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Le dictateur argentin Videla condamné à vie

Fin novembre, le procureur avait requis la prison à perpétuité contre Jorge Videla, qui avait dirigé en 1976 le coup d'Etat ayant renversé le gouvernement d'Isabel Martinez de Peron. [Natacha Pisarenko]
Fin novembre, le procureur avait requis la prison à perpétuité contre Jorge Videla, qui avait dirigé en 1976 le coup d'Etat ayant renversé le gouvernement d'Isabel Martinez de Peron. - [Natacha Pisarenko]
L'ancien dictateur argentin Jorge Videla (1976-1981) a été condamné à la prison à perpétuité mercredi par un tribunal de Cordoba (centre) pour l'exécution d'opposants et d'autres crimes contre l'humanité, au terme de son premier procès depuis 25 ans.

L'ancien général, âgé de 85 ans, avait déjà été condamné à perpétuité en 1985 lors d'un procès historique de la junte militaire pour les crimes commis sous la dictature (1976-1983). Le régime avait fait 30'000 disparus, selon les organisations de défense des droits de l'homme.

La peine avait toutefois été effacée en 1990 par une grâce de l'ex-président Carlos Menem, qui a à son tour été déclarée anticonstitutionnelle en 2007, une décision confirmée par la Cour suprême en avril. Cette dernière avait également abrogé les lois d'amnistie des crimes de la dictature en 2005.

Depuis, plusieurs procédures ont été engagées contre Jorge Videla, fervent catholique qui faisait figure de modéré avant de prendre la tête du putsch du 24 mars 1976 et de diriger le pays jusqu'en 1981. Ces années ont été les plus dures du régime militaire.

A Cordoba (centre), l'ancien général moustachu est jugé depuis début juillet avec 29 autres personnes. La semaine dernière, le procureur Maximiliano Hairabedian a requis contre l'ancien dictateur une peine de prison à vie. Responsabilités "assumées"

Des preuves suffisantes ont été réunies "pour affirmer que (Jorge Videla) était le plus haut responsable de l'élaboration de ce plan d'élimination des opposants appliqué par la dictature militaire", a estimé le magistrat.

Responsabilités "assumées"

"J'assume pleinement mes responsabilités. Mes subordonnés se sont contentés d'obéir à des ordres", a déclaré l'ancien homme fort du régime militaire mardi dans une allocution d'un peu moins d'une heure prononcée sur un ton posé. Il s'est également défini comme "un prisonnier politique", répétant sa défiance à l'égard d'un tribunal civil qu'il refuse de reconnaître.

Jorge Videla a toujours nié les violations flagrantes des droits de l'homme commises sous la dictature et revendiqué "l'honneur de la victoire dans la guerre contre la subversion marxiste".

Poursuivi pour vols de bébés d'opposants, un crime non couvert par la grâce de 1990, Videla avait déjà été placé en arrêt domiciliaire de 1998 à 2008.  Il avait ensuite été transféré en détention préventive dans l'attente de ses multiples procès fin 2008.

ats/cht

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Autres accusés

Outre Jorge Videla, le principal accusé dans ce procès est le général Luciano Menendez, 83 ans, en tant que chef du 3e corps d'armée. Il a déjà été condamné à la prison à perpétuité à trois reprises dans des procès pour violation des droits de l'homme.

Dans un autre procès, trois ex-militaires ont par ailleurs été condamnés mardi à la prison à perpétuité pour des crimes contre l'humanité commis pendant la dictature dans la base navale de Mal del Plata, à 400 km au sud de Buenos Aires.