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Les émeutes en Algérie font leurs premières victimes

Algérie
L'Algérie est en proie à des tensions qui ont provoqué des émeutes ces derniers jours.
Les émeutes sociales qui secouent l'Algérie depuis plusieurs jours ont fait leurs premières victimes dans la nuit. Deux personnes sont mortes, a confirmé le ministre algérien de l'Intérieur samedi. Les heurts ont en outre fait environ 400 blessés en quatre jours, dont 300 policiers.

Une personne a été tuée par balle à Ain Lahdjel, dans la région de M'sila, à 300 km au sud-est d'Alger, a déclaré le ministre à la radio nationale Chaîne III, confirmant une information publiée plus tôt par le quotidien El Khabar. "Il est mort lors d'une tentative d'intrusion dans un commissariat de police", a précisé Ould Kablia.

Une autre personne est décédée à Bou Smaïl, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest d'Alger. "Il a été ramassé dans la rue blessé, le médecin légiste a constaté qu'il est mort suite à des blessures à la tête, mais les causes de la mort ne sont pas encore élucidées". Une source médicale avait auparavant indiqué que cette victime aurait reçu en pleine figure une bombe lacrymogène.

Evoquant les blessés, le ministre a souligné que la police avait reçu l'ordre de contenir les manifestations en évitant tout débordement. "Il y a plus de 300 agents, entre police et gendarmerie, qui ont été blessés", a indiqué le ministre, alors que dans l'autre camp, "il y a moins d'une centaine de blessés".

Des échauffourées dans tout le pays

Vendredi soir, les affrontements entre jeunes manifestants et forces de l'ordre ont repris en Algérie, notamment à Alger et Oran, et se sont étendus dans l'est du pays et en Kabylie, malgré les appels au calme des autorités et de plusieurs imams. Un Conseil interministériel est par ailleurs prévu samedi pour examiner les moyens de juguler la flambée des prix des produits de base, à l'origine depuis une semaine des émeutes dans le pays, avec notamment de violentes manifestations jeudi.

A Alger vendredi après-midi dans le quartier populaire de Belouizdad (Belcourt), des groupes de jeunes ont affronté avec des pierres et des bouteilles en verre des policiers déployés en masse et lourdement armés, selon des correspondants. Les policiers se sont opposés aux manifestants en faisant usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes.

A Annaba, épargnée jusqu'à présent par la contestation qui a touché une dizaine de départements, de violents incidents ont éclaté après la grande prière du vendredi dans le quartier populaire dit "gazomètre", selon un correspondant. Les incidents ont commencé vers 15H00 (14H00 GMT) quand des centaines de jeunes se sont mis à lancer une pluie de pierres contre des policiers déployés depuis la veille, notamment autour des bureaux de la wilaya (département).

Les échauffourées se sont ensuite étendues à la cité voisine des Lauriers-Roses avant que les manifestants ne coupent avec des barricades la principale artère menant vers le Centre hospitalier universitaire de la ville, selon la même source. En fin de journée, les manifestants ont saccagé les sièges de la direction de l'hydraulique et d'un institut de la formation professionnelle avant de dérober leurs équipements.

Le "mal-vivre" des jeunes

A 230 km plus à l'est, des affrontements ont aussi éclaté à Tebessa, ville toute proche (50 km) de la Tunisie, elle-même déchirée par des tensions sociales très vives depuis trois semaines. A Oran, la grande métropole de l'ouest algérien, où plusieurs édifices publics avaient été saccagés mercredi soir, les échauffourées ont repris vendredi après-midi dans le quartier périphérique du Petit-Lac.

A Tizi Ouzou, principale ville de Kabylie (est d'Alger), de violents heurts ont opposé des jeunes du quartier des Genêts et des policiers qui ont fait usage de grenades lacrymogènes, selon des habitants. Les manifestants ont également coupé plusieurs rues de la ville avec des barricades.

A Béjaïa (250 km à l'est d'Alger), les émeutes, qui avaient secoué jeudi la localité d'Akbou, où les manifestants avaient attaqué un tribunal, ont gagné les villes voisines de Tazmalt et Sidi Aïch, selon des résidents.

Depuis plus d'une semaine, de petits groupes de jeunes dénoncent un peu partout dans le pays ce qu'ils appellent leur "mal-vivre", que ce soit faute d'emploi -plus de 20% des jeunes sont chômeurs- ou faute de logements.

agences/cer

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Des blessés en Tunisie

En Tunisie, cinq manifestants et un agent de l'ordre ont été blessés lors d'affrontements vendredi à Saïda, non loin de Sidi Bouzid dans le centre-ouest du pays secoué par des troubles sociaux sur fond de chômage et de précarité, selon plusieurs témoins.

Selon l'un d'eux, des heurts ont opposé depuis la matinée plusieurs centaines de personnes, élèves et habitants, aux forces de l'ordre, ce qui a donné lieu à des échanges de jets de pierres et de bombes lacrymogènes. Les accrochages se sont étendus par la suite à la localité de Saïda, à 20km de Regueb.

Alors que les manifestants mettaient le feu à des pneumatiques et lançaient des projectiles sur un poste de sécurité, les forces de l'ordre ont réagi en ouvrant le feu sur la foule, faisant cinq blessés dont deux ont été grièvement touchés par les balles, l'un à l'épaule et l'autre à la poitrine, a relaté depuis l'hôpital de Regueb un témoin oculaire qui a requis l'anonymat lors d'un entretien téléphonique. Un agent de l'ordre a aussi été blessé, selon cette source. Les autorités ont déclaré ne pas avoir de confirmation de ces événements.