"Si Laurent Gbagbo accepte tranquillement de partir du pouvoir, les ministres de son parti seraient les bienvenus dans ce gouvernement que nous entendons diriger", a déclaré Guillaume Soro, Premier ministre sortant et ancien chef des rebelles, à la radio française Europe 1.
Guillaume Soro a été reconduit par Alassane Ouattara au poste de Premier ministre qu'il occupe depuis 2007. Cette initiative s'inscrit dans un climat de crise politique depuis l'élection présidentielle qui a produit deux vainqueurs Ouattara avec un appui international et Gbagbo avec le soutien du Conseil constitutionnel et de l'armée.
Le président sortant a à son tour nommé dimanche soir son Premier ministre, l'universitaire et économiste Gilbert Marie N'gbo Aké.
Guillaume Soro a réuni lundi à Abidjan son gouvernement, en l'absence d'Alassane Ouattara, a constaté une journaliste de l'AFP. Cette réunion s'est tenue en début d'après-midi dans le grand hôtel où le camp Ouattara a établi ses quartiers. L'hôtel est sous la protection de la mission onusienne Onuci et d'éléments de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) dirigée par M. Soro.
Sanctions européennes?
Sur place, l'ex-chef d'Etat sud-africain Thabo Mbeki a eu dans la matinée une série de rendez-vous avec des acteurs de la crise. Il devait s'entretenir à nouveau avec le président sortant Laurent Gbagbo avant de quitter le pays. M. Mbeki avait été dépêché dimanche par l'Union africaine pour tenter une médiation, quasi impossible dans ce contexte.
La pression internationale montait lundi pour que la crise en Côte d'Ivoire soit résolue au plus vite. L'Union européenne (UE) faisait planer la menace de sanctions. La cheffe de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton "est prête à suivre les procédures qui prévoient des sanctions s'il n'y a pas une résolution rapide à cette situation de crise" née du second tour de la présidentielle le 28 novembre, a indiqué une porte-parole.
Le président français Nicolas Sarkozy a réaffirmé depuis l'Inde que "le président élu (était) Alassane Outtara", et le Quai d'Orsay a estimé que l'heure était "à la recherche d'une transition ordonnée, sereine et digne".
Berne suit la situation
La Suisse "suit de très près la situation" et "s'attend toujours à un règlement pacifique", a écrit à l'ATS le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
La crise actuelle inspire toujours une "grande inquiétude" dans le monde, selon l'expression employée par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Les deux institutions s'interrogeaient sur l'opportunité de continuer à aider le pays "dans un contexte d'incertitude et de tension qui se prolongent".
agences/lan
L'ONU évacue son personnel
Quant à l'ONU, elle a commencé lundi à procéder à l'évacuation temporaire des membres jugés non essentiels de sa mission en Côte d'Ivoire.
Il s'agit de 460 personnes, a indiqué un porte-parole.
La mission de l'ONU dans le pays compte plus de 10'000 Casques bleus, policiers et employés civils.
Au moins 20 morts dans des violences
Au moins 20 personnes ont été tuées dans des "incidents violents" en Côte d'Ivoire depuis le second tour de la présidentielle le 28 novembre, a annoncé lundi Amnesty International dans un communiqué.
L'organisation de défense des droits de l'Homme appelle "les forces de sécurité en Côte d'Ivoire à protéger les civils". Amnesty, qui s'appuie sur des témoignages, a recensé ces 20 morts à Abidjan et dans l'intérieur du pays, notamment dans l'ouest.
Le couvre-feu nocturne qui devait s'achever ce lundi a été prolongé d'une semaine par Laurent Gbagbo.
Seule bonne nouvelle pour les Ivoiriens: les frontières, notamment aériennes, ont été rouvertes lundi. Elles avaient été fermées depuis jeudi par l'armée régulière dans la zone sud qu'elle contrôle.