Dans la région parisienne, quasi-paralysée mercredi, la circulation routière s'était fortement améliorée en fin d'après-midi, à l'exception de quelques axes encore perturbés. Les quelque 2500 camions bloqués depuis la veille ont pu reprendre progressivement la route.
La société française des chemins de fer et la société des transports parisiens (métro, bus) RATP ont fait état d'un retour à la normale sur leurs réseaux. Aux aéroports parisiens de Roissy et Orly, où le trafic a été temporairement suspendu mercredi, les autorités aéroportuaires ont également annoncé un "retour progressif à la normale", signalant toutefois "des retards d'une à deux heures en moyenne".
"Naufragés de la route"
Mercredi, des milliers d'automobilistes avaient été piégés par 10 à 15 centimètres de neige, les plus fortes chutes depuis 1987 dans cette région qui compte 11 millions d'habitants et concentre une grande partie de l'activité économique française. La neige avait cessé de tomber en début de soirée, mais le verglas avait ensuite pris le relais, transformant les routes en patinoires et des milliers d'automobilistes se sont retrouvés pris au piège.
Dans le département des Yvelines (sud-ouest de la capitale), le plus touché, l'Etat a dû mobiliser 1250 gendarmes, tandis que 2005 personnes ont été accueillies pendant la nuit dans douze centres d'hébergement. Comme de nombreux salariés surpris sur leur lieu de travail, 3000 employés d'un centre de recherche Renault sont eux restés sur place.
Equipés de bottes de montagne, pantalons chauds et doudounes, les "naufragés de la route" comme la presse les a surnommés, sont venus jeudi matin récupérer leur véhicules abandonnés. Certains racontaient volontiers leur calvaire, estimant avoir été "abandonnés". Maria Alves, 36 ans, a expliqué n'avoir vu "personne" pendant les 14 heures où elle est restée dans sa voiture, ni pour "informer", ni pour "saler" la chaussée. "Cela a été un fiasco total... il serait temps qu'ils investissent dans du matériel", pestait Joël, remonté comme beaucoup d'autres contre le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux.
Autorités mises en cause
Ce dernier avait jugé mercredi après-midi sur une radio que "ce n'était pas la pagaille" alors que la situation s'aggravait déjà. Même colère chez les milliers de routiers qui ont souvent passé la nuit dans leur cabine: "Quand ça commence à tomber, il n'y a pas de saleuse. Ce n'est qu'une fois que c'est bien tombé qu'ils sont passés et c'est toujours comme ça en France", s'étrangle Hassan Moubariz.
Lors d'un déplacement en Russie, le Premier ministre François Fillon a accusé le service public de la météo Météo France de n'avoir "pas prévu cet épisode neigeux, en tout cas pas son intensité", et du coup "les services chargés du déneigement ont été pris au dépourvu", a-t-il dit.
Le ministre de l'Intérieur a lui souligné que la météo s'était dégradée rapidement. "Déjà, il y a des embouteillages en temps normal, alors quand il y a de la neige, c'est bloqué, c'est normal", a renchéri une porte-parole du secrétariat d'Etat aux Transports. Le directeur des routes de la région parisienne, Gérard Sauzet, a récusé toute "impréparation": il a expliqué que les moyens matériels étaient "dimensionnés" "en fonction des situations climatiques". La région ne dispose donc que de 80 sableuses-déneigeuses. Brice Hortefeux a cependant annoncé une "mission d'expertise" sur les méthodes d'action des pays comparables en Europe de l'Ouest, reconnaissant que la France devait "encore progresser", notamment sur les "procédures d'alerte des usagers".
afp/cab