Charles Blé Goudé, leader des jeunes partisans de Laurent Gbagbo, qui est avec son rival Alassane Ouattara l'un des deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire, a appelé samedi le peuple "à s'apprêter à livrer" le "combat" pour la "souveraineté" ivoirienne. "Nous allons défendre la dignité et la souveraineté de notre pays jusqu'à la dernière goutte de notre sueur", a déclaré à l'AFP Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes" et ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo.
Selon lui, "c'est un combat contre la communauté internationale et pour la souveraineté de la Côte d'Ivoire". "La récréation est terminée!", a-t-il averti.
Un "anti-français" convaincu
Laurent Gbagbo s'oppose à Alassane Ouattara, reconnu vainqueur du scrutin présidentiel du 28 novembre par la quasi-totalité de la communauté internationale. Un rassemblement des "jeunes patriotes" était prévu samedi après-midi dans le quartier pro-Gbagbo de Yopougon à Abidjan, afin de nous "mettre en ordre de bataille à travers tout le pays", a annoncé Charles Blé Goudé.
"Gbagbo n'est pas le sous-préfet de Sarkozy", le président français, et celui-ci "devra passer sur nos corps pour s'attaquer à Gbagbo", a-t-il prévenu. Charles Blé Goudé, surnommé "général de la rue", avait été le fer de lance de violentes manifestations anti-françaises en 2003 et 2004 à Abidjan. Il est soumis depuis 2006 à des sanctions de l'ONU, gel de ses avoirs et interdiction de voyager.
Mission de l'ONU attaquée
Laurent Gbagbo a lui demandé samedi le départ "immédiat" de la mission de l'ONU dans le pays, l'Onuci, et de la force militaire française Licorne, selon un communiqué de son gouvernement lu à la télévision d'Etat. Le siège de l'Onuci a essuyé des tirs de la part d'"hommes armés vêtus de tenues militaires" dans la nuit de vendredi à samedi à Abidjan.
Selon ce communiqué, "le gouvernement ivoirien considère que l'Onuci a largement failli à sa mission en posant des actes qui ne sont pas conformes à son mandat" d'impartialité, l'accusant d'avoir transporté et fourni des armes pour les ex-rebelles alliés au rival de Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara.
Le gouvernement accuse aussi la radio de l'Onuci, Onuci-FM, de s'être "érigée en relais médiatique" des partisans de Alassane Ouattara, "en diffusant à longueur de journée des émissions appelant à la haine, au non-respect de la décision du Conseil constitutionnel (qui a donné vainqueur Laurent Gbagbo à la présidentielle, ndlr) et à la désobéissance civile".
afp/sbo
ONU-Gbagbo, un divorce consommé
L'opération onusienne Onuci compte quelque 10'000 Casques bleus et la force Licorne de l'ex-puissance coloniale française environ 900 hommes. Elle était arrivée en Côte d'Ivoire en 2004, avec pour objectif d'aider à la réunification et à la pacification du pays divisé depuis 2002 en deux zones, le nord tenu par la rébellion des Forces nouvelles (FN) de Guillaume Soro, le sud par l'armée restée loyale à Laurent Gbagbo.
Les relations entre Laurent Gbagbo et l'ONU se sont dégradées depuis la reconnaissance par les Nations unies de la victoire d'Alassane Ouattara à la présidentielle du 28 novembre, sur la base de chiffres certifiés par le représentant spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire, le Sud-Coréen Choi Young-jin.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé vendredi que le maintien au pouvoir de Laurent Gbagbo conduirait à une "parodie de démocratie", mettant en garde contre toute attaque des troupes des Nations unies présentes sur place.