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Côte d'Ivoire: Thabo Mbeki en mission

Thabo Mbeki avait déjà tenté de servir de médiateur lors de la crise politique au Zimbabwe en 2008. [AP Photo]
Thabo Mbeki avait déjà tenté de servir de médiateur lors de la crise politique au Zimbabwe en 2008. - [AP Photo]
L'ancien président sud-africain Thabo Mbeki est arrivé dimanche en Côte d'Ivoire pour tenter une médiation entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, qui ont tous les deux prêté serment comme nouveau président samedi, plongeant à nouveau le pays dans la confusion et la crise politique.

Thabo Mbeki, arrivé dans la matinée, a été reçu à la mi-journée par Laurent Gbagbo à sa résidence du quartier chic de Cocody. L'émissaire de l'Union africaine s'est entretenu auparavant avec le représentant spécial de l'ONU dans le pays, Youn-jin Choi, au palais présidentiel.

Laurent Gbagbo a été proclamé vainqueur de la présidentielle avec 51,45% des suffrages par un Conseil constitutionnel acquis à sa cause, qui avait invalidé les résultats de la Commission électorale indépendante (CEI) donnant Alassane Ouattara en tête avec 54,1%. Il a été investi solennellement samedi lors d'une cérémonie au palais présidentiel, mais son concurrent, soutenu par la communauté internationale, a lui aussi prêté serment "en qualité de président".

L'Union africaine a appelé au respect des résultats de la CEI désignant Alassane Ouattara vainqueur du scrutin. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a condamné samedi l'investiture de Laurent Gbagbo en tant que président ivoirien. Elle a annoncé une réunion extraordinaire des dirigeants régionaux sur la situation. Ce sommet se tiendra mardi à Abuja, la capitale du Nigéria, pour décider des actions à prendre, annonce un communiqué publié samedi.

Voyages déconseillés

Face à la détérioration de la situation, la Suisse déconseille les voyages vers la Côte d'Ivoire. Et ce "jusqu'à ce que la situation soit clarifiée". Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a actualisé ses recommandations aux voyageurs vendredi, après que l'armée eut fermé les frontières terrestres, maritimes et aériennes pour une durée indéterminée.

"Les tensions politiques augmentent. Une soudaine détérioration de la situation sécuritaire est possible. Des troubles à caractère politique ou des manifestations accompagnées de violences sont susceptibles de se produire dans tout le pays", écrivent les services de Micheline Calmy-Rey sur leur site internet. Le DFAE recommande par ailleurs aux Suisses séjournant actuellement en Côte d'Ivoire d'informer l'Ambassade de Suisse à Abidjan de leur présence.

Les Etats-Unis déconseillent eux aussi à leurs ressortissants tout voyage vers la Côte d'Ivoire. Ils mettent en garde contre "une probabilité accrue de troubles politiques et de possibles violences", a indiqué samedi le Département d'Etat. Et d'appeler les Américains déjà sur place à "la plus grande prudence". Le ministère allemand des affaires étrangères déconseille pour sa part les voyages "non essentiels" vers l'ancienne colonie française, coupée en deux depuis une tentative de coup d'Etat en 2002

agences/cab

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Thabo Mbeki, un habitué des négociations

L'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, promoteur de "solutions africaines aux problèmes africains" et également chargé du Soudan pour l'Union africaine (UA), a déjà effectué une médiation en Côte d'Ivoire de 2004 à 2006.

A l'époque, il avait réussi à arracher un accord (à Pretoria en avril 2005) proclamant la "fin des hostilités". Mais le texte était largement resté lettre morte et Thabo Mbeki, accusé par les rebelles du nord d'être un "partisan acharné" de Laurent Gbagbo, s'était vu retirer le dossier en octobre 2006.

Thabo Mbekil avait déjà accepté au début de son mandat présidentiel (1999-2008) de servir de médiateur au Burundi, puis en République démocratique du Congo (RDC), où il a enregistré un certain succès.

Il a ensuite été nommé facilitateur au Zimbabwe, où son bilan est beaucoup plus critiqué. Pour ne pas s'aliéner le président Robert Mugabe, cet apôtre d'une "diplomatie discrète" a toujours refusé de le condamner malgré ses violations des droits de l'Homme. Surtout, il a poussé à la mise en place d'un gouvernement d'union, formé en février 2009, qui fonctionne très difficilement.