La rencontre a été "utile", a affirmé, sans plus de précision, le Premier ministre kényan Raila Odinga, après un entretien d'environ deux heures avec Laurent Gbagbo au palais présidentiel.
Envoyé par l'Union africaine, Raila Odinga se trouvait en compagnie des présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert), mandatés par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui exige le retrait de Laurent Gbagbo.
Pour un départ digne
Selon le ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement sierra-léonais, Ibrahim Ben Kargbo, il s'agissait d'offrir au président sortant des conditions pour "faciliter" son départ "afin qu'il puisse quitter ses fonctions dignement".
"Nous allons revenir", a déclaré le président béninois, tandis qu'acquiesçait Laurent Gbagbo, souriant. La Cédéao a déjà menacé Laurent Gbagbo d'une intervention militaire, un "dernier recours" actuellement en préparation, s'il n'acceptait pas de quitter le pouvoir pacifiquement.
Mission quasi impossible
La mission de lundi paraissait quasi impossible, Laurent Gbagbo ayant fermement fait savoir qu'il n'entendait pas quitter le palais présidentiel malgré l'intense pression extérieure. "Nous n'allons pas céder", a-t-il promis dans ses voeux du Nouvel an, fustigeant "une tentative de coup d'Etat menée sous la bannière de la communauté internationale".
Le président en exercice de la Cédéao, le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, qui a dîné dimanche avec Raila Odinga avant de le revoir lundi soir à Abuja, a promis de "nouveaux pas" dès mardi.
Rencontre avec Ouattara
Les médiateurs ont ensuite retrouvé son rival Alassane Ouattara dans son quartier général du Golf hôtel, où il est retranché avec son gouvernement et qui est protégé par 800 Casques bleus. Après cet entretien, Alassane Ouattara a déclaré que pour lui "les discussions sont terminées". Il a appelé son rival Laurent Gbagbo à "quitter le pouvoir".
Alassane Ouattara a été reconnu président par la Cédéao et la communauté internationale à l'issue de l'élection du 28 novembre, qui a plongé le pays dans une crise ayant fait près de 200 morts selon l'ONU.
agences/ther/bri
Impasse
La situation est plus que jamais bloquée, entre ultimatums qui expirent sans conséquence et manifestations reportées. Les partisans de Laurent Gbagbo ont ainsi ajourné dimanche l'assaut "à mains nues" qu'ils entendaient lancer sur le quartier général d'Alassane Ouattara, un hôtel soumis à un blocus routier des forces fidèles au régime et protégé par 800 Casques bleus.
Un échec du dialogue pourrait replonger le pays dans les violences - affrontements interivoiriens, opération ouest-africaine, voire les deux ensemble - avec des conséquences possibles pour les millions de ressortissants ouest-africains de Côte d'Ivoire, restée une puissance économique malgré une décennie de crise politico-militaire.
L'ONU estime que ces violences ont fait 179 morts depuis la mi-décembre tandis que le camp Gbagbo estime ce chiffre à 53 depuis le 28 novembre.
L'ONU fera tout pour accéder aux sites où se trouveraient des charniers en Côte d'Ivoire, a affirmé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.