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Bélarus: les opposants au président réprimés

Rassemblés sur la place du Parlement, des dizaines de milliers de manifestants ont dénoncé "une farce électorale. [REUTERS - Vasily Fedosenko]
Rassemblés sur la place du Parlement, des milliers de manifestants ont dénoncé "une farce électorale. - [REUTERS - Vasily Fedosenko]
Sept des neuf candidats de l'opposition à la présidentielle au Bélarus ont été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi après la dispersion sans ménagement de milliers d'opposants qui manifestaient contre la réélection du président Alexandre Loukachenko. Plus de 600 manifestants ont également été arrêtés.

Six cent trente-neuf personnes étaient détenues lundi soir au Bélarus pour leur participation à la manifestation d'opposition à Minsk dimanche à l'issue de l'élection présidentielle, a déclaré le président Alexandre Loukachenko lors d'une conférence de presse. L'opposition a dénoncé des fraudes massives.

Sept candidats à la présidentielle ont été interpellés après la manifestation. Andreï Sannikov, Vladimir Nekliaev, Nikolaï Statkevitch, Rygor Kastoussev, Vitali Rymachevskiï, Ales Mikhalevitch et Dmitri Ouss sont tous actuellement détenus par les forces de l'ordre.

Près de cinq millions de personnes ont voté en faveur d’Alexandre Loukachenko, soit 79,67% des votants, a indiqué la Commission, après avoir dépouillé la totalité des bulletins, selon l'agence Ria Novosti. D'après la Commission, la participation s'est établie à 90,66%. Environ sept millions d'électeurs étaient appelés à choisir entre dix candidats pour ces élections, un nombre record.

Candidats blessés

Andreï  Sannikov et Vitali  Rymachevskiï -qui ont été blessés durant l'intervention policière- ainsi que Nikolaï Statkevitch et Rygor Kastoussev ont tous les quatre été interpellés après la manifestation, ont déclaré à l'AFP leurs porte-parole respectifs. Vladimir Nekliaev, qui avait été blessé dans des heurts avec la police avant même la fermeture des bureaux de vote, a de son côté été appréhendé alors qu'il se trouvait à l'hôpital, selon les médias locaux.

Seuls les candidats Iaroslav Romantchouk et Viktor Terechtchenko ont échappé à l'interpellation, selon les mêmes sources, après la réélection sans surprise dimanche d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 16 ans et qui briguait un quatrième mandat.

Alexandre Loukachenko fête sa troisième réélection à la tête du Bélarus. [REUTERS - Vasily Fedosenko]
Alexandre Loukachenko fête sa troisième réélection à la tête du Bélarus. [REUTERS - Vasily Fedosenko]

Une journaliste de l'AFP, Maria Antonova, interpellée dans la nuit par la police à Minsk alors qu'elle regagnait son hôtel après la dispersion violente au centre-ville par la police de la manifestation, n'avait toujours pas été remise en liberté lundi en fin de matinée. Plusieurs autres journalistes ont été frappés par les policiers. Plusieurs sites internet liés à l'opposition étaient inaccessibles lundi matin

Manifestation fortement réprimée

Dimanche soir, des centaines de personnes ont été violemment appréhendés à Minsk par les forces de l'ordre lors de cette manifestation. Des centaines de membres des forces de l'ordre casqués, armés de boucliers et de matraques, sont intervenus massivement et à une vitesse foudroyante sur la place de l'Indépendance de Minsk, où se trouvent dans un même bâtiment le gouvernement, le parlement et la commission électorale.

Frappant des manifestants, les interpellant ou les forçant à la fuite, la police a repris vers 21h30 GMT le contrôle de la place, occupée encore une heure plus tôt par des dizaines de milliers de protestataires, selon une estimation de l'AFP. La police est intervenue alors que la foule tentait de prendre d'assaut ce vaste immeuble, en brisant portes et fenêtres.

"C'est ici que le Bélarus a déclaré son indépendance en 1991 et c'est ici que la dictature de Loukachenko va tomber aujourd'hui", avait déclaré Andreï Sannikov, avant les heurts. La police anti-émeutes avait d'abord tenté vers 17h30 GMT de disperser à l'aide de grenades assourdissantes et de matraques un premier groupe de 200 manifestants.

"Un semblant de démocratie"

L'opposition avait appelé dès samedi à un rassemblement dimanche pour dénoncer les fraudes électorales massives orchestrées selon elle par le pouvoir bélarusse. La campagne a électorale a été un peu plus libre que celle de 2006, mais les critiques estiment qu'il ne s'agissait que d'un semblant de démocratie.

Elu en 1994 à la première élection présidentielle du Bélarus indépendant, la seule reconnue démocratique en Occident, Alexandre Loukachenko a été réélu en 2001 et 2006 à l'issue de scrutins entachés d'irrégularités et marqués par la répression des opposants.

afp/os

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L'UE réclame la libération des opposants

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a "condamné" lundi la répression d'une manifestation à la suite de l'élection présidentielle au Bélarus et réclamé la libération "immédiate" des opposants arrêtés par les forces de l'ordre.

Catherine Ashton "condamne le recours à la violence à la suite de l'élection présidentielle au Bélarus, en particulier le fait d'avoir battu et placé en détention plusieurs chefs de l'opposition, y compris un certain nombre de candidats à l'élection présidentielle", a déclaré sa porte-parole, Maja Kocijancik.
"Elle appelle les autorités à libérer immédiatement ceux qui ont été arrêtés", a-t-elle précisé.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a également condamné lundi les arrestations d'opposants à l'issue de l'élection présidentielle la veille au Bélarus. "Il est inacceptable que des candidats de l'opposition et leurs partisans qui veulent user de leur liberté d'opinion soient tourmentés, battus ou arrêtés", a affirmé Guido Westerwelle dans un communiqué.

Le ministre a également rappelé avoir clairement averti le président bélarusse Alexandre Loukachenko de la nécessité de tenir des élections démocratiques, lors d'une visite avec avec son homologue polonais à Minsk début novembre.

De leur côté, les Etats-Unis ont affirmé lundi qu'ils jugeaient que le résultat de l'élection présidentielle au Bélarus n'était pas légitime. Ils ont également dénoncé le "recours excessif à la force" à l'encontre des opposants au Bélarus, dans un communiqué de l'ambassade à Minsk diffusé au lendemain de la répression d'une manifestation de milliers de personnes à l'issue de l'élection présidentielle.

"Les Etats-Unis condamnent fermement la violence lors de l'élection au Bélarus", déclare l'ambassade dans ce communiqué. "Nous sommes particulièrement inquiets du recours excessif à la force par les autorités, notamment concernant plusieurs candidats à la présidentielle battus et interpellés, ainsi que de la violence à l'égard des journalistes et des membres de la société civile", a ajouté la diplomatie américaine.