5000 dans le district de Sangkhla Buri", a ajouté le responsable de ce district thaïlandais situé au niveau du col des Trois Pagodes.