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WikiLeaks malmené de toutes parts

Les révélations de Wikileaks agitent le monde entier. [Justin Lane]
Les révélations de Wikileaks agitent le monde entier. - [Justin Lane]
WikiLeaks était rudoyé mercredi, son fondateur, Julian Assange étant recherché par Interpol, son hébergeur, Amazon, mettant un terme à sa collaboration et Barack Obama chargeant un haut responsable de la lutte anti-terroriste d'empêcher de nouvelles fuites.

Julian Assange fait désormais l'objet d'un mandat d'arrêt international communiqué à Interpol par la Suède. L'Australien de 39 ans est recherché par Stockholm pour une affaire de viol, mais selon l'un de ses avocats, Mark Stephens, basé à Londres, ce mandat d'arrêt pourrait être lié aux révélations de WikiLeaks et à la réaction "belliqueuse" des Etats-Unis, très embarrassés par la publication de 250'000 documents diplomatiques, dont WikiLeaks a commencé la diffusion dimanche. Me Stephens a refusé de préciser où se trouvait son client.

Amazon lâche WikiLeaks

Le site internet a par ailleurs perdu un collaborateur de taille: son hébergeur, le géant américain de la distribution en ligne Amazon. "Ce matin (mercredi, ndlr), Amazon a informé mon équipe qu'il avait cessé d'héberger WikiLeaks", a déclaré le sénateur américain Joe Lieberman.

Le président Barack Obama a quant à lui chargé mercredi un haut responsable de la lutte anti-terroriste d'empêcher de nouvelles fuites de documents confidentiels de son administration. Russell Travers, directeur adjoint des services de partage d'information au Centre national de l'anti-terrorisme, "dirigera un effort exhaustif visant à préparer et à mettre en oeuvre les réformes de structure dont la nécessité a été mise en lumière par les fuites de WikiLeaks", a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué.

La Maison Blanche panse les plaies

Mais alors que pour la quatrième journée consécutive WikiLeaks dévoilait les dessous de sa diplomatie, Washington en était réduit à panser les plaies ouvertes par ces révélations. Washington a ainsi cherché à rassurer les dirigeants étrangers lors d'un sommet de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Kazakhstan.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a rappelé à ses interlocuteurs que les télégrammes venaient "du terrain" et ne représentaient "pas forcément le point de vue des Etats-Unis". Elle a notamment apporté son soutien indéfectible au Premier ministre italien Silvio Berlusconi, décrit dans des notes comme "irresponsable, imbu de lui-même et inefficace". "Nous n'avons pas de meilleur ami" que lui, a-t-elle lancé.

Le Pakistan réagit

Une des notes diffusées mercredi concerne le Pakistan. Dans un télégramme de 2009, l'ambassadeur américain à Islamabad s'inquiète que des extrémistes puissent mettre la main sur les armes nucléaires au Pakistan, seule puissance militaire atomique du monde musulman. "Notre principale inquiétude n'est pas qu'un militant islamiste puisse s'emparer d'un engin (atomique), mais plutôt le risque que quelqu'un travaillant dans une installation du gouvernement du Pakistan puisse faire sortir progressivement du matériel nucléaire afin de produire éventuellement une arme", écrit Anne Patterson.

Islamabad a réagi en jugeant les craintes "déplacées". "Il n'y a jamais eu un seul incident concernant notre combustible fissile, ce qui démontre que nous contrôlons fermement" nos installations, a répondu un porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères.

Moscou aussi

Autre réaction: celle du Premier ministre russe Vladimir Poutine, qui, à l'occasion d'un entretien donné à CNN, a raillé le système électoral américain, après la diffusion par WikiLeaks d'une note dans laquelle le secrétaire à la Défense Robert Gates donnait la démocratie russe pour "disparue". Vladimir Poutine a expliqué que lors de deux élections présidentielles américaines le gagnant n'avait pas été celui qui a remporté le plus de suffrages populaires.

La Russie, mais aussi les banques, et "plus précisément Bank of America", devraient faire l'objet de révélations dans les prochains jours a pour sa part indiqué à l'AFP Olivier Tesquet, journaliste au site owni.fr, proche de WikiLeaks.

afp/hof

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Washington soutient Hillary Clinton

Hillary Clinton "devrait démissionner, s'il peut être démontré qu'elle était derrière l'ordre donné aux responsables de la diplomatie américaine d'espionner au sein des Nations unies, en violation des conventions internationales que les Etats-Unis ont signées", a déclaré Julian Assange dans un entretien publié mardi par Time Magazine.

Interrogé mercredi matin sur la chaîne CNN, le porte-parole du président Barack Obama, Robert Gibbs, a affirmé que "ces déclarations sont ridicules et absurdes. Le président a pleinement confiance et admire le travail qu'a accompli la secrétaire Clinton pour promouvoir nos intérêts dans le monde et faire en sorte que notre pays (...) soit davantage en sécurité".

"Je ne sais pas pourquoi l'opinion d'un type qui a un site internet devrait nous intéresser", a encore dit le porte-parole: "notre politique étrangère et les intérêts de ce pays sont bien plus importants que ce seul site internet (WikiLeaks)".

Sur la chaîne ABC, également mercredi matin, Robert Gibbs a par ailleurs indiqué que les autorités américaines examinaient leur stratégie vis-à-vis de Julian Assange. "Une enquête pénale est en cours sur la fuite et la mise en ligne de tous ces documents", a-t-il rappelé.

Et contre Julian Assange lui-même, "notre gouvernement n'exclut rien. Je ne vais certainement pas le faire aujourd'hui", a conclu Robert Gibbs.