"Les décisions judiciaires ont été prises à l'encontre de plus de 580 personnes qui ont participé à l'action de l'opposition à Minsk. Dans l'ensemble ce sont des peines allant de 5 à 15 jours de prison", a indiqué un haut responsable de la police, le général Farmagueï. Outre ces peines dites "administratives", les condamnés risquent jusqu'à 15 ans d'emprisonnement si leur participation à des "troubles massifs à l'ordre public" est prouvée, a-t-il ajouté.
Plusieurs personnes ont été relâchées, notamment des citoyens étrangers, parmi lesquels des journalistes, ainsi que des mineurs et des parents d'enfants en bas âge, selon la même source. L'autoritaire président qui dirige depuis 16 ans cette ex-république soviétique, Alexandre Loukachenko, réélu dimanche avec près de 80% des suffrages selon les chiffres officiels, a fait état lundi soir de 639 opposants détenus à l'issue de la manifestation qu'il a qualifiée de "banditisme".
Cette manifestation, qui avait réuni des dizaines de milliers de personnes devant le siège du gouvernement à Minsk, dont les portes ont été brisées, a été violemment réprimée. Mardi, le ministre bélarusse de la Justice, Viktor Golovanov, a menacé d'interdire les partis d'opposition dont l'implication serait prouvée dans les "troubles". Sept des neuf candidats d'opposition à la présidentielle avaient été interpellés dimanche (lire ci-contre).
L'opposition divisée
Sous le coup de cette réaffirmation de la fermeté du régime le plus autoritaire du continent, l'opposition bélarusse est divisée. Ainsi, Iaroslav Romantchouk, un candidat d'opposition qui n'a pas été interpellé dimanche, a accusé les protestataires de "provocation". Des manifestants ont tenté dimanche de forcer l'entrée du bâtiment gouvernemental, un argument utilisé par les autorités pour justifier la dispersion violente de cette manifestation, qui dénonçait des fraudes massives au profit d'Alexandre Loukachenko.
Alexandre Milinkevitch, un leader de l'opposition bélarusse qui avait renoncé à se présenter à la présidentielle faute d'entente sur une candidature unique, s'est lui aussi désolidarisé d'une "provocation" qui, selon lui, va affaiblir l'opposition pro-occidentale. Des dissensions internes sont apparues également au sein du Parti citoyen uni, après l'entrevue lundi entre son candidat, Iaroslav Romantchouk, et Alexandre Loukachenko à Minsk.
afp/mej
Deux candidats d'opposition relâchés
Deux candidats de l'opposition à la présidentielle au Bélarus, arrêtés dimanche après la dispersion sans ménagement de milliers d'opposants qui dénonçaient des fraudes massives, ont été relâchés lundi soir.
Dmitri Ouss et Rygor Kastoussev ont cependant été placés sous contrôle judiciaire et n'ont pas le droit de quitter Minsk, selon leurs porte-paroles. Au total, sept des neuf candidats de l'opposition à la présidentielle - Andreï Sannikov, Vladimir Nekliaev, Nikolaï Statkevitch, Rygor Kastoussev, Vitali Rymachevskiï, Ales Mikhalevitch et Dmitri Ouss -, avaient été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi.
Ils font tous l'objet d'une enquête pour organisation des "troubles massifs à l'ordre public", un crime passible de 15 ans de prison au Bélarus. Vladimir Nekliaev et Ales Mikhalevitch étaient interrogés mardi dans un centre du KGB bélarusse.
Les sept candidats de l'opposition avaient été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi à Minsk, après la dispersion sans ménagement de milliers d'opposants qui dénonçaient des fraudes massives et avaient tenté de forcer l'entrée du siège gouvernemental.