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Côte d'Ivoire: la pression monte sur Laurent Gbagbo

Les habitants d'Abidjan tentaient de reprendre leurs activités au lendemain d'affrontements violents. [Sunday Alamba]
Les habitants d'Abidjan tentaient de reprendre leurs activités au lendemain d'affrontements violents. - [Sunday Alamba]
L'Union européenne, la France et les Etats-Unis sont montés d'un cran dans la pression sur le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo qu'ils somment désormais de quitter très rapidement le pouvoir, au lendemain de violences meurtrières à Abidjan contre les partisans de son rival Alassane Ouattara.

Jeudi de onze à une trentaine de personnes, selon les bilans, ont été tuées et au moins 80 blessées lorsque des partisans d'Alassane Ouattara ont tenté de marcher sur la télévision d'Etat, la RTI.

Vendredi, les dirigeants de l'UE ont exhorté l'armée à "se placer sous l'autorité du président démocratiquement élu, Alassane Ouattara", reconnu par la communauté internationale comme le vainqueur de l'élection controversée du 28 novembre.

La Cédéao (Communauté économique des états d'Afrique de l'ouest) a demandé par écrit au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo de transférer "immédiatement" le pouvoir au "président élu", a annoncé le chef de la diplomatie du Nigeria.

De Paris à Washington

Pour Nicolas Sarkozy, président de l'ex-puissance coloniale française, Laurent Gbagbo doit partir "avant la fin de la semaine", sans quoi il figurera "nommément" sur la liste des personnes visées par des sanctions de l'UE, gel d'avoirs et restrictions de visas.

Déjà jeudi, les Etats-Unis - qui ont autorisé le départ de leur personnel d'ambassade non-essentiel en poste à Abidjan - avaient affirmé que Gbagbo disposait d'un "temps limité" pour céder la place.

Le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, est arrivé vendredi dans la capitale économique ivoirienne pour tenter une nouvelle médiation dans l'espoir d'éviter le pire à la Côte d'Ivoire, déchirée par une quasi-guerre civile en 2002-2003 et coupée en deux depuis lors.

Après un entretien avec le représentant de l'ONU dans le pays Choi Young-jin, il a rencontré Laurent Gbagbo, avant Alassane Ouattara. Il n'a pas fait de déclaration à sa sortie. L'UA avait aussi reconnu la victoire de Ouattara. Mais plutôt qu'une médiation, le Premier ministre kényan Raila Odinga, a suggéré le "recours à la force militaire" pour déloger Gbagbo. Moscou a appelé à éviter les violences.

Partisans de Ouattara inquiets

Vendredi après-midi, dans Abidjan quadrillée par les forces fidèles à Gbagbo, rien ne signalait une nouvelle mobilisation des partisans de Ouattara, malgré l'appel à reprendre la marche sur la télévision d'Etat tentée jeudi. "C'est trop dangereux pour sortir", confiait à l'AFP un militant de Ouattara au QG de ce dernier à Abidjan, le Golf hôtel.

Dans le quartier populaire et pro-Ouattara d'Abobo (nord), très calme alors qu'il avait été le théâtre d'importantes manifestations jeudi, des habitants s'étaient attroupés autour des corps de deux jeunes hommes tués d'une balle dans la tête, étendus sur la route, a constaté un journaliste de l'AFP. Il n'était pas possible dans l'immédiat de savoir dans quelles circonstances ils avaient été tués.

Le quartier d'Adjamé (nord) offrait le même spectacle que celui de Yopougon (sud, fief de Gbagbo): patrouilles des forces de l'ordre partout, activité très réduite. A Treichville (sud), les rues s'animaient peu à peu, même si les commerces restaient fermés.

afp/sbo

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Bain de sang jeudi à Abidjan

Le Premier ministre de Ouattara, le chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) Guillaume Soro, avait appelé jeudi la population à marcher de nouveau sur la RTI, symbole et atout majeur du camp Gbagbo, ainsi que sur le siège du gouvernement.

Mais les locaux de la RTI étaient cernés par un impressionnant déploiement d'au moins une centaine de gendarmes, militaires et policiers, avec un véhicule blindé garé à l'entrée.

Les partisans de Ouattara n'avaient pas réussi à converger vers le grand bâtiment bleu, bloqués par les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à Gbagbo, qui ont dans certains quartiers tiré sur la foule.
Le gouvernement Ouattara n'avait pu sortir du Golf hôtel et vendredi matin, les FDS tenaient toujours le barrage limitant l'accès à l'établissement que les FN n'avaient pas réussi faire sauter jeudi, malgré de violents échanges de tirs.

Dans l'intérieur du pays la tension est également montée. Les ex-rebelles venus du nord s'étaient affrontés jeudi aux FDS à Tiébissou (centre) en tentant, en vain, de descendre sur la capitale politique Yamoussoukro.