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Troubles sociaux sans précédent en Tunisie

Tunisie [FETHI BELAID]
Les troubles durent depuis plusieurs semaines. - [FETHI BELAID]
Alors que la Tunisie est touchée par des troubles sociaux depuis plusieurs semaines, le président Zine El Abidine Ben Ali a opéré mercredi un remaniement partiel du gouvernement marqué par le départ du ministre de la Communication et par l'annonce d'un "programme d'urgence" pour l'emploi des diplômés.

Depuis plusieurs semaines, de jeunes diplômés manifestent dans le pays, réclamant du travail et l'arrêt de la corruption. Dans la foulée de ces troubles sociaux, Ben Ali a procédé à un remaniement de son gouvernement. Le ministre de la Communication Oussama Romdhani quitte ses fonctions. Il sera remplacé par Samir Abidi, jusque-là ministre de la Jeunesse et du Sport, dont le poste a été confié à Abdelhamid Slama.

Un peu plus tôt dans la journée, le Parti démocratique progressiste (PDP, opposition légale) avait appelé à la démission des ministres de l'Intérieur et de la Communication. Le PDP les juge responsables de la dégradation de la situation à la suite des troubles sociaux de Sidi Bouzid.

Premiers heurts à Tunis

Les troubles sociaux sont rares en Tunisie, un pays que dirige depuis 23 ans le président Ben Ali et qui coopère étroitement avec les pays occidentaux contre les activistes d'Al-Qaïda. Mais des incidents s'y sont succédé ces dernières semaines. Les heurts de lundi à Tunis faisaient suite à une manifestation survenue vendredi dernier à Bouziane, 240 km au sud de la capitale, où un jeune diplômé sans emploi a été tué par balle lorsque la police a ouvert le feu. Un millier de personnes avaient répondu à l'appel de militants syndicaux.

Des émeutes avaient déjà éclaté dimanche et lundi derniers à Sidi Bouzid après le suicide d'un homme qui protestait contre son statut de chômeur. Les affrontements, qui opposaient des centaines de jeunes à la police, s'étaient étendus à d'autres villes du centre comme Sousse, Sfax et Meknassi.

Lundi à Tunis, la police a dispersé des protestataires à coups de matraque. C'était la première fois depuis longtemps qu'une série de manifestations atteignait la capitale. Le gouvernement a accusé ses opposants d'avoir manipulé ces émeutes pour discréditer le pouvoir.

La Libye voisine ouvre ses frontières

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a décidé mardi d'ouvrir plus largement les portes de son pays aux Tunisiens en quête d'un emploi, rapporte l'agence de presse officielle Jana. "La décision concerne l'entrée des Tunisiens pour des raisons de tourisme, de travail ou n'importe quelle autre raison tant qu'ils sont traités de la même façon que les Libyens", ajoute l'agence.

Des accords sur les migrations de main-d'oeuvre entre la Tunisie et ses voisins à l'économie plus développée pourraient aider à résoudre la crise, estiment des analystes.

ats/cer

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