Dix jours seulement après le carnage dans une église de Bagdad, un archevêque syriaque catholique a lancé un appel à la communauté internationale, jugeant que ne pas venir en aide aux chrétiens de son pays serait "criminel".
"Depuis mardi soir, il y a eu 13 bombes et deux obus de mortier contre des maisons et des magasins appartenant à des chrétiens, qui ont fait au total six tués et 33 blessés", a indiqué une source au ministère de la Défense, qui a également fait état d'une église endommagée.
Des chrétiens paniqués
Mardi soir, trois maisons appartenant à des chrétiens à Mansour, dans l'ouest de Bagdad, ont été la cible d'attentats à la bombe, qui ont fait trois blessés, dont un enfant de quatre mois, selon le vicaire épiscopal syriaque catholique Mgr Pios Kasha.
"On ne sait pas quel but poursuivent ces criminels mais ce qui est certain c'est que cela va pousser encore plus de chrétiens à émigrer. Où est la sécurité que doit offrir le gouvernement aux citoyens chrétiens ou musulmans? Tout cela est très triste", a déclaré à l'AFP Mgr Kasha.
"Les gens sont paniqués, ils viennent nous voir dans les églises pour savoir que faire. Nous sommes atterrés par ce qui se passe", a déclaré le père Saad Sirap Hanna, prêtre de l'Eglise chaldéenne Saint-Joseph à Karada, dans le centre de la capitale.
Attaques récurrentes
Ces nouveaux attentats anti-chrétiens surviennent une dizaine de jours après le carnage revendiqué par Al-Qaïda dans la cathédrale syriaque catholique Notre-Dame du Perpétuel Secours, dans le centre de Bagdad. Au total, 46 civils, dont deux prêtres, et sept membres des forces de sécurité avaient péri dans cette attaque, menée le 31 octobre, l'une des plus violentes contre la communauté chrétienne d'Irak.
Le 3 novembre, la branche irakienne d'Al-Qaïda avait annoncé que d'autres attaques viseraient les chrétiens. "Les centres, organisations, institutions, dirigeants et fidèles chrétiens sont des cibles légitimes pour les moujahidine", avait indiqué cette organisation, après l'expiration de son ultimatum à l'église copte d'Egypte pour libérer deux chrétiennes présentées comme "emprisonnées dans des monastères" pour s'être converties à l'islam.
Cible récurrente d'attaques, la communauté chrétienne de Bagdad, qui comptait 450'000 fidèles en 2003, avant la chute de l'ex-président Saddam Hussein, n'en dénombre plus que 150'000, en raison d'un exode massif vers les pays voisins, l'Europe, l'Amérique du nord et l'Australie.
afp/sbo