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Nucléaire iranien: reprise du dialogue à Genève

Catherine Ashton et Saïd Jalili [Anja Niedringhaus]
Catherine Ashton et Saïd Jalili se retrouvent à Genève, à la mission suisse des Nations unies, pour parler nucléaire. - [Anja Niedringhaus]
Les Six et l'Iran se sont rencontrés lundi matin à Genève pour relancer le dialogue sur le nucléaire, interrompu depuis 14 mois, dans un climat tendu après l'annonce par Téhéran qu'il contrôlait la totalité du cycle de production du combustible nucléaire.

Les négociations ont démarré vers 10h00 et ont duré en plénière jusqu'à 13h00 environ dans le bâtiment qui abrite également la mission suisse auprès de l'ONU, a-t-on appris de sources concordantes.

Les négociateurs, le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, l'Iranien, Saïd Jalili ainsi que les représentants des "Six" (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU: Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne, plus l'Allemagne) ont passé la matinée à "faire un rappel de leur position", a indiqué une source proche des "Six".

Selon des sources iraniennes, Saïd Jalili a fait une intervention particulièrement musclée, dénonçant les récents attentats ayant visé deux scientifiques iraniens spécialistes du nucléaire, dont l'un est décédé. Téhéran accuse les Occidentaux et Israël d'en être les responsables. Malgré cette intervention, les négociations se sont poursuivies tandis qu'une dizaine d'opposants iraniens manifestaient à quelques mètres de là, devant le siège de l'ONU (lire ci-contre).

Après une rapide pause déjeuner, les négociateurs devaient reprendre la session en bilatérale avant une nouvelle plénière, a ajouté la source proche des Six. Les Etats-Unis sont représentés par William Burns, le numéro trois du Département d'Etat.

Après 14 mois d'interruption

Après plus d'un an d'interruption, la rencontre prévue pendant deux jours s'annonce délicate car l'Iran refuse toujours catégoriquement d'envisager toute suspension de l'enrichissement de son uranium. Téhéran a par ailleurs annoncé dimanche avoir produit son premier lot d'uranium concentré (yellowcake) qui sert pour la production de l'uranium enrichi, renforçant l'inquiétude des Occidentaux. "Nous attendons des réponses sérieuses des Iraniens", sur la question du nucléaire, a expliqué une source diplomatique.

Les dirigeants iraniens ont répété ces derniers jours qu'ils refusaient de discuter des "droits légitimes" de l'Iran en matière nucléaire, une manière de rejeter par avance toute éventuelle demande de suspension des activités d'enrichissement d'uranium.

Cette question est au centre du bras de fer opposant depuis plusieurs années l'Iran à la communauté internationale, qui soupçonne Téhéran de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil. L'Iran dément toute visée militaire. Depuis un an, le pays ne cesse d'augmenter son stock d'uranium enrichi à 3,5%, qui est passé 3183 kg contre 1580 kg en octobre 2009.

L'appel de Hillary Clinton

Après une semaine agitée marquée par les deux attentats contre les deux Iraniens et les fuites de WikiLeaks, le chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton a appelé Téhéran à un esprit "constructif". Elle a fait un pas inattendu vers la République islamique en ouvrant la porte à un enrichissement de l'uranium par le pays "à l'avenir", quand il aura rassuré sur ses intentions. Cette annonce a été saluée par Téhéran et devrait être de nature à faciliter le dialogue à Genève.

Les grandes puissances espèrent également que la nouvelle série de sanctions décidée en juin par l'ONU contraindront l'Iran à lâcher du lest. Toutefois, les experts restaient prudents sur les chances de succès de cette rencontre. Pour Mark Fitzpatrick, de l'Institut international pour les études stratégiques, IISS, à Londres, "les sanctions ont crée une situation nouvelle, car elles frappent l'économie" iranienne. Il estime malgré tout "peu probable" un accord, ajoutant: "ce qu'on peut espérer de mieux est le commencement d'un processus de discussions".

apf/hof

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Manifestation d'opposants iraniens

Une centaine d'opposants iraniens ont manifesté lundi, à Genève, contre la reprise du dialogue avec l'Iran.

Rassemblés sur la place des Nations, ils ont réclamé l'application de sanctions contre le régime de Téhéran.

"Arrêtez le dialogue", "Non au dialogue avec les mollahs, oui aux sanctions", ont scandé les manifestants sous la pluie.

Ils brandissaient des portraits des dirigeants du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), Massoud et Maryam Radjavi.

"Cessons de donner aux mollahs le temps qu'il leur faut pour se doter de la bombe atomique", affirme un communiqué des opposants iraniens.

Ils réclament "la fin de la complaisance des grandes puissances avec ce régime et l'application de sanctions fermes, particulièrement dans le domaine pétrolier". (ats)