"Depuis plusieurs jours, des membres des services diplomatiques civils et militaires occidentaux à Abidjan essaient de prendre contact discrètement avec des officiers de l'armée nationale", a déclaré à la télévision le ministre de l'Intérieur du gouvernement Gbagbo, Emile Guirieoulou. "L'objectif est de trouver des soldats et des policiers, de les inciter à déclarer leur soutien à Alassane Ouattara (...) et de les embarquer dans un projet de déstabilisation et de fragmentation de la paix et de la cohésion sociale", a-t-il dit.
Le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, a repoussé ces attaques. "Il n'y a pas d'ingérence, il n'y aura pas d'ingérence. Ca ne correspond pas à la vision de la politique de la France sur ce continent", a-t-il déclaré à des journalistes à Bobo Dioulasso, capitale économique du Burkina Faso.
Alassane Ouattara a pour sa part réclamé que son rival concède sa défaite avant toute reprise de dialogue. "Nous n'avons jamais été contre le dialogue mais il faut commencer par la reconnaissance d'Alassane Ouattara comme président", a déclaré Patrick Achi, porte-parole du gouvernement d'Ouattara installé dans l'Hôtel du Golf, protégé par des casques bleus de l'Onu.
L'armée, un enjeu important
Laurent Gbagbo contrôle la télévision publique et l'armée lui a prêté allégeance. L'armée régulière se trouve en effet au centre de l'épreuve de force entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.
Les chefs de l'armée loyaliste - qui ne contrôle que le sud du pays depuis qu'une rébellion, baptisée plus tard Forces nouvelles (FN), a pris le Nord après son coup d'Etat manqué de 2002 contre Laurent Gbagbo - ont rapidement fait allégeance au président sortant dans cette nouvelle crise.
Mais dans son ensemble l'armée est "aussi divisée que les politiciens", souligne un journaliste sous couvert d'anonymat. Conscient de cette "fracture" au sein de la "Grande muette", Alassane Ouattara s'emploie à faire basculer dans son camp certains officiers.
Pour la première fois jeudi, son premier ministre et chef des FN, Guillaume Soro, a appelé l'armée, composée officiellement de 18'000 hommes, à se placer sous l'autorité d'Alassane Ouattara.
afp/ther
Soutien international
Alassane Ouattara a déjà le soutien quasi-unanime de la communauté internationale. Désigné président-élu par la Commission électorale indépendante (CEI) avec plus de 54% des voix, il est reconnu comme le nouveau chef de l'Etat par les Nations unies, l'Union africaine, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, les Etats-Unis ou encore la France.
Le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu qu'il ne travaillerait qu'avec un gouvernement reconnu par les Nations unies. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement vont quant à elles réexaminer leurs programmes de crédit.
De son côté, l'Union africaine a suspendu la Côte d'Ivoire jusqu'à ce que Laurent Gbagbo reconnaisse sa défaite face à Alassane Ouattara.
Le Conseil constitutionnel avait ensuite invalidé l'élection d'Alassane Ouattara et annoncé un résultat totalement opposé donnant la victoire à Gbagbo avec 51% des voix. Ce dernier a depuis prêté serment.