"Nous avons décidé de multiplier les capacités d'emploi et la création de sources de revenus (...) dans tous les secteurs durant les années 2011 et 2012", a-t-il dit dans un discours télévisé, annonçant 300’000 emplois en plus de 50’000 autres promis par le patronat pour les régions.
"Actes terroristes impardonnables"
"Cet effort permettra de résorber, avant la fin de 2012, oui, avant la fin 2012, je m'y engage, tous les diplômés du supérieur dont la durée de chômage aura dépassé les deux ans", a-t-il promis. Ceci, permettra "l'embauche du plus grand nombre de chômeurs, autres que les diplômés du supérieur et parmi les sans-emploi de toutes les catégories et de toutes les régions", a-t-il assuré.
Le président Ben Ali a dans le même temps dénoncé des "actes terroristes impardonnables perpétrés par des voyous cagoulés" dans le centre-ouest du pays, théâtre d'émeutes. Trois localités de cette région - Kasserine, Thala et Regueb - étaient en proie à des violences lundi, signe de la poursuite des émeutes parties à la mi-décembre de Sidi Bouzid (265 km de Tunis), après le suicide d'un vendeur ambulant sans permis, qui s'était fait saisir sa marchandise.
Grèves, manifestations et tentatives de suicide se sont multipliés depuis. Ces émeutes ont fait samedi et dimanche 14 morts selon le gouvernement, et plus de 20 selon des sources de l'opposition. Amnesty international avance un bilan plus lourd et fait état de 23 personnes "tuées par les forces de sécurité" lors des affrontements survenus samedi et dimanche en Tunisie.
Ecoles fermées
Autre signe de persistance des troubles, la fermeture "jusqu'à nouvel ordre" des écoles et universités dans tous le pays, alors que des manifestations ont eu lieu lundi, notamment dans le centre Tunis et sur le campus d'Al Manar, près de la capitale, où des sources universitaires ont fait état d'un étudiant blessé et huit interpellés.
Des milliers de jeunes Tunisiens se sont mobilisés sur Facebook, appelant à des manifestations en masse, le drapeau national entaché de sang apparaissant à la place de leurs photos sur les comptes du réseau social.
Lundi, à Kairouan (centre) des manifestations parties de l'université de Rakkada (10 km) ont dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre dans le centre ville et d'autres étaient signalés dans des localités de cette région également en proie au chômage, ont indiqué des témoins.
Ambassadeur américain convoqué
Le président tunisien a par ailleurs attribué les troubles à des "éléments hostiles à la solde de l'étranger" et "certaines parties qui veulent porter atteinte aux intérêts du pays, ou manipuler notre jeunesse", a-t-il dit, appelant les Tunisiens "à protéger leurs progénitures contre les malfaiteurs".
"Ces parties, qui incitent à la violence et à sortir dans la rue, en propageant des slogans creux de désespoir et en fabriquant, de toute pièce, des informations fallacieuses et erronées, ont exploité, de manière malhonnête, un incident que nous regrettons tous", a-t-il affirmé, en référence au vendeur suicidaire de Sidi Bouzid.
Le département d'Etat a reconnu lundi soir que l'ambassadeur des Etats-Unis à Tunis a été convoqué par le gouvernement tunisien lundi, après les commentaires de Washington sur la crise sociale. A la question de savoir si "une conversation" entre l'ambassadeur Gordon Gray et le gouvernement avait été le fruit d'une "convocation", le porte-parole Philip Crowley a répondu qu'il s'agissait d'une "caractérisation juste".
L'Union européenne critique
L'Union européenne, après les Etats-Unis, a haussé le ton lundi à l'égard de Tunis après la répression violente des mouvements sociaux, conditionnant les négociations sur des relations renforcées avec ce pays à un meilleur respect des droits de l'Homme.
La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a appelé à la "libération immédiate" des manifestants emprisonnés. Rappelant que l'UE discutait actuellement avec la Tunisie d'un renforcement de leur relation bilatérale, sa porte-parole a souligné qu'une telle perspective "requiert des engagements accrus sur tous les sujets, en particulier dans le domaine des droits de l'Homme et des libertés fondamentales".
Depuis mai 2010 en effet, l'Union européenne, déjà liée à la Tunisie par un accord d'association datant de 1995, négocie en vue de lui octroyer un "statut avancé", à l'instar de celui dont bénéficie déjà le Maroc. Tunis le demande depuis novembre 2008. Ce statut permet notamment d'intensifier le dialogue politique et les relations commerciales.
Les négociations en vue d'un statut avancé devaient également aborder la question des flux migratoires. A Paris, la Fédération internationale des ligues de droits de l'homme (FIDH) a réclamé lundi la suspension des négociations sur le "statut avancé", à la suite des violences.
Ancienne puissance coloniale, la France, est elle aussi sortie lundi de son silence en déplorant les violences. Un porte-parole du Quai d'Orsay a appelé "à l'apaisement".
afp/bkel
Retour au calme en Algérie
Les services publics ont rouvert lundi en Algérie où le gouvernement a ordonné une baisse des prix sur les aliments de base dont la flambée a provoqué plusieurs jours d'émeutes violentes, sans qu'elles ne soient répercutées pour le moment par les petits commerçants.
Les commerces ont également ouvert leurs portes dans l'ensemble du pays lundi tous comme les écoles, bien que certaines d'entre elles ont subi d'importants dégâts, selon plusieurs témoignages, après ces incidents qui ont fait cinq morts, 800 blessés et conduit à plus d'un millier d'arrestations.
Le ministre de l'Intérieur Dahou Ould Kablia a déclaré dimanche à l'AFP que "la page était tournée", en dépit de la persistance de quelques incidents épars dans le pays. Après cinq jours d'émeutes, les autorités ont "commencé à réparer ce qui est réparable, en priorité les écoles et tous les établissements publics", a déclaré dimanche le ministre de l'Intérieur, jugeant que les dégâts provoqués par les manifestants sont "immenses".
Selon la presse lundi, quelque 70 institutions scolaires ont été endommagées. Toutefois, la reprise "normale" des cours a pu se faire dès dimanche, selon une source du ministère de l'Education citée par El Watan. De nombreux bâtiments officiels ont été saccagés, sinon incendiés mais le bilan de ces destructions n'est pas encore connu, tandis que de nombreux commerces ont été pillés.
Dans la foulée d'un conseil interministériel qui s'est engagé sur une baisse des prix, le ministre du Commerce Mustapha Benbada s'est réuni d'urgence dimanche avec les opérateurs économiques pour leur demander de réaliser au plus vite cette promesse. Leurs discussions ont notamment débouché sur la fixation officielle des prix de deux produits phare: le sucre et l'huile.
Le prix du kilo de sucre est dorénavant fixé à 90 dinars (environ 1,15 francs), alors qu'il avait atteint au 1er janvier 120 à 140 DA, et le bidon de cinq litres d'huile à 600 DA (7,5 francs) contre 900 à 1000 en pleine flambée des prix. Mais il faudra encore du temps avant que ces baisses ne se répercutent chez les détaillants qui affichaient lundi les mêmes prix élevés sur l'huile et le sucre, selon une rapide enquête de l'AFP.