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Attentat de Karachi: Chirac poursuivi par les familles

L'ancien président français Jacques Chirac et son secrétaire général de l'époque, Dominique de Villepin, sont directement mis en cause par les familles de victimes. [Benoit Tessier]
L'ancien président français Jacques Chirac et son secrétaire général de l'époque, Dominique de Villepin, sont directement mis en cause par les familles de victimes. - [Benoit Tessier]
Des familles de victimes d'un attentat visant des Français à Karachi en 2002 vont porter plainte contre l'ancien président français Jacques Chirac pour "mise en danger de la vie d'autrui" et "homicide involontaire". Cette annonce a été faite vendredi par leur avocat.

Ces familles ont aussi chargé leur avocat de porter plainte
pour les mêmes chefs contre l'ancien secrétaire général de la présidence,
Dominique de Villepin. L'attentat de Karachi perpétré le 8 mai 2002 avait coûté
la vie à quinze personnes dont onze Français de la Direction des
constructions navales (DCN), qui construisait des sous-marins Agosta vendus au
Pakistan.

L'enquête, longtemps focalisée sur une responsabilité
d'Al-Qaïda, s'est récemment réorientée vers l'hypothèse de représailles
pakistanaises après l'arrêt de versements de commissions françaises (légales
jusqu'en 2000) dans le cadre du contrat Agosta signé en 1994. Cet arrêt de
versement a été décidé en 1995 par le président Chirac.

Les familles de victimes ont décidé de porter plainte après
qu'un ancien PDG d'une société de commercialisation de matériels militaires, la Sofresa, eut révélé jeudi
devant un juge français chargé du volet financier de l'affaire qu'un cadre de la DCN lui avait fait part de
"risques pour ses personnels" en cas d'interruption du versement de
commissions.

Rétro-commissions embarrassantes

"On a privilégié l'arrêt d'un contrat, au risque de
sacrifier le personnel", a déploré Me Olivier Morice. "Notre plainte
va viser le cheminement menant à la décision d'arrêter les commissions, elle
vise Jacques Chirac, Dominique de Villepin, Michel Mazens (ancien PDG de la Sofresa) et Dominique
Castellan (ancien PDG de la branche internationale de DCN)", a précisé Me
Morice.

Cette affaire pourrait devenir embarrassante pour le
pouvoir. Les familles de victimes de Karachi ont demandé jeudi au président
Nicolas Sarkozy de s'expliquer sur des soupçons de corruption en marge du
contrat Agosta, dont les commissions auraient donné lieu à des rétro-commissions
illégales en faveur de responsables politiques français.

L'existence de rétro-commissions a été confirmée lundi
devant un juge par l'ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac, Charles Millon.

ats/os

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