Publié

Côte d’Ivoire: Ouattara appelle à la grève générale

Les Ivoiriens craignent une escalade de la violence dans les prochaines heures. [Luc Gnago]
Les Ivoiriens craignent une escalade de la violence dans les prochaines heures. - [Luc Gnago]
Le camp d'Alassane Ouattara, l'un des deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire, a appelé dimanche à la grève générale dès lundi pour obtenir le départ du pouvoir de son rival Laurent Gbagbo, menacé d'être renversé militairement par ses voisins d'Afrique de l'Ouest.

Face à la "tentative de confiscation du pouvoir par Laurent Gbagbo", la coalition de partis soutenant Ouattara, le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) a appelé à "cesser les activités jusqu'au départ du pouvoir de Laurent Gbagbo". Cette demande relaie "un appel à la désobéissance" lancé le 21 décembre par Guillaume Soro, Premier ministre de Ouattara, mais qui avait été peu suivi.

Dans le même temps, l'avion de l'Etat ivoirien utilisé jusqu'alors par Gbagbo, a été bloqué à l'aéroport franco-suisse de Bâle-Mulhouse, à la demande des "autorités légitimes" de Côte d'Ivoire, c'est-à-dire le camp Ouattara, selon le ministère français des Affaires étrangères.

Intervention militaire redoutée

Ces mesures renforcent la pression sur Laurent Gbagbo, qu'un sommet de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réuni vendredi à Abuja, a menacé de renverser par la force s'il ne partait pas de lui-même. Laurent Gbagbo dénonce un "complot" mené par la France et les Etats-Unis pour l'écarter du pouvoir et estime que les menaces africaines d'intervention militaire doivent être prises au sérieux, dans un entretien dimanche au journal français Le Figaro.

Le porte-parole de son gouvernement, Ahoua Don Mello, a dénoncé la décision "inacceptable" de la Cédéao. Il a pris bien soin de rappeler que son pays était "une terre d'immigration" où vivent et travaillent des millions d'Ouest-Africains. Les dirigeants ouest-africains "savent que s'ils attaquent la Côte d'Ivoire de l'extérieur, ça va se transformer en guerre civile à l'intérieur", a averti Don Mello, qui refuse de croire à l'hypothèse de l'intervention militaire.

Dialogue privilégié par les Africains

Une mission de la Cédéao dirigée par les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert), est attendue mardi à Abidjan. Ils présenteront à Gbagbo "le message" de la Cédéao, en privilégiant "une sortie de crise par le dialogue", selon le Bénin.

Ils seront accueillis "en amis, en frères", a affirmé dimanche Emile Guiriéoulou, ministre de l'Intérieur de Gbagbo, en précisant par avance que le président sortant n'avait pas l'intention de céder le pouvoir. Un refus de sa part de laisser la place à Alassane Ouattara, ne pourra que radicaliser les positions de chacun, avec le risque d'une explosion de violences pires encore que celles dénoncées par l'ONU.

Laurent Gbagbo ne peut compter que sur l'Angola comme allié. [Luc Gnago]
Laurent Gbagbo ne peut compter que sur l'Angola comme allié. [Luc Gnago]

Selon l'ONU qui a évoqué le nombre de 173 morts du 16 au 21 décembre, ces violences ont essentiellement pour origine un usage "excessif" de la force par les éléments armés restés loyaux à Gbagbo contre ses opposants ou supposés tels. Les chiffres de l'ONU ont été contestés par Emile Guiriéoulou, selon lequel les violences ont fait depuis fin novembre 53 morts, dont 14 parmi les forces de l'ordre.

Presque seul contre tous, Gbagbo, soumis avec ses proches à des sanctions internationales, peut encore compter à l'extérieur sur le soutien de son fidèle allié angolais, qui a démenti toutefois la présence de soldats en Côte d'Ivoire et dénoncé l'attitude internationale qui va conduire ce pays à la guerre. A l'intérieur, l'un des plus fidèles reste Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes" qui mobilise ses militants en vue d'un immense rassemblement mercredi à Abidjan pour la défense de "la dignité et de la souveraineté" de son pays.

Début d'exode

Les craintes de nouvelles violences poussent de plus en plus d'Ivoiriens à quitter leur pays. 14’000 l'ont déjà fait selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) qui a accusé l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui soutient Ouattara, de les empêcher de partir, ce que les FN ont démenti. Selon le gouvernement Gbagbo, ces Ivoiriens fuient "les exactions" commises dans les zones du nord du pays tenues par les FN.

afp/os

Publié