L'incident a été tenu secret par les diplomates américains, qui craignaient qu'en raison de mauvaises conditions de sécurité sur le site nucléaire libyen de Tadjoura, près de Tripoli, 5,2 kg d'uranium fortement enrichi ne puissent être volés, selon les documents divulgués.
Les sept caisses contenant du combustible nucléaire usagé devaient être acheminées en Russie en novembre 2009 à bord d'un avion de transport, du fait de la promesse de Kadhafi de renoncer au programme libyen d'armes de destruction massive. Au lieu de cela, la Libye a refusé que l'avion russe prenne en charge sa cargaison, et l'avion a décollé en laissant les caisses sur la piste, à Tadjoura, gardées par un seul et unique agent libyen.
Réaction à une humiliation
La raison de ce revirement dans le plan semble être une humiliation essuyée par le colonel Kadhafi deux mois plus tôt quand il s'était rendu aux Nations unies pour la session annuelle de l'Assemblée générale. D'après ce qu'avait dit Saïf al Islam, fils du colonel Kadhafi, à l'ambassadeur des Etats-Unis à Tripoli Gene Cretz, le numéro un libyen, s'était senti "humilié" de ne pas avoir pu dresser sa grande tente de bédouin à New York et de ne pas avoir pu non plus se rendre à "Ground Zero", site où s'élevaient les deux tours jumelles du World Trade Center, détruite lors des attentats du 11 septembre 2001.
Les télégrammes diplomatiques relatifs à cette affaire sont publiés samedi par le "Guardian", l'une des cinq publications à avoir eu accès à plus de 250'000 messages diplomatiques américains communiqués par WikiLeaks.
Ces télégrammes révèlent l'inquiétude grandissante des autorités américaines et russes concernant le sort du combustible nucléaire usagé, qui n'était scellé que pour le transport et non pour un stockage. Un diplomate américain avait ainsi déclaré à un responsable libyen qu'il risquait d'y avoir une "catastrophe écologique" si les boîtes n'étaient pas acheminées vers la Russie dans un délai d'un mois, découvre-t-on dans un de ces télégrammes. Gene Cretz écrivait le 25 novembre 2009, au début de l'affaire, qu'il était capital de tenir cet incident secret.
ats/cab