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Choléra en Haïti: l'ONU, inquiète, appelle à l'aide

L'épidémie continue de progresser, malgré un renforcement des structures médicales. [Thony Belizaire]
Dans la capitale, les conditions sanitaires sont précaires, renforçant le risque de contamination au choléra. - [Thony Belizaire]
Jusqu'à 200'000 personnes pourraient montrer des symptômes du choléra au cours des prochains mois en Haïti, a indiqué vendredi le Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). L'ONU et quelque 42 ONG lancent un appel de 164 millions de dollars.

Alors que le choléra a déjà provoqué 796 décès et 12'303 hospitalisations, l'ONU s'attend à ce que près de "200'000 personnes montrent des symptômes du choléra, allant de diarrhées légères à une déshydratation sévère".

C'est pourquoi l'organisation a lancé vendredi un appel de fonds d'urgence de 163,8 millions de dollars (120 millions d'euros) pour "éviter d'être dépassée" par l'épidémie de choléra déclarée mi-octobre en Haïti.

"Il nous faut absolument cet argent au plus vite", a expliqué la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs, lors d'un point de presse. Le taux de mortalité est stable, mais reste beaucoup trop haut, a précisé le porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Gregory Hartl. "Il s'agit d'une épidémie de grande ampleur qui malheureusement va s'étendre", a-t-il affirmé.

Grandes craintes pour la capitale

Sur les dix départements de Haïti, cinq sont directement affectés par l'épidémie, selon un document publié vendredi par l'ONU, et 497 décès, soit plus des deux tiers du total des morts recensés, se sont produits dans le département de l'Artibonite (nord), principal foyer de l'épidémie, selon des statistiques publiées jeudi sur le site du ministère haïtien de la Santé.

"Les cas (de choléra) devraient apparaître lors d'une poussée de l'épidémie qui se produira de façon soudaine dans différentes parties du pays", selon l'ONU. Mais c'est à Port-au-Prince, la capitale surpeuplée où plus d'un million d'habitants vivent dans des conditions sanitaires précaires depuis le séisme du 12 janvier, que la situation est potentiellement la plus inquiétante, selon les organisations internationales.

Hôpitaux submergés

"La situation est vraiment très préoccupante en ce moment. Tous les hôpitaux de Port-au-Prince sont submergés de patients et nous constatons sept fois plus de cas qu'il y a trois jours", a déclaré Stefano Zannini, chef de la délégation de Médecins sans frontières (MSF) en Haïti. Les malades affluent de partout.

"Si le nombre de cas continue d'augmenter à la même vitesse, nous allons devoir adopter des mesures radicales. Il faudra traiter les malades dans les espaces publics et même dans la rue", a ajouté le représentant de MSF.

Renforcer l'aide

"Un effort considérable a déjà été fourni, mais la quantité même de matériel d'aide qui doit être distribuée dans les jours et semaines à venir demande plus de soutien logistique et financier pour le gouvernement (de Haïti) de la part des agences humanitaires et des donateurs", explique l'ONU.

Sans ce nouveau soutien, "l'épidémie pourrait bien venir à bout de nos efforts", averti l'organisation. Les fonds recueillis permettront d'offrir surtout des soins de santé, d'assainissement et hygiène.

Le choléra était inconnu sur l'île depuis au moins un siècle. "Une fois la bactérie dans le système d'approvisionnement en eau, elle se transmet très facilement", a averti Gregory Hartl, de l'OMS.

ats/bri

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Ouragan et séisme n'aident pas

La semaine dernière l'ouragan Tomas a fait au moins 21 morts en Haïti et provoqué d'importantes inondations et dégâts.

Les autorités redoutaient une augmentation des infections, les précipitations ayant entraîné une augmentation du volume d'eau polluée, un des principaux vecteurs de la maladie.

En outre, un séisme de faible magnitude a été ressenti jeudi matin en Haïti, ont indiqué des habitants, faisant état de blessés légers dans une école proche de Port-au-Prince en raison de la panique qui a suivi.