"Les tentatives de faire pression sur la justice sont inacceptables", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères en commentant les "déclarations qui ont été faites à Washington et dans certaines capitales de l'Union européenne", dans le procès de Mikhaïl Khodorkovski et de son principal associé Platon Lebedev. Ces derniers ont été reconnus coupables du vol de millions de tonnes de pétrole et du blanchiment de 23,5 milliards de dollars.
La Maison Blanche s'est en effet dite "profondément inquiète" lundi du jugement de culpabilité en affirmant qu'une "application sélective" de la justice était de nature à "saper" l'état de droit en Russie. Pour le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, "la façon dont ce procès a été mené est particulièrement préoccupante et constitue un pas en arrière sur la route de la modernisation du pays". "Nous espérons que chacun s'occupera de ses affaires, chez soi et sur la scène internationale", a répliqué le ministère russe des Affaires étrangères.
Un jugement interminable
A Moscou, la justice russe énonce depuis lundi le jugement dans le deuxième procès de Mikhaïl Khodorkovski et de Platon Lebedev. S'ils ont été reconnus coupables, la peine ne sera toutefois connue qu'après l'énoncé des 800 pages du jugement, dont 150 ont été lues lundi. Les deux hommes encourent cette fois 14 ans de camp, requis par l'accusation.
Dans une cabine vitrée dans la salle, les condamnés ne manifestent aucun intérêt à la lecture. Khodorkovski, en pull noir, examine ses dossiers. Lebedev, en survêtement blanc, sourit à son épouse, écrit des notes ou lit un livre. Quant au juge Viktor Danilkine, il continue de lire les preuves de leur culpabilité. Assis, parlant très bas et avalant ses mots, il énumère les épisodes de l'activité économique du groupe pétrolier Ioukos, les numéros des contrats ou les décisions des actionnaires qui ont porté préjudice à l'Etat.
Tribunal sous haute surveillance
Les journalistes et le public contiennent à peine leurs bâillements. Tout le monde garde le silence. Les huissiers de justice ont menacé de faire sortir de la salle "sans avertissements" ceux qui feront du bruit. Enfin pris d'assaut lundi par des journalistes et des sympathisants de Khodorkovski qui ont crié des slogans anti-gouvernementaux, le tribunal moscovite de Khamovniki a pris mardi des mesures. Des barrières métalliques sont installées à 300 mètres de l'entrée et seules les personnes munies d'un laisser-passer ou d'une carte de presse sont admises. Quatre autobus remplis de policiers antiémeute sont postés à côté.
agences/jzim