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Haïti: annulation de la présidentielle réclamée

Mirlande Manigat, candidate à la présidentielle, réclame l'annulation du scrutin. [Kena Betancur]
Mirlande Manigat, candidate à la présidentielle, réclame l'annulation du scrutin. - [Kena Betancur]
Douze des 18 candidats à l'élection présidentielle en Haïti, dont les favoris Marlande Manigat et Michel Martelly, ont réclamé dimanche l'annulation du scrutin. Ils ont dénoncé des "fraudes" au cours d'un premier tour émaillé d'incidents qui ont fait au moins deux morts.

Ces candidats, parmi lesquels des favoris tels Mirlande Manigat, le chanteur populaire Michel Martelly ainsi que Jacques-Edouard Alexis, ont dénoncé dans une déclaration commune "un complot du gouvernement et du Conseil électoral provisoire (CEP) pour trafiquer les élections au profit du candidat du parti au pouvoir".

Ils ont fait cette déclaration devant des partisans dans un hôtel de Port-au-Prince, a constaté un journaliste de l'AFP sur place, après que plusieurs incidents sont intervenus dans des bureaux de vote de plusieurs villes. "Il ne s'agit pas uniquement de fraudes, c'est un véritable scandale, un véritable kidnapping des élections", avait plus tôt dit le porte-parole de Mme Manigat, Patrice Dumond. Mme Manigat avait déjà évoqué le risque de fraudes plusieurs jours avant la consultation.

Au moins deux morts

Près de 5 millions d'Haïtiens étaient appelés à choisir dimanche leur nouveau président entre 18 candidats, ainsi que les 99 députés de la Chambre et onze des trente membres du Sénat, dans un pays touché par une épidémie de choléra. Au total, 120 personnes au Sénat et 900 pour la Chambre des députés étaient en lice.

Jude Célestin, protégé du président sortant, est le candidat du parti au pouvoir à l'élection présidentielle. Les opérations de vote ont déjà été annulées dimanche dans deux villes du nord d'Haïti, suite à des violences qui ont fait au moins deux morts, tandis qu'un centre de vote a été saccagé à Port-au-Prince.

Intervention de la police

"Une trentaine de personnes sont arrivées d'un coup et ont tout saccagé. Ils n'avaient pas leurs noms sur les listes et ne pouvaient pas voter", a expliqué le superviseur adjoint du centre du quartier de Tabarre dans la capitale, Peteckson Rénévil. A Petit-Goâve, au sud-ouest d'Haïti, la police a elle tiré en l'air pour disperser la foule, a indiqué la mission de l'ONU dans le pays (MINUSTAH).

Des malades du choléra à Port-au-Prince en Haïti le 22 novembre 2010
Des malades du choléra à Port-au-Prince en Haïti le 22 novembre 2010

A Desdunes, dans le nord, après des incidents et des coups de feu qui ont fait des blessés, la MINUSTAH avait envoyé dimanche matin une demi-douzaine de véhicules blindés "pour reprendre le contrôle de la situation" et faire reprendre le déroulement du scrutin qui a été interrompu, a indiqué le maire de cette localité de 42'000 habitants, Wesner Archelus.

Plus tôt dimanche, le chef de la mission de l'ONU en Haïti (MINUSTAH), Edmond Mulet, avait affirmé que les élections se passaient dans un climat "paisible", malgré "des incidents mineurs".

Le responsable de la MINUSTAH a assuré que "la décision du peuple sera respectée. Il y a de petits problèmes administratifs", a-t-il estimé "mais pas de grand problème qui vont réduire la participation".

afp/lan

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Une tâche immense

La tâche qui attend le nouveau chef de l'Etat est immense.
A la crise sanitaire née de l'épidémie de choléra qui a fait 1648 tués, s'ajoute la question du sort d'un million d'Haïtiens jetés à la rue par le séisme dévastateur du 12 janvier au cours duquel plus de 250'000 personnes sont décédées.

Les résultats du premier tour doivent être diffusés à partir du 5 décembre et proclamés le 20 décembre tandis que la passation de pouvoir entre René Préval et le nouveau président est prévue le 7 février.