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Menaces libyennes envers Londres, révèle WikiLeaks

Al-Megrahi et Seif al-Islam Kadhafi [Oya Newspaper]
La libération en août 2009 d'al-Megrahi, accueilli ici à Tripoli par un des fils Kadhafi, Seif al-Islam, avait ulcéré Washington. - [Oya Newspaper]
La Libye a menacé la Grande-Bretagne l'an dernier de conséquences "extrêmes" si al-Megrahi, l'auteur libyen de l'attentat de Lockerbie, malade, décédait en prison, révèlent des notes diplomatiques américaines piratées par WikiLeaks. On y apprend aussi que la Grande-Bretagne était soulagée de ne pas avoir subi le même sort que la Suisse dans l'affaire Kadhafi.

Les Libyens "auraient pu nous couper les jarrets, tout comme ils l'ont fait aux Suisses", aurait déclaré l'ambassadeur britannique, Vincent Fean, après la résolution de l'affaire al-Megrahi, en référence à la réaction libyenne après l'arrestation à Genève de Hannibal Kadhafi (lire ci-contre).

Les menaces incluaient la fermeture de toutes les activités commerciales britanniques en Libye, des manifestations contre les représentations britanniques et des allusions menaçantes pour les sujets britanniques dans ce pays, selon ces télégrammes cités mercredi par le "Guardian".

Washington aussi concerné

Les causes de l’attentat de Lockerbie, qui a fait 270 morts en 1988 en Ecosse, restent plus énigmatiques que jamais [TSR]
Les causes de l’attentat de Lockerbie, qui a fait 270 morts en 1988 en Ecosse, restent plus énigmatiques que jamais [TSR]

Des responsables libyens ont averti leurs homologues britanniques que "les conséquences pour les relations bilatérales seraient extrêmes si al-Megrahi devait mourir dans une prison écossaise", selon un télégramme de l'ambassadeur américain à Tripoli, Gene A.Cretz, daté de janvier 2009.

Et si Washington manifestait publiquement son opposition à la libération du Libyen, "l'ambassade américaine et les citoyens américains en Libye pourraient s'exposer à des conséquences similaires", ajoute ce télégramme.

Abdelbaset Ali Mohmet al-Megrahi a été libéré pour des raisons humanitaires en août 2009 de sa prison en Ecosse, après que des médecins lui aient diagnostiqué un cancer de la prostate qui ne lui aurait laissé que trois mois à vivre, ce qui avait suscité une vague d'indignation aux Etats-Unis.

Al-Megrahi est toujours vivant

Toujours vivant plus d'un an après, le Libyen est le seul condamné dans l'attentat de 1988 contre un Boeing de la Pan Am qui avait explosé au-dessus de Lockerbie, en Ecosse, tuant 270 personnes, la plupart américaines.

Selon un autre "câble" diplomatique américain, le ministre britannique de la Justice d'alors, Jack Straw, a confié à des diplomates américains que Megrahi pourrait vivre jusqu'à cinq ans de plus, mais que le gouvernement écossais semblait néanmoins enclin à le remettre en liberté.

"Megrahi pourrait avoir jusqu'à cinq ans à vivre", rapporte le télégramme américain, ajoutant toutefois: "L'espérance moyenne de vie de quelqu'un de cet âge dans son état est de 18 mois à deux ans. Les médecins ne savent pas exactement où il se situe sur cette échelle de temps".

Londres "croit que le (gouvernement) écossais est enclin à donner suite à la demande (de remise en liberté), quand elle sera présentée, sur la base des conversations entre (le dirigeant écossais) Alex Salmond et Jack Straw", rapporte le câble.

Quant au gouvernement écossais, il a "gravement sous-estimé à la fois la réaction (du gouvernement américain) et celle de l'opinion dans le Royaume-Uni", déclare dans un autre télégramme l'ambassadeur américain à Londres, Louis Susman, quelques jours après la libération d'al-Megrahi.

ats/afp/hof

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"Ils auraient pu nous couper les jarrets, tout comme ils l'ont fait aux Suisses"

D'autres télégrammes américains rapportent que l'ambassadeur britannique à Tripoli a "exprimé son soulagement" en apprenant la libération imminente d'al-Megrahi.

"Ils (les Libyens) auraient pu nous couper les jarrets, tout comme ils l'ont fait aux Suisses", aurait déclaré l'ambassadeur britannique, Vincent Fean, en référence à la violente réaction libyenne après l'arrestation à Genève du fils du dirigeant libyen, Hannibal Kadhafi.

Les autres révélations du jour

Yémen "Un important volume d'armes à destination du Hamas transite par la mer Rouge, passant du Yémen au Soudan, un trajet de 24 heures", écrit l'ambassade américaine dans un câble de juillet 2009.

Algérie L'Algérie a donné début 2010 son accord pour des "survols de surveillance" américains "contre des cibles d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahel", selon des mémos américains publiés par Le Monde. "Aucun pays n'est plus important que l'Algérie dans la lutte contre Al-Qaïda", estime l'ambassade américaine mais "dans certains cas, il y aura des limites à la coopération".

Russie "Les dirigeants russes (...) se focalisent sur un horizon à six mois, et sur leurs propres intérêts de business", estime Damien Loras, membre de la "cellule" diplomatique de l'Elysée, en septembre 2009, devant le secrétaire d'Etat adjoint américain Philip Gordon, cité dans un mémo. Et lorsque le secrétaire à la Défense, Robert Gates, déclare, le 8 février 2010, que le gouvernement russe "est une oligarchie dirigée par les services de sécurité", son interlocuteur, Hervé Morin, alors ministre de la Défense, ne le contredit guère, selon un autre télégramme. En Espagne, lors d'une réunion à Madrid du groupe de travail américano-espagnol sur le crime organisé, le procureur Jose "Pepe" Grinda Gonzales "considère la Biélorussie, la Tchétchénie et la Russie comme des quasi Etats mafieux" et dit que "l'Ukraine en deviendra un", relate l'ambassade américaine dans un mémo du 8 février 2010. Il pose la "question non résolue" de "l'étendue de l'implication du Premier ministre, Vladimir Poutine, dans la mafia russe".

Tunisie Dans un câble de juin 2008, sous le titre "Ce qui est à vous est à moi", l'ambassade américaine à Tunis cite plus d'une dizaine d'exemples des abus de l'entourage familial du chef de l'Etat tunisien. A l'été 2009, un autre mémo relève que "le président Ben Ali prend de l'âge", que "son régime est sclérosé", qu'"il n'y a pas de successeur avéré" et que "l'extrémisme reste une menace".

France-Syrie Washington est insatisfait de l'ouverture du président Nicolas Sarkozy envers Damas, selon des câbles repris par Le Monde dont certains expriment la "consternation".

Arabie saoudite Lors d'une réunion en mai 2008 avec un diplomate américain en Irak David Satterfield, le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal a souhaité la création d'une force anti-Hezbollah au Liban, estimant qu'une "réponse sécuritaire" au défi militaire" posé à Beyrouth par les militants soutenus par l'Iran était nécessaire.. "Derrière la façade du conservatisme wahhabite dans la rue, la vie nocturne de la jeune élite de Jeddah est palpitante", indique un mémo américain de novembre 2009, précisant que "la gamme entière des tentations et des vices est disponible - alcool, drogue et sexe - mais strictement derrière des portes closes".