Deux présidents, deux chefs de gouvernement et désormais deux gouvernements concurrents, plus que jamais, deux Côte d'Ivoire se font face après le second tour de la présidentielle du 28 novembre.
Devant la montée de la tension qui fait redouter à beaucoup une confrontation violente, les Nations unies ont commencé à retirer leur personnel non essentiel, soit 460 personnes - sur plus de 10'000 Casques bleus, policiers et employés civils sur place qui devaient être évacuées vers la Gambie.
Au moins 28 morts
Depuis le 26 novembre, les affrontements avec les forces de sécurité et entre partisans des deux camps ont fait au moins 28 tués et 280 blessés, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), mais certains observateurs redoutent eux que le bilan soit deux fois plus élevé. Si son adversaire a dû établir ses quartiers dans un grand hôtel gardé par la mission onusienne ONUCI et des membres de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), le chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo a présidé le premier Conseil des ministres de sa nouvelle équipe au Palais présidentiel.
L'heure n'est plus aux cabinets d'"union nationale" que lui avaient imposés les accords de paix signés après la crise née en 2002 du coup d'Etat manqué des FN, qui contrôlent depuis lors le nord du pays. Face au gouvernement Ouattara dirigé par le chef des ex-rebelles Guillaume Soro,
Laurent Gbagbo s'est doté d'une équipe de combat, plaçant des fidèles à des postes stratégiques comme Alcide Djédjé, puissant conseiller et ambassadeur aux Nations unies propulsé ministre des Affaires étrangères.
La CÉDÉAO intervient
Alors que l'ex-puissance coloniale française l'exhorte à quitter la scène, il réplique en confiant à Charles Blé Goudé le portefeuille de la jeunesse et de l'emploi. Soumis depuis plusieurs années à des sanctions de l'ONU, le chef des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo a été le fer de lance des manifestations antifrançaises, parfois violentes, aux heures les plus chaudes de la crise de 2002.
Avec ce gouvernement, M. Gbagbo opposait par avance une fin de non-recevoir à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) qui, à l'issue d'un sommet extraordinaire à Abuja en fin d'après-midi, l'a appelé à "rendre le pouvoir sans délai". L'organisation a également suspendu la Côte d'Ivoire "de toutes ses activités", a annoncé le président nigérian Goodluck Jonathan, après cette réunion à laquelle aucun des deux rivaux ivoiriens n'avait été convié.
agences/lan
Ouattara reconnu comme seul président
A l'instar de la CÉDÉAO, la communauté internationale, à commencer par l'ONU, soutient elle fermement Alassane Ouattara qu'elle reconnaît comme seul président légitime.
Il a été donné vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54,1% des suffrages, avant que le Conseil constitutionnel, acquis à Laurent Gbagbo, n'invalide ces résultats et ne proclame le sortant président avec 51,45 %.
"Un seul candidat a remporté l'élection, avec une nette avance et c'est Alassane Ouattara", a martelé devant le Conseil de sécurité le représentant de l'ONU dans le pays, Choi Youn-jin, lors d'une vidéoconférence.
Le résultat du scrutin a été "clair" et Laurent Gbagbo doit "reconnaître la volonté du peuple de Côte d'Ivoire et entamer une transition pacifique", ont appuyé les Etats-Unis.