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Belgique: la TV décortique le scénario de l'implosion

Contrairement au canular de 2006, la télévision a choisi, cette fois, d'aborder le désamour belge dans une émission sérieuse. [Eric Lalmand]
Contrairement au canular de 2006, la télévision a choisi cette fois d'aborder le désamour belge dans une émission sérieuse. - [Eric Lalmand]
La Belgique a regardé dimanche sa "mort en direct" dans une émission de télévision spéciale sur l'impact d'un éclatement du pays. Ce programme a été retransmis tant chez les Flamands que les francophones, une première, qui confirme que la question n'est plus taboue dans l'opinion.

Qu'adviendrait-il de Bruxelles, du roi Albert II, de l'armée,
de la dette nationale ou de la sécurité sociale ? Ces questions ont été
abordées dimanche soir en une quarantaine de minutes dans une édition spéciale
du magazine d'actualité de la télévision publique belge néerlandophone VRT, baptisée
"Plan B".

Fait exceptionnel, l'émission a été simultanément
retransmise sur la chaîne publique francophone RTBF, avec sous-titres en
français. Elle rappelle par le thème choisi une "vraie-fausse" fiction
retentissante sur la scission du pays, "Bye-Bye Belgium", diffusée
fin 2006 par la RTBF.

Après un canular

Tournée
comme s'il s'agissait d'un journal télévisé en direct annonçant la proclamation
unilatérale d'indépendance par la
Flandre, l'émission avait fait croire à des centaines de
milliers de téléspectateurs, par le biais de faux reportages, que la messe
était dite. Il n'en a rien été cette fois.

L'émission entendait regarder la
réalité en face et donner la parole à onze universitaires qui ont "calculé
combien la scission coûterait et qui en seraient les gagnants et les perdants",
a expliqué le journaliste auteur du programme, Ivan De Vadder.

"En droit
international, il n'y a pas de règles pré-établies à suivre pour scinder un
pays. Il faudrait tout négocier", a expliqué l'un des professeurs, rappelant
que l'accord de scission de la Tchécoslovaquie comportait plus de 22'000 pages.

La
fin d'un tabou

Le simple fait que la télévision belge décortique la question
montre l'évolution qu'a connue l'opinion depuis que la crise politique
nationale s'est brusquement envenimée en 2007 à la suite de revendications
autonomistes plus dures de la part de la Flandre. La fin de la Belgique n'est plus
réservée à l'extrême droite flamande ou à une poignée de "rattachistes"
wallons rêvant d'une union avec la France. La victoire d'un parti flamand séparatiste
aux dernières élections législatives de juin, la N-VA, est passée par là. Depuis,
le pays n'a toujours pas réussi à se doter d'un nouveau gouvernement.

Economiquement,
Les francophones auraient clairement le plus à perdre d'une scission. En termes
de richesse par habitant et par rapport à une moyenne nationale à 100, la Flandre se situe à 109%, selon
les statistiques officielles. La
Wallonie n'est qu'à 87% et la ville-Région de Bruxelles, entourée
par la Flandre,
mais très majoritairement francophone, est encore plus pauvre (86%).

ats/cab

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